Au Togo, le taux de croissance économique est révisé à 5,9% pour l’année 2022, contre une prévision initiale de 6,1%, après un taux de 5,5% enregistré en 2021, a annoncé vendredi dernier, Sani Yaya (ministre de l’économie et des finances).
C’était à l’ouverture de la deuxième réunion ordinaire du Conseil National du Crédit (CNC) au titre de l’année 2022. Avant d’aborder l’ordre du jour de la rencontre, le ministre avait fait quelques commentaires sur deux points.
Le premier porte sur la situation économique du Togo
Depuis fin février dernier, a rappelé M.Yaya, le monde entier est « secoué par des tensions géopolitiques engendrées par le conflit russo-ukrainien. Cette situation est venue perturber les plans de relance post Covid-19 ».
« Ce conflit affecte directement les économies, à travers les échanges commerciaux, et indirectement, en raison de ses retombées sur la hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires importés. Sur le plan national, les nouvelles projections, effectuées en mai 2022, confirment l’accélération de l’activité économique, à un rythme légèrement réduit de 20 points de base. Ainsi, le taux de croissance économique est révisé à 5,9% pour l’année 2022, contre une prévision initiale de 6,1%, après un taux de 5,5% enregistré en 2021 », a-t-il relevé.
« Le secteur tertiaire demeure le moteur de l’activité économique, avec une contribution à la croissance de 3,4%. Quant aux secteurs primaire et secondaire, leur contribution à la croissance économique sont respectivement de 1,1% et 1,5%. Cette résilience de l’économie nationale s’accompagne malheureusement des tensions inflationnistes », a-t-il indiqué.
En effet, a poursuivi Sani Yaya, « sur les cinq premiers mois de l’année 2022, le taux d’inflation moyen s’est établi à 8%, après 4,5% au 31 décembre 2021 ».
« La hausse du niveau général des prix, qui touche les pays du monde entier, est portée essentiellement par la flambée des prix des produits alimentaires importés, en liaison avec des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Face à cette situation, le Gouvernement a renforcé ses mesures de lutte contre la cherté de la vie », a-t-il précisé.
Ce dernier a énuméré pêle-mêle, les différentes mesures prises par le gouvernement notamment (i) le plafonnement, depuis le 31 mars 2022, des tarifs des transports urbains et interurbains des personnes et des marchandises, (ii) la suspension, depuis le 11 avril 2022, de l’application de la Taxe sur les Véhicules à Moteur pour toutes les catégories de véhicules de transport de marchandises et de personnes à usage commercial, (iii) la suspension, entre mai et décembre 2022, des remboursements de l’avance d’un mois de salaire accordée en début d’année 2022 aux fonctionnaires des secteurs public et parapublic et aux retraités, (iv) la suspension, à compter du 1er mai 2022 et pour une durée de 3 mois, du paiement des taxes de tickets de marché sur toute l’étendue du territoire national, et (v) le plafonnement des prix des produits locaux (maïs, sorgho, haricot, petit mil et riz) et des produits importés (huile végétale, lait, farine de blé et concentrés de tomate).
Le deuxième commentaire est relatif au financement de l’économie et à l’évolution du secteur financier
A ce niveau, voici l’intégralité de l’intervention du ministre :
« Sur ce plan, j’ai noté deux points de satisfaction, au regard des défis à relever que j’avais énumérés lors de notre session de mars dernier.
➔ Le premier point encourageant porte sur la forte hausse des concours bancaires.
En effet, le montant des nouvelles mises en place de crédits est ressorti à 270 milliards au premier trimestre 2022, en hausse de 39% par rapport au niveau enregistré le même trimestre de 2021.
Quant au volume de crédits octroyés par les systèmes financiers décentralisés aux agents économiques, il s’est situé à 50 milliards au premier trimestre 2022, après 37 milliards un an plus tôt.
➔ Le second point positif concerne l’amélioration continue du portefeuille de crédit des banques et des institutions de microfinance. En effet, le taux brut de dégradation du portefeuille de crédit des banques est passé de 16% au 31 mars 2021 à 11% à fin mars 2022.
La même tendance est observée au niveau des systèmes financiers décentralisés, avec un taux brut de dégradation du portefeuille qui s’est chiffré à 6% à fin mars 2022, contre 7% un an plus tôt, pour une norme de 3% ».
Au regard de ces deux évolutions, le ministre a une fois encore félicité et invité « les banques et les systèmes financiers décentralisés à maintenir cet élan pour accompagner la consolidation de la reprise économique ».
Sani Yaya les a surtout encouragés à relever tous les défis qu’il a évoqué lors de la première session de cette année, en particulier la « baisse du coût du crédit qui demeure toujours relativement élevé ». FIN
Junior AUREL