Ouverts lundi, les travaux de la 72ème session annuelle du comité régional de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique se sont achevés ce vendredi à Lomé, a constaté l’Agence Savoir News.
Cette rencontre a rassemblé 400 délégués en présentiel et 300 délégués à distance, issus des 47 pays membres que compte le Comité régional de l’OMS pour l’Afrique.
Les assises de Lomé ont permis d’engager des discussions et de finaliser les travaux du comité régional de l’OMS pour l’Afrique sur la stratégie sanitaire à adopter, notamment en matière de lutte contre les maladies non transmissibles graves, ainsi que sur l’élimination et l’éradication des maladies tropicales et à vecteur sur le continent africain.
Était également au menu des discussions, le renforcement de la mise en œuvre du plan d’action global pour la santé mentale et la protection contre les risques financiers associés, avec l’objectif de mettre en place une couverture sanitaire universelle et de poser les bases d’un cadre régional dédié.
PEN-PLUS, la stratégie régionale face à la Covid-19
Conscients des effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19 sur des systèmes de santé fragiles, les Ministres de la santé ont adopté une nouvelle stratégie régionale, baptisée PEN-PLUS, qui consiste à lutter efficacement contre les maladies non transmissibles graves dans les centres de référence de santé primaire.
En adoptant cette stratégie, les États-membres ont convenu d’atteindre, d’ici à 2030, 12 objectifs qui renforceront leurs capacités à prévenir, à se préparer, à détecter et à répondre aux urgences sanitaires.
Ainsi, 80 % des États membres doivent disposer d’un financement prévisible et durable de la sécurité sanitaire, 90 % doivent mobiliser une réponse efficace aux urgences de santé publique dans les 24 heures suivant leur détection et tous les pays doivent disposer de 80 % de districts sanitaires dotés de programmes fonctionnels de prestation de services et de programme d’amélioration de la qualité.
Toujours durant cette session, campagne de sensibilisation et de lutte contre la drépanocytose. Selon l’OMS, un millier d’enfants naissent chaque jour en Afrique avec la drépanocytose, ce qui en fait la maladie génétique la plus répandue sur le continent. La drépanocytose est également à l’origine de 8.403 décès enregistrés en 2019, soit une augmentation de 26% depuis 2000.
La chasse aux médicaments falsifiés de qualité inférieure
Les délégués à la rencontre de Lomé, ont aussi planché sur le phénomène des médicaments falsifiés de qualité inférieure (MFQI), en partenariat avec la Fondation Brazzaville. Actuellement, seuls 10% à 30% des médicaments prescrits et utilisés sur le continent africain sont fabriqués localement (McKinsey, 2020).
Trouver les moyens de lutter efficacement contre cette menace pour la santé publique, améliorer substantiellement l’accès des patients à des médicaments et à des soins de santé de qualité représentent autant d’enjeux sur lesquels ont échangé les parties prenantes durant l’événement parallèle : « Lutter contre les médicaments qui tuent en Afrique : une approche collaborative et intégrée », organisé par le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique de la République togolaise, appuyé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Fondation Brazzaville, afin d’inviter les ministres membres de l’IDL à optimiser la coordination de la lutte contre les MFQI au niveau du continent et à faire des recommandations dans ce sens.
Ce volet s’inscrit d’autant plus dans le prolongement de l’Initiative de Lomé lancée en janvier 2020, au cours duquel six chefs d’État et de gouvernement africains (Congo, Ghana, Niger, Ouganda, Sénégal et Togo) ont signé une déclaration politique s’engageant à lutter contre le trafic de MFQI.
Le Togo honoré
Le Togo a éliminé quatre maladies tropicales négligées : la dracunculose (ou maladie du ver de Guinée), la filariose lymphatique, la trypanosomiase humaine africaine (THA) ou maladie du sommeil et le trachome.Une distinction de l’OMS et de l’Alliance mondiale a été remise au Togo, honorant ainsi le pays.
Il est essentiel « d’agir pour garantir l’accès à des soins de qualité pour tous partout et en tout temps. Agir encore pour offrir une protection sociale et une couverture universelle à nos concitoyens. Agir enfin pour éradiquer le phénomène des médicaments contrefaits et de mauvaise qualité », a martelé le président togolais Faure Gnassingbé à l’ouverture des travaux.
Il a également souligné que « la santé est une priorité de cohésion sociale que le gouvernement togolais a placé au cœur de sa politique de développement. L’une des ambitions de la feuille de route du gouvernement à l’horizon 2025 est en effet d’offrir une identité et garantir la couverture santé et l’accès aux services sociaux de base à tous ».
Le chef de l’Etat togolais a par ailleurs exhorté l’ensemble des pays africains à se joindre à l’initiative de Lomé.
De son côté, Tedros Adhanom Gebreyesus (Directeur général de l’OMS), s’est félicité des avancées réalisées durant cette session : « L’OMS travaille sur le terrain, et par l’intermédiaire de notre siège et de nos bureaux nationaux et régionaux, pour intervenir afin de prévenir, détecter et contrôler les épidémies, de traiter la malnutrition et de fournir des services de santé et des médicaments essentiels (…) ».
« Nous avons fait des progrès significatifs, mais nous avons encore beaucoup à faire. Je vous assure de mon engagement personnel total sur cette question », a-t-il rassuré.
Richard Amalvy (Directeur général de la Fondation Brazzaville) a, pour sa part, salué la pleine mobilisation des parties prenantes : « La Fondation est fière de se tenir aux côtés de la République Togolaise et l’Organisation Mondiale de la Santé depuis deux ans. Les engagements pris lors de l’Initiative de Lomé, ont permis de réunir les six pays signataires dans une lutte de chaque instant au service des habitants du continent Africains ».
« Fidèle à la vision du Président de la République Togolaise, Faure Gnassingbé, nous lançons un appel aux autres pays de l’Union Africaine à nous rejoindre pour ensemble éliminer ce fléau », a-t-il lancé.
En janvier 2020, sept pays africains (Togo, Congo-Brazzaville, Ouganda, Niger, Sénégal, Ghana, Gambie) se sont engagés, à criminaliser le trafic des faux médicaments, en introduisant « des lois et sanctions pénales » dans leurs juridictions, dans le cadre de l’Initiative de Lomé.
La rencontre tenue à Lomé avait pour objectif d’inciter d’autres États à apporter une « réponse collective à cette crise panafricaine ». FIN
Junior AUREL