Plus de 80 milliards d’animaux d’élevage sont produits chaque année avec environ 70 % de ces animaux abattus dans des systèmes industrialisés, expose la « World Animal Protection« , une association mondiale de protection des animaux, dans son dernier rapport sur l’impact des systèmes d’élevage industriel sur la santé.
Intitulé « Les impacts cachés des systèmes d’élevage industriel sur la santé« , ce rapport publié en avril en direct de Nairobi (au Kenya), est basé sur des entretiens avec les parties prenantes et des recherches. Il met en lumière les impacts de l’élevage industriel sur la nature, l’homme et les animaux. Le document explore les opportunités de transformer ces systèmes d’élevage industriel extractif vers des systèmes d’élevage régénératifs et restaurateurs. Neuf changements systémiques et un ensemble de dix recommandations politiques ont été identifiés pour accompagner cette transformation.
Nous vivons à l’ère de l’élevage industriel avec des systèmes de production animales industrielles peu fiables qui rendent malades, affectent négativement l’environnement, causant des souffrances à des milliards d’animaux d’élevage. Et ce phénomène est accentué par la croissance démographique, notamment en Afrique (de 1,2 milliard aujourd’hui à plus de 2,5 milliards en 2050), indique le texte. De cette urbanisation croissante associée au pouvoir d’achat des consommateurs, naîtra une augmentation de la demande de viande et de produits laitiers.
Selon le rapport, la consommation mondiale moyenne de viande par habitant aura doublé, en 30 ans. Actuellement de 14kg par habitant en Afrique, elle est estimée à 26kg en 2050 sur le continent.
Selon Dr Tennyson William (Directeur/Afrique de la World Animal Protection), il faut faire du monde, un meilleur endroit pour les animaux. Il a exposé les impacts et les coûts cachés sur la santé des systèmes d’élevage industriel qui nuisent à la santé humaine, animale et environnementale par de multiples voies d’impact.
Pour Dr Victor Yamo (Responsable de campagnes agricoles) qui a présenté le rapport, la vision est de garantir animaux d’élevage, une bonne vie en transformant le système alimentaire mondial.
« Il est impérieux d’empêcher que les animaux sauvages soient cruellement exploités comme des marchandises. Notre intervention sera axée sur la lutte contre l’élevage industriel. Nous devons changer le récit afin que l’agriculture industrielle ne soit pas considérée comme nécessaire pour nourrir le monde. Il faut également soutenir le système alimentaire en y intégrant des produits qui favorisent le bien-être des animaux », a-t-il déclaré.
Méthodes peu recommandables
L’élevage industriel est un système dans lequel de nombreux animaux sont confinés avec des conditions de contrôle qui font fi de leur sensibilité et bien-être; l’objectif étant de minimiser les coûts et de maximiser les profits, pour produire rapidement de grandes quantités de viande à très bas coût, toute l’année.
Ce mode d’élevage produit de grandes quantités de déchets animaux qui polluent notre air avec environ 400 gaz nocifs différents. Des métaux lourds comme le zinc sont ajoutés à l’alimentation des animaux d’élevage industriel et sont excrétés, contaminant les cours d’eau. Cette contamination des aliments par les métaux lourds cause un million de maladies chaque année. Ces méthodes allient une utilisation accrue de produits chimiques et une mauvaise gestion des déchets, expose le rapport.
La ractopamine est un exemple de médicament utilisé chez les animaux d’élevage industriel. Interdit 160 pays, elle peut provoquer des fréquences cardiaques élevées et des sensations palpitantes chez l’homme, selon des données de l’European Food Safety. Par ailleurs, la falsification et le mauvais étiquetage des produits constituent un problème croissant de sécurité alimentaire dans le monde entier, contribuant à la croissance rapide de l’élevage industriel. En 2008, la mélamine – du lait contaminé en provenance de Chine a tué six nourrissons et hospitalisé 54 000 autres. Un autre exemple d’adultération était la viande de cheval, scandale qui a frappé l’Europe en 2013.
Notre addiction à la viande, alimentée par des politiques défaillantes, la cupidité des entreprises et les campagnes et marketing peu scrupuleux causent d’inimaginables souffrances aux animaux d’élevage. Tout ceci conduit au changement climatique, à la pollution, la résistance aux antibiotiques , souligne Dr Yamo.
Le rapport reconnaît toutefois, que tous les systèmes d’élevage ne sont pas mauvais pour santé et que les systèmes d’élevage des petits exploitants, y compris le pastoralisme, et les systèmes d’élevage agroécologiques, constituent une source précieuse de nutrition et des moyens de subsistance pour un bon nombre de communautés les plus pauvres à travers le monde. Ils peuvent également améliorer la santé des humains, des animaux et de la planète.
La World Animal Protection a formulé à l’endroit des décideurs et gouvernements, une dizaine de recommandations dont la reconnaissance de l’interconnexion entre la santé publique et les impacts planétaires de Systèmes agricoles industrialisés. L’association les engage à mettre fin aux industrielles.
Elle appelle les gouvernements à imposer un moratoire aux usines et fermes, afin qu’elles introduisent et appliquent des normes de bien-être animal. Une pétition a été signée à la fin des travaux. FIN
Ambroisine MEMEDE