« Seulement 27% des enfants dépistés au VIH et suivis, ont une charge virale négative en Afrique de l’Ouest et du Centre », a déclaré Dr Gérès Ahgnon (directeur exécutif de l’ong EVA, Enfants VIH en Afrique), lors du 4ème Forum des médias sur le VIH en Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC).
Ce dernier a appelé les médias à s’investir dans la lutte contre la stigmatisation et à sensibiliser les communautés, car les statistiques liées au VIH pédiatrique tendent à ternir les résultats reluisants obtenus au niveau de la lutte contre le VIH en général.
« Dans la plupart de nos pays, les femmes enceintes sont suivies et dépistées. Mais comment se fait-il qu’une femme suivie, accouche d’un enfant qui a le virus, sans qu’on le sache ? », s’est-il questionné, fustigeant la stigmatisation qui oblige souvent certaines femmes enceintes à se cacher, ce qui conduit au fait que des bébés échappent au dépistage.
Mais les médias peuvent nous aider…
« Les médias ont un pouvoir et ils doivent jouer leur rôle dans la lutte contre le VIH. Les ministres ne savent pas ce qui se passe dans tous les centres de santé. Mais les médias peuvent jouer le rôle de veille : remonter les informations, permettra de corriger les imperfections. Les médias peuvent nous aider sur le changement de comportement qui est un élément capital pour réussir cette lutte », a longuement expliqué Dr Ahognon.
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Au cours de sa communication sur le VIH pédiatrique, ce dernier a incriminé la discrimination, qui pour lui, constitue le grand poids de lutte contre le VIH et réaffirmé sa confiance aux journalistes : « je pense que vous êtes bien documentés et que vos capacités sont bien renforcées pour jouer ce rôle-là, de veille et d’accompagnement. Vous pouvez même aider la science à se perfectionner…, et moi je veux compter sur vous », a déclaré le médecin.
« La stigmatisation va faire que la femme enceinte dépistée n’aura pas le courage de faire dépister son enfant. Si la femme est stigmatisée, elle ne va pas vouloir que son enfant soit dépisté. Si elle est stigmatisée, son mari et tout le monde la rejette, et cela aura des répercussions sur sa grossesse et sur son enfant », a expliqué Dr Gérès Ahognon.
Le VIH existe toujours, la maladie n’est pas oubliée, a-t-il appuyé.
Cette année, le monde s’est mis d’accord sur un plan audacieux qui, si les dirigeantes et dirigeants le respectent, mènera à l’éradication du sida d’ici à 2030.
« Il y a beaucoup de résultats reluisants qui sont obtenus. Malheureusement, le volet pédiatrique est le volet qui tend à ternir les résultats reluisants obtenus au niveau de la lutte contre le VIH en général ».
Notons que le VIH pédiatrique est l’infection par le virus chez le nourrisson et l’enfant, et selon le directeur exécutif de EVA, seuls 27% des enfants sous traitement ont une charge indétectable en Afrique de l’Ouest et du Centre.
« Quand vous prenez le volet pédiatrique, c’est là où il y a plus de problèmes. L’objectif c’est 95%, mais vous avez à peine 35% d’enfants diagnostiqués sur l’Afrique de l’ouest et du centre, vous avez 35% mis sous traitement et seulement 27% dont la charge virale est indétectable, ce qui met en cause tout ce qu’on a au niveau des adultes. Ces résultats mettent en cause toute la lutte globalement prise. Et notre région d’Afrique de l’Ouest et du centre est la région la plus en retard dans la lutte contre le VIH pédiatrique », a expliqué Dr Ahognon.
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Mais pourquoi ce problème ?
Selon le directeur exécutif de EVA, le problème se situe à deux niveaux : « Le premier niveau, c’est l’identification et le dépistage des enfants. Et le deuxième niveau concerne le suivi des enfants. Donc il faut déjà détecter l’enfant et il faut pouvoir le mettre sous traitement. Un enfant non identifié non dépisté, ça veut dire qu’en amont, on a raté de trouver la maman qui portait la maladie et qui l’a transmise. On parle de prévention de la transmission de la mère à l’enfant », a-t-il expliqué.
La stigmatisation et la discrimination demeurent des noeuds qui impactent négativement les avancées de la lutte contre ce virus, points sur lesquels il appelle les médias à travailler pour renforcer la lutte contre le VIH. FIN
Ambroisine MEMEDE