Ambassadeur Gurjit Singh
Dans un monde en voie de globalisation, on s’oriente de plus en plus vers le partenariat de développement. Aujourd’hui, alors que la mondialisation est menacée par la pandémie et une nouvelle guerre en Europe, les programmes de partenariat pour le développement sont de plus en plus nécessaires.
L’approche de l’Inde en matière de partenariat pour le développement était ancrée dans l’expérience du mouvement pour la liberté de l’Inde. Elle était solidaire d’autres pays en développement qui secouaient également le joug du colonialisme et, par la suite, du sous-développement. Malgré des contraintes initiales en matière de ressources, l’Inde, immédiatement après son indépendance en 1947, a commencé à partager son expérience en matière de développement et son expertise technique avec d’autres pays. Cela a commencé par des bourses d’études et des programmes de renforcement des capacités, puis s’est étendu au renforcement des institutions.
L’approche de l’Inde en matière de partenariat pour le développement est axée sur le développement des ressources humaines ; elle respecte les partenariats, prévoit la diversité, se tourne vers l’avenir et place le développement durable au centre de ses préoccupations. La coopération au développement de l’Inde est généralement inconditionnelle. Dans une enquête menée auprès d’interlocuteurs africains, 60 % d’entre eux ont déclaré qu’ils considéraient le développement des ressources humaines, le renforcement des capacités, la formation et les bourses d’études comme un élément précieux du partenariat indien, juste après l’IDE indien.
L’approche fondamentale de l’Inde consiste à coopérer avec les partenaires de développement sur un pied d’égalité et en fonction de leurs priorités de développement. Dans son discours historique devant le Parlement ougandais en juillet 2018, le Premier ministre Modi a déclaré : « Notre partenariat de développement sera guidé par vos priorités. Il se fera dans des conditions qui seront confortables pour vous, qui libéreront votre potentiel et ne contraindront pas votre avenir. Nous renforcerons autant de capacités locales et créerons autant d’opportunités locales que possible’.
Le modèle de coopération au développement de l’Inde est organisé de manière à être réactif aux demandes des pays partenaires et à fournir des solutions techniquement et financièrement réalisables. Les principaux instruments du partenariat de développement de l’Inde comprennent des lignes de crédit, des subventions, des petits projets de développement, des conseils techniques, des secours en cas de catastrophe et une aide humanitaire, ainsi que des programmes de renforcement des capacités dans le cadre du programme de Coopération Technique et Économique de l’Inde (ITEC). Dans une enquête récente menée en Afrique, l’ITEC a obtenu le meilleur souvenir parmi les divers efforts de développement.
L’établissement du programme ITEC en 1964 est né du fait que l’Inde a compris que les pays nouvellement indépendants et émergents devaient relever des défis pour leur développement. Il était possible de combler ces lacunes. L’ITEC a donc apporté l’expérience de développement de l’Inde et ses réalisations croissantes pour les partager avec d’autres pays en développement.
Le programme ITEC comporte 6 qualités fondamentales. Il s’agit de :
- Formation en Inde pour des cours réguliers dans plusieurs domaines des cours ITEC
- Fournir des services de conseil et réaliser des études de faisabilité pour les projets proposés dans les pays partenaires.
- Mettre en place des projets subventionnés dans les pays partenaires dans des domaines convenus d’un commun accord.
- Envoi d’experts dans les pays partenaires
- Voyages d’étude et de partage d’expériences par des décideurs des pays partenaires
- Provision pour les secours en cas de catastrophe et l’aide humanitaire
Le partenariat indien soutient directement les priorités nationales de développement. L’Inde contribue également à des fonds multilatéraux pour des réalisations similaires, comme le fonds IBSA ou le fonds de partenariat pour le développement Inde-Nations unies. Lorsque des prêts sont accordés ou que des institutions sont créées, l’accent est désormais mis sur les plans d’affaires afin de rendre ces projets financièrement viables.
L’essentiel est qu’ils soutiennent les priorités de développement, qui, au niveau international, incluent aujourd’hui les objectifs de développement durable. La coopération au développement apporte une valeur ajoutée aux processus de développement de ses partenaires. Les projets émanant du partenariat peuvent jouer un rôle important en fournissant des incitations pour des activités rentables, qui peuvent avoir un impact sur le développement. Le mouvement indien d’investissement d’impact pour la mise en œuvre des ODD par l’investissement en est un exemple.
Le partenariat de développement que suit l’Inde crée de nouvelles opportunités pour les autres pays en développement en utilisant sa propre expérience et les capacités de ses secteurs public et privé. Ainsi, il tente de surmonter les obstacles structurels qui limitent l’absorption par d’autres pays et crée des modèles facilement extensibles et transférables.
Ce critère est de plus en plus important. Le modèle indien de partenariat de développement coopératif cherche à fournir la propriété des actifs et des capacités qui sont construits grâce au partenariat avec l’Inde du pays hôte. Il vise à compléter les ressources et les capacités tout en respectant la souveraineté des partenaires et leurs propres plans de développement. Le modèle de partenariat indien a ainsi gagné le respect des pays en développement et des partenaires internationaux.
Les efforts de l’Inde sont également rentables et dépensent moins en honoraires élevés pour les consultants et se concentrent davantage sur l’exécution. La création d’un nouveau fonds de développement trilatéral en Inde permettra de canaliser progressivement divers fonds pour soutenir le modèle indien de coopération dans les pays en développement.
Au Népal, l’Inde a construit des autoroutes, électrifié des villages, fourni des projets d’eau potable et augmenté le potentiel énergétique du pays. Dans le cadre de la récente crise au Sri Lanka, l’Inde a fourni un soutien d’environ 3,8 milliards de dollars pour une assistance immédiate afin d’atténuer les problèmes rencontrés par la population du Sri Lanka en matière de carburant, de nourriture et de médicaments.
En Afrique, le projet de réseau électronique panafricain était le plus important. Il couvrait 47 pays afin de leur fournir des services de télémédecine et de télé-enseignement entre 2009 et 2019. Il est maintenant passé à la phase numérique suivante. Il existe d’autres exemples de réussite, comme le Centre for IT Excellence au Ghana et le Centre de formation au développement de l’entrepreneuriat au Sénégal. Les sommets du Forum Inde-Afrique ont fourni un nouveau paradigme pour le partenariat de développement de l’Inde, augmentant le financement de plusieurs milliards de dollars.
Dans les pays de l’ANASE (Association des Nations de l’Asie du Sud-Est, l’Inde) a contribué à plusieurs projets dans le cadre de l’initiative de l’ANASE pour l’intégration de l’ANASE et a également soutenu des projets au Cambodge, au Myanmar, au Laos et au Vietnam qui ont contribué à réduire l’écart de développement. L’Inde a entrepris des projets dans le cadre du Forum Inde-Asie centrale et du Forum pour la coopération entre l’Inde et les îles du Pacifique.
Au fur et à mesure que l’économie indienne se développait, l’Inde a ouvert davantage ses installations et a encouragé son secteur privé à se rendre en Afrique et dans d’autres pays avec un plus grand soutien de prêts concessionnels et un soutien aux investissements du secteur privé. Ce sont ces approches qui sont maintenant affinées dans le cadre de l’Initiative de développement de l’Inde pour en faire un nouvel ensemble qui s’adaptera à la situation actuelle et apportera un soutien durable aux partenaires de développement de l’Inde.
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[L’ambassadeur Gurjit Singh est un diplomate indien à la retraite qui a été ambassadeur de l’Inde en Allemagne, en Indonésie, dans l’ANASE, en Éthiopie et dans l’Union africaine.]