Les ministres africains de la santé ont lancé mardi à Lomé, une campagne visant à « intensifier la sensibilisation, renforcer la prévention et les soins afin de réduire le nombre de cas de drépanocytose » en Afrique.
Cette campagne a été lancée à l’occasion d’un événement parallèle sur le renforcement du plaidoyer en faveur de la drépanocytose lors de la 72ème session du Comité régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique, rencontre phare de la Région en matière de santé et qui se tient dans la capitale togolaise.
Il s’agit concrètement de renforcer la volonté et l’engagement politiques ainsi que les ressources financières pour la prévention et le contrôle de la drépanocytose dans toute la Région.
Elle vise également à mener des actions de sensibilisation à l’endroit du public, dans les écoles, les communautés, les établissements de santé et dans les médias, et plaider en faveur du renforcement des systèmes de santé pour garantir la qualité et la continuité des services, ainsi qu’un accès équitable aux médicaments et aux outils innovants.
38.403 décès enregistrés en 2019
La drépanocytose est une maladie sanguine héréditaire qui raccourcit la survie des globules rouges et provoque une anémie – souvent appelée anémie falciforme. Le faible taux d’oxygène dans le sang et le blocage des vaisseaux sanguins chez les personnes atteintes de drépanocytose peuvent provoquer des douleurs extrêmes dans le dos, la poitrine, les mains et les pieds, ainsi que de graves infections bactériennes.
« Plus de 66% des 120 millions de personnes touchées par la drépanocytose dans le monde vivent en Afrique. Chaque jour, un millier d’enfants y naissent avec cette maladie, ce qui en fait la maladie génétique la plus répandue dans la Région. Plus de la moitié de ces enfants mourront avant l’âge de cinq ans, généralement des suites d’infection ou d’anémie grave », souligne le communiqué ayant sanctionné le lancement.
Les statistiques de l’OMS révèlent que 38.403 décès dus à la drépanocytose ont été enregistrés en 2019 en région africaine, soit une augmentation de 26 % par rapport à l’année 2000.
Outre son impact sur la santé publique, la drépanocytose impacte négativement les finances des personnes atteintes et leurs familles. Elle peut aussi perturber l’éducation, l’emploi, le bien-être et le développement mental et social des patients.
Selon Dr. Matshidiso Moeti (Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique), nous devons « mettre en lumière cette maladie et contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes ».
« La plupart des pays africains ne disposent pas de ressources nécessaires pour fournir des soins complets aux personnes atteintes de la drépanocytose, malgré la disponibilité d’interventions avec un bon rapport coût/efficacité pour la prévention, le diagnostic précoce et la prise en charge de cette maladie », a-t-elle expliqué.
Notons que la plupart des enquêtes nationales sur la population ne prévoient pas de collecte de données sur la drépanocytose. D’autres lacunes ont un impact négatif sur la priorisation et l’allocation des ressources pour la maladie : absence de programmes de dépistage et de surveillance des nouveau-nés, absence de données fiables, etc.
Pour Dr Moeti, il faut s’investir davantage et renforcer la collaboration et les partenariats pour lutter contre l’augmentation des cas de drépanocytose en Afrique : « Nous ne pouvons plus ignorer le lourd fardeau que représente la drépanocytose ».
« Nous devons faire plus, pour améliorer l’accès au traitement et aux soins, y compris le soutien psychologique et le dépistage néonatal. Pour cela, nous devons nous assurer que les programmes sont décentralisés et intégrés aux services fournis aux communautés, ainsi qu’au niveau des soins de santé primaires ».
Soulignons que la nouvelle campagne bénéficie du soutien de partenaires tels que la Banque mondiale, le département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis, la Fondation Novartis, Global Blood Therapeutics et Sickle in Africa. FIN
Ambroisine MEMEDE