« Tout ce qui se joue dans les clubs et qui fait danser les occidentaux, a une base africaine », a déclaré Zab Maboungou (directrice de la compagnie de danse Nyata Nyata), vendredi lors d’une conférence sur le site du 11ème Festival international du théâtre et des arts plastiques (FITAP). Cette conférence s’inscrit dans le cadre de la journée mondiale de la danse, célébrée chaque 29 avril.
« Les gens vivent des rythmes qui sont de chez nous. Si vous allez dans n’importe quel club de danse, que ce soit à Madrid, à Londres, à New York… Tout ce qui se joue et qui fait danser les occidentaux, a une base africaine », a souligné Mme Maboungou, la directrice de Nyata Nyata, une compagnie de danse contemporaine unique dans le paysage montréalais et canadien.
Zab Maboungou est chorégraphe, penseur, interprète. La directrice artistique a fait valoir sa volonté affirmée de produire, partout dans le monde, sur scène et hors scène, ses œuvres chorégraphiques, d’enseigner la technique de la danse africaine, d’appuyer la formation des danseurs et de participer activement au renouveau institutionnel des politiques relatives au domaine de l’art. Son dévouement envers la défense de l’art de la danse et de l’éducation aux arts en général sont unanimement reconnus.
Elle est considérée comme une pionnière de la danse au Canada, un hommage qui lui a été rendu deux fois, en 1993 et en 2011 à Toronto par Dance Immersion dans le cadre de la Conférence annuelle de l’International Association of Blacks in Dance. En mai 2019, Zab a été nommée Compagne de l’Ordre des arts et des lettres du Québec.
Sa technique du mouvement, appelée Lokéto, inédite, a gagné la faveur de ceux et celles qui veulent se former en danse contemporaine et en danse africaine et constitue aujourd’hui un modèle du genre, dont s’inspirent diverses disciplines, parmi lesquelles, outre la danse, le chant, la musique, le théâtre, les arts visuels et le cirque. Pour cette héritière des cultures africaines, la source est et demeure africaine.
Nous sommes ignorants de nos richesses
« Angélique Kidjo l’a dit après avoir reçu son Grammy: toute cette musique, ça vient de l’Afrique. Il faut que vous y pensiez, quand on parle de perspectives, de situation et de source … Voilà comment les sources sont déplacées », a-t-elle déclaré.
« Les sources sont déplacées, recomposées, transformées, adaptées,… c’est cela le mouvement. Ces sources-là se sont démultipliées, reprogrammées dans le temps. Et ça, c’est la capacité de l’Afrique, de le faire, et l’Afrique la fait de manière incroyablement sophistiquée et de multiples façons. Nous sommes ignorants de nos richesses, …Vous diriez que la danse traditionnelle est source de richesse. Mais, n’est-elle pas aussi source de savoir ? Où va le savoir? qui est en charge du savoir et dans quelle mesure sommes-nous habilité, capable et apte à rechercher ce savoir dans les formes esthétiques, divertiques et rhétorique traditionnelles ? », interroge Mme Maboungou.
« Je suis une héritière des cultures africaines. Et ces cultures sont nombreuses tout en ayant des points forts avec un panafricanisme renouvelé. Nous sommes liés dans le pluralisme de nos cultures », a-t-elle ajouté. FIN
Ambroisine MEMEDE