Le terrorisme afflige le Sahel et s’étend peu à peu vers la côte ouest-africaine, dont le Togo qui fait déjà des expériences douloureuses au Nord.
A cet effet, il urge de prendre un certain nombre de mesures pour la protection des populations, surtout celles qui résident dans la partie septentrionale, une zone plus exposée au danger.
Face au phénomène, les pouvoirs publics comptent consacrer plusieurs milliards à la défense au cours des trois années à venir. Une stratégie nationale de lutte contre l’extrémisme violent a été aussi adoptée pour une meilleure coordination des actions.
Ce sont au total plus de 430 milliards de francs CFA qui seront investis dans la défense d’ici 2025. 183,4 milliards seront injectés dès 2023 ; 107,6 milliards ensuite en 2024, et 138,5 milliards en 2025.
Depuis décembre 2020, le gouvernement a fait adopter par le Parlement une loi de programmation militaire pour la première fois. Elle prévoit la modernisation et le renforcement de l’armée togolaise. Ainsi, sur le quinquennat 2021-2025, 722 milliards de francs CFA seront consacrés à la défense, dont 3 67 milliards pour le fonctionnement et 354 milliards pour les investissements.
Déjà en 2021, 104 milliards ont été dépensés sur les 129 milliards prévus. Pour l’année 2022, ce sont 99 milliards de francs CFA qui sont annoncés dans la loi de finances. Ces dépenses colossales feront augmenter les effectifs qui étaient de 17 773 hommes en fin 2020 à 22 020.
Le processus est déjà enclenché. En mars 2022, 897 jeunes militaires ont été enrôlés dans les Forces armées.
Les dépenses permettront d’acquérir une quinzaine de chars de combat légers, une vingtaine de véhicules blindés de transport des troupes, 127 véhicules tactiques légers, 07 porte-engins, 04 véhicules légers de commandement, 19 véhicules légers de reconnaissance et de liaison, 20 embarquements motorisés et 59 véhicules de transport logistique.
Il faut également signaler la création, en mai 2019, du Comité Interministériel de Prévention et de Lutte contre l’Extrémisme Violent (CIPLEV) et l’instauration du programme d’urgence de développement dans la Région des Savanes. Ce dernier, d’un montant de 16 milliards de francs CFA, vise à améliorer l’accès aux infrastructures de base et aux filets sociaux.
Renforcer la résilience face aux défis sécuritaires
Une mesure récente est la création de la cellule d’analyse de risques, en début du mois de juillet 2022, dont la mission est de rassembler et d’analyser les informations sur les menaces terroristes d’autres pays, afin d’anticiper.
Cette cellule mise en place pour 2,5 milliards de francs CFA, est un outil qui lutte contre la criminalité organisée, les trafics illicites transfrontaliers et le terrorisme en promouvant la coopération policière et judiciaire.
Dorénavant, d’autres pays vont fournir au Togo des informations sur les menaces terroristes qui seront reçues et traitées par la cellule. Ce sera l’occasion de mieux anticiper la prise de décision visant à enrayer ou minimiser le danger. En d’autres termes, connaître la nature exacte des menaces pour engager des réponses adaptées.
Il a été également élaboré une nouvelle stratégie opportune pour le renforcement de la résilience face à ces défis sécuritaires. La stratégie en question est présentée sous forme de guide et va servir de boussole au CIPLEV, pour une meilleure anticipation des menaces sécuritaires sur toute l’étendue du territoire.
La psychose permanente créée au sein de la population par l’extrémisme violent avait déjà poussé le Togo, en mars 2022, à organiser un colloque sur les transitions politiques et l’extrémisme violent en Afrique.
Les travaux ont permis aux parties prenantes d’analyser les enjeux sécuritaires et de réfléchir sur les stratégies et moyens à adopter pour le renforcement et la consolidation des actions pouvant aider à contenir les menaces terroristes.
Faustin LAGBAI (Togo Presse)