L’hépatite est une « tueuse silencieuse » qui cause environ 125000 décès en Afrique tous les ans, malgré la disponibilité des traitements, a déclaré Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique à l’occasion de la Journée mondiale de l’hépatite célébrée chaque 28 juillet.
Le thème de cette année est : « Mettre le traitement de l’hépatite à votre portée » et vise à souligner la nécessité de rapprocher les services de prise en charge de l’hépatite des établissements de soins de santé primaires et, partant, des communautés qui en ont besoin, afin d’améliorer l’accès aux traitements et aux soins.
« Plus de 90 millions de personnes vivent avec une hépatite en Afrique. Malheureusement, du fait de l’absence de symptômes, la maladie est généralement détectée lorsqu’il est trop tard pour envisager un traitement, et elle entraîne des décès pourtant évitables », a-t-elle souligné.
« Cette Journée mondiale contre l’hépatite m’offre l’occasion d’exhorter les gouvernements africains à décentraliser la prise en charge jusqu’au niveau des soins de santé primaires, pour faire en sorte que tout le monde en bénéficie quel que soit le lieu de résidence, et à inscrire le financement au rang des priorités, afin d’en finir avec cette menace sanitaire évitable » a-t-elle précisé.
« J’invite aussi nos pays à renforcer les capacités des systèmes de santé pour qu’ils puissent procéder au dépistage du virus de l’hépatite dans les produits sanguins, et pour qu’ils veillent à l’utilisation et à l’élimination en toute sécurité des seringues à usage unique. Ces produits sont les principales voies de transmission de l’hépatite », a ajouté Dre Matshidiso Moeti.
Elle a encouragé les populations du continent à « recourir au dépistage et au traitement de l’hépatite« , car « nous avons une responsabilité collective à l’égard de l’objectif visant à éliminer cette maladie d’ici à 2030 ».
Les hépatites virales regroupent plusieurs maladies infectieuses universelles qui ont en commun une inflammation des cellules du foie liée à des virus : virus de l’hépatite A (VHA), de l’hépatite B (VHB), de l’hépatite C (VHC), de l’hépatite Delta (VHD) toujours associé au VHB, de l’hépatite E (VHE).
Quelques chiffres de l’OMS sur les hépatites en 2021
L’OMS dans la Région africaine saisit l’occasion de cette journée pour lancer le tableau de bord 2021 de l’hépatite, dont les tests sanguins révèlent une forte prévalence de l’hépatite B chez plus de 8 % de la population totale de 19 pays. En ce qui concerne l’hépatite C, la prévalence est supérieure à 1 % dans 18 pays.
La transmission de l’hépatite B de la mère à l’enfant demeure élevée dans la Région, avec une prévalence de 2,5 % chez les enfants âgés de moins de cinq ans. Seuls 14 États membres de la région africaine ont réussi à réduire ce taux à 1 %, un objectif que les autres Régions de l’OMS ont déjà atteint.
Selon le Rapport mondial sur l’hépatite 2021, seulement 2 % des personnes vivant avec l’hépatite B en Afrique connaissent leur statut et moins de 1 % reçoivent un traitement. Dans le cas de l’hépatite C, seulement 5 % des patients connaissent leur statut, avec un taux de traitement alarmant de 0 %.
En outre, seuls 6 % des bébés ont reçu une dose du vaccin anti-hépatite à la naissance pour empêcher la transmission du virus lorsque leur mère est infectée. C’est une véritable tragédie eu égard à la disponibilité de vaccins capables de sauver des centaines de milliers de vies.
Les obstacles
Parmi les principaux obstacles, on peut citer le fait que les services de prise en charge de l’hépatite sont confinés dans les villes et les grands centres urbains et que ces services sont principalement assurés par des spécialistes, une situation à laquelle s’ajoutent le coût élevé des tests de diagnostic et des médicaments, et l’inadéquation des plateformes de laboratoire.
En 2021, La Région africaine de l’OMS a adopté le Cadre 2021-2030 pour une riposte multisectorielle intégrée à la tuberculose, à l’infection à VIH, aux infections sexuellement transmissibles et à l’hépatite dans la Région. Ce cadre vise à soutenir les étapes majeures que sont, entre autres, l’introduction de la vaccination contre l’hépatite B à la naissance dans 35 États Membres, le diagnostic d’au moins 30 % des personnes atteintes d’hépatite chronique, et la mise sous traitement de 30 % des personnes souffrant de l’hépatite B et de l’hépatite C.
Au Togo, les hépatites les plus recherchées sont les hépatites B et C. qui font à elles seules 96% des dégâts liés au foie.
Selon Mathieu Tobossi (consultant en hygiène qualité, responsable du cabinet NFS), l’hépatite est 100 fois plus contagieuse que le VIH. En 2011, la prévalence était de 16% pour les hépatites B et de 20% en 2019. L’OMS avait aussi déclaré une prévalence de 14% en 2016.
Les hépatites sont guérissables, mais nécessitent beaucoup de moyens financiers. Le recours au dépistage et la vaccination restent les efficace solutions les plus efficaces, a souligné M. Tobossi.
Pour Dr Foly Anyiron (biologiste, responsable de l’Association sauvons l’Afrique des hépatites, ASAH), les hépatites B et C sont causées par un virus et le mode de transmission est le même que le VIH.
« La transmission des hépatites se fait par la salive, les objets souillés de sang de personne infestée, les mêmes causes que le VIH. De plus, les hépatites B sont transmissibles de mère à l’enfant, le cas le plus fréquent en Afrique. Et il y a aussi les hépatites A et E, qui sont liées à l’alimentation », a-t-il expliqué.
« Concernant la prise en charge, il faut noter que l’INAM prend en charge les analyses de l’hépatite B et une petite partie du traitement de l’hépatite C. De notre côté, nous menons des activités pour que cette structure puisse vraiment aider la population dans la prise en charge et ainsi lui alléger les charges liées au traitement », a expliqué Dr Anyovi.
Notons que la Journée mondiale contre l’hépatite vise à faire mieux connaître l’hépatite virale, une inflammation du foie à l’origine de différentes maladies graves, dont le carcinome hépatocellulaire.
Des symptômes caractéristiques de l’inflammation aiguë du foie sont éventuellement observés lors de la contamination par ces virus et peuvent durer plusieurs semaines : jaunissement de la peau et des yeux (jaunisse ou ictère), urines foncées, selles décolorées, fatigue extrême, nausées, vomissements et douleurs.
Rappelons qu’il existe d’autres hépatites dont l’hépatite médicamenteuse et celle alcoolique. Il faut donc se faire dépister, éviter des comportements et modes alimentaires qui agressent le foie (l’automédication, l’abus d’alcool, de sucre, de graisse) et privilégier une pratique régulière de sport pour aider à désengorger le foie. FIN
Ambroisine MEMEDE