Le médiateur ouest-africain pour le Burkina Faso, l’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou, a salué samedi à Ouagadougou « l’ouverture au dialogue » des militaires qui ont pris le pouvoir en janvier, à la veille d’un sommet régional qui doit décider d’imposer ou non de nouvelles sanctions contre le pays.
« Nous avons échangé sur le chronogramme (calendrier) de la transition » et « je voudrais saluer la disponibilité du président Damiba et de son gouvernement, ainsi que leur ouverture au dialogue », a déclaré M. Issoufou, à l’issue d’un entretien avec le chef de la junte, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Arrivé vendredi pour une deuxième visite en moins d’un mois au Burkina, M. Issoufou a également rencontré le Premier ministre et certains membres du gouvernement – Défense, Sécurité, Affaires étrangères – ainsi que des représentants de partis politiques, des autorités religieuses, de jeunes, et une délégation de la Francophonie.
« A l’occasion de toutes ces rencontres, j’ai écouté avec attention et beaucoup d’intérêt les analyses que les uns et les autres font sur la situation très difficile que traverse le Burkina Faso », a déclaré le médiateur.
Il a noté que « tous sont d’accord sur la nécessité d’une union sacrée dans la lutte contre le terrorisme, la nécessité d’une réconciliation nationale, d’un dialogue inclusif à tous les niveaux » et du « retour à l’ordre démocratique ».
Avec le président Damiba, « nous avons examiné le cas de l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré », a souligné, M. Issoufou, précisant qu’il fera un compte-rendu de ses deux visites au Burkina au sommet de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédeao) prévu dimanche à Accra, au Ghana.
Accusé de ne pas avoir su endiguer la violence jihadiste qui mine le Burkina Faso depuis 2015, M. Kaboré avait été renversé le 24 janvier par une junte militaire conduite par le lieutenant-colonel Damiba.
D’abord retenu dans une villa de Ouaga 2000, un quartier huppé de la capitale burkinabè, après le putsch, M. Kaboré avait été autorisé à regagner début avril son domicile privé dans la capitale burkinabè, mais ne jouit pas de sa liberté, selon ses partisans.
La période de transition avant un retour au pouvoir des civils, a été fixée à trois ans par les autorités burkinabè, période jugée nécessaire pour tenter de juguler les attaques meurtrières des groupes jihadistes qui se multiplient au Burkina. Selon un agenda présenté mercredi aux leaders politiques, les autorités prévoient les dates du 24 décembre 2024 pour un référendum constitutionnel et du 25 février 2025 pour la tenue d’élections législatives et présidentielle. Vendredi, les partis de l’ex-majorité du président Kaboré renversé ont dénoncé l’agenda présenté par la junte comme une « manoeuvre solitaire qui contraste avec les impératifs d’une transition inclusive et réussie », regrettant « l’absence de concertations en amont ».
SOURCE : AFP