Les ONG et le gouvernement rwandais promeuvent une apiculture « modernisée », dans laquelle « abavumvu » : les apiculteurs sont regroupés en coopératives et utilisent des ruches à cadres amovibles de type Langstroth ou de type Kényane.
Ce modèle technique et économique exogène est censé augmenter la production, les revenus des producteurs et les exportations. Selon la FAO, une ruche traditionnelle à rayons fixes produirait annuellement 9 kg de miel quand une ruche moderne donnerait 40 kg.
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Malgré ces appels à abandonner les pratiques ancestrales, la production de miel « ubuki » reste principalement pratiquée de manière traditionnelle par des apiculteurs indépendants.
Umuzinga ya kera : Ruches traditionnelles
Au Rwanda, comme dans la plupart des pays africains, le modèle de ruche le plus commun demeure la ruche tressée.
« Umuzinga » : la ruche rwandaise traditionnelle se compose d’un cylindre allongé. Son ossature est fabriquée avec des tiges d’herbe à éléphant « Urubingo » (Pennisetum purpureum ), de bambou « Umugano » ou de papyrus « Urufunzo » et des feuilles de bananier.
L’une des extrémités de la ruche est percée de plusieurs trous pour l’entrée des abeilles et l’autre extrémité est une porte amovible permettant d’observer la colonie et de récolter le miel que les abeilles stockent dans le fond de la ruche.
Il existe un autre modèle traditionnel de ruche entièrement en bois construit en creusant un tronc d’arbre, mais celui-ci est plus localisé et beaucoup moins utilisé.
Fabrication de la ruche traditionnelle
Pour fabriquer une ruche traditionnelle, l’artisan réunit :
• une quinzaine de tiges d’eucalyptus ou d’un autre bois d’environ 2 cm de diamètre et de 1.50 m de longueur (eucalyptus, bambou).
• des tiges d’urubingo : herbe à éléphant (pennisetum) ou d’umufunzo : Papyrus
• de l’eau.
• de la terre.
• de la bouse de vache.
• des feuilles de bananiers semi-séchées et encore souples.
• cinq à sept planchettes en bois de 30 à 40 cm de long à retailler en fonction du diamètre de la ruche atteinte.
• du cordage (feuilles de bananier ou autre).
Étapes de fabrication
Une quinzaine de tiges d’eucalyptus, ou d’une autre essence sont fichées dans le sol en formant un cercle.
Les tiges d’urubingo sont attendries avec une pierre ou une brique puis divisées dans le sens de la longueur pour obtenir deux rubans souples.
Les tiges d’urubingo entrelacent les tiges d’eucalyptus jusqu’à atteindre la hauteur souhaitée, selon la longueur de la ruche projetée (environ un mètre généralement).
Le côté le plus étroit est fermé avec des planchettes ou des bambous redimensionnés à la machette. Celles-ci peuvent être fixées à l’aide de tiges et d’un système de cordage.
Deux ou trois trous d’entrée et d’envol sont ménagés sur ce côté. Ces trous ne doiventt pas excéder 9 mm afin d’éviter l’entrée de prédateurs.
Les tiges dépassant de la longueur de la ruche sont coupées et la structure de la ruche est nettoyée en coupant les bouts de bois et échardes qui dépassent.
La ruche est alors recouverte d’une couche d’un mélange de bouse de vache, de terre et d’eau. Le mélange doit former une pâte malléable facile à appliquer, mais pas trop liquide au risque que la couche se craquelle en séchant.
Cette couche permet de colmater tous les espaces, de lutter contre les parasites, et d’isoler la ruche. Plus le mélange contiendra de la terre, plus la ruche sera lourde ce qui est à éviter. Une à deux fines couches sont nécessaires.
Une fois séchée, la ruche est enveloppée de feuilles de bananiers séchées pour la protéger de la pluie. Celles-ci sont placées l’une à côté de l’autre dans le sens de la longueur et attachées à l’aide de cordes. Lorsque les feuilles de bananier sont cassantes, on les trempe dans de l’eau pour qu’elles reprennent leur souplesse.
La porte amovible peut ensuite être tressée et attachée à l’autre extrémité. Celle-ci peut être fabriquée en feuilles de bananier ou autres matières locales.
Colonisation de la ruche par les abeilles
Certains apiculteurs enfument l’intérieur de la ruche en maintenant quelques instants la ruche ouverte au-dessus d’un petit feu de bouse de vache séchée pour attirer les abeilles.
Quelques gouttes de cire d’abeille peuvent également être coulées sur les parois internes de la ruche ainsi qu’au niveau du trou de vol.
Les ruches prêtes à être habitées sont installées dans les arbres avec un système de cordage, ou sur un toit .
Durant la période d’essaimage (mars-avril au Rwanda), il faut peu de temps pour que la ruche soit colonisée.
Une fois colonisée la ruche est soit laissée dans l’arbre ou sur le toit, et n’est redescendue les ruches que pour la récolte, soit elle est redescendue en soirée pour être placée sur un support en bois ou en pierre qui pourra êtres encore protégé par un toit en feuilles de bananier tressées, en paille, en sac plastique ou avec une vieille tôle.
Suivi et récolte du miel
La reine de la colonie va installer son couvain à l’endroit le mieux aéré de la ruche, c’est-à-dire en commençant par le rayon le plus proche des trous de vol et puis en continuant vers les rayons suivants.
Le miel et le pollen seront eux stockés en partie au-dessus du couvain et principalement sur les rayons à l’arrière du couvain.
Le suivi de la ruche consiste à observer l’évolution de la colonie par la porte de derrière amovible. Seuls les rayons operculés peuvent être récoltés. Ils sont découpés au couteau et extraits de la ruche par la porte de derrière. Pour veiller à la survie de la colonie, on ne récolte pas la totalité des réserves de miel de la colonie.
Au Rwanda, il existe deux périodes de miellées (période d’élaboration du miel par les abeilles), de janvier à mars et de juin à octobre.
La principale récolte du miel s’effectue en saison sèche du mois d’août à octobre, l’autre récolte importante a lieu de février à avril. Pendant la saison des pluies, les abeilles consomment le miel produit pendant la période des miellées
Le pressage des rayons prédécoupés dans une toile est la technique d’extraction qui préserve au mieux la qualité du miel est le . Le miel est ensuite stocké dans des bouteilles ou bidons en plastique propres, prévus à cet effet, bien fermés et à l’abri du soleil.
Les techniques apicoles et le type de ruche décrits ci-dessus sont communes sur l’ensemble de l’Afrique subsaharienne.
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