Le gouvernement togolais a décrété en conseil des ministres lundi, un projet de décret instaurant « l’état d’urgence sécuritaire » dans la région des Savanes (nord), zone ayant déjà enregistré deux attaques terroristes.
Cette mesure, applicable sur une période trois mois renouvelable, vise selon le gouvernement, à faciliter la mission des forces de défense et de sécurité (FDS) dans cette partie du pays.
Elle permettra également de « créer un environnement et les conditions propices aux mesures administratives et opérationnelles nécessaires à la bonne conduite des opérations militaires, au maintien de l’ordre et de la sécurité dans cette région, le gouvernement a pris le présent décret ».
Invité sur le plateau de la Télévision Togolaise, le ministre de l’administration territoriale Payadowa Boukpessi a donné les différentes implications de la mise en application de cette mesure et les conséquences sur le quotidien des populations.
« L’assignation à résidence peut être nécessaire contre toute personne lorsqu’il existe des raisons sérieuses de penser que par son comportement, ses propos ou ses relations, celle-ci est susceptible de commettre ou de faciliter l’établissement d’un acte terroriste. Après l’assignation à résidence, le ministre se doit de saisir le procureur de la république territorialement compétent », a-t-il souligné.
« La police et la gendarmerie peuvent procéder à des opérations de contrôle d’identité ou d’interpellation sur la voie publique de toute personne qui par son comportement peut laisser croire qu’il y a des risques qu’elle puisse commettre un attentat », a-t-il indiqué.
Durant cette période, a poursuivi le ministre, «la circulation et rassemblement de personnes sur la voie publique peuvent être interdits, avec la possibilité de suspendre les activités d’un établissement, d’une entreprise lorsqu’en raison des informations disponibles, il apparait que cette société est plutôt une source qui pourrait être mêlée à des actions terroristes. Il y a aussi la possibilité de visites domiciliaires avec la possibilité de saisie».
Des contrôles des sites internet et des services de communication en ligne seront également effectués.
En ce qui concerne les étrangers, ils peuvent être tout simplement expulsés si des faits sont confirmés sur de potentiels actes terroristes.
« Lorsque des informations concordantes indiquent que telle ou telle personne est susceptible d’être impliquée dans les attentats, le ministre de l’administration territoriale avec son collègue de la sécurité, peuvent ordonner l’expulsion du territoire togolais de tout étranger », a précisé Payadowa Boukpessi.
Par ailleurs, le ministre a invité la population à une «franche collaboration» avec les forces de défense et de sécurité.
« Il faut prendre cette mesure avec sérénité. L’état d’urgence s’exécutera conformément aux règles en vigueur. Donc pas de panique, il faut avoir en esprit que nous devons tous collaborer pour pouvoir réussir cette lutte contre le terrorisme », a-t-il rassuré.
En rappel, huit soldats togolais ont été tués et 13 autres blessés dans l’attaque terroriste de mai dernier. C’est la première attaque terroriste meurtrière enregistrée par le Togo.
Une quinzaine d’assaillants ont été également tués, selon le guvernement.
L’attaque a été revendiquée par l’organisation islamiste JNIM (Groupe de soutien de l’islam et des musulmans), liée à Al Qaïda.
Les soldats togolais avaient déjà repoussé une attaque dans la nuit du 10 au 11 novembre 2021 dans le nord du pays. FIN
Chrystelle MENSAH