Le gouvernement du Burkina Faso issu d’un coup d’Etat, a affirmé lundi qu’il n’entendait pas écourter la période de transition de trois ans avant un retour des civils au pouvoir, comme ses voisins ouest-africains le lui avaient demandé.
« Les discussions se poursuivent, le Burkina Faso est dans une très bonne disposition à entendre les remarques de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédeao) », a déclaré Lionel Bilgo, porte-parole du gouvernement à l’AFP, ajoutant: « Par contre, nous n’allons pas sacrifier nos efforts pour ramener la paix au Burkina Faso en courant derrière un calendrier intangible et dont le délai ne tient pas du tout compte des réalités du terrain ».
Fin mars, un sommet de la Cédeao réuni à Accra, avait donné au Burkina Faso jusqu’au 25 avril pour présenter un « chronogramme (calendrier) acceptable de la transition » sous peine de sanctions « économiques et financières ».
« Est-ce qu’on est capable aujourd’hui, alors qu’on ne peut pas faire 150 km sur notre territoire » en raison de la présence de groupes jihadistes, « d’organiser des élections dans la paix et la quiétude? Pourquoi mettre en danger des vies humaines alors que notre priorité principale est de sécuriser le territoire burkinabè? », s’est-il interrogé.
Selon lui, « le Burkina Faso a toujours expliqué à la Cédeao que ce calendrier, qui a été mis en place de façon consensuelle, est un calendrier réfléchi et qui tient compte justement du défi majeur que nous avons et qui est le rétablissement de la sécurité ».
« Si nous arrivons à le faire en dessous des trois années, nous organiserons des élections », a-t-il ajouté. Dans un discours à la nation début avril, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba qui a pris le pouvoir par la force le 24 janvier, avait indiqué que la période de transition de trois ans avant un retour à l’ordre constitutionnel avait été décidée « de façon consensuelle par l’ensemble des forces vives de notre nation » et en tenant « compte d’une réalité qui est la seule vraie préoccupation du peuple Burkinabè actuellement, à savoir la situation sécuritaire ».
« Plus vite nous arriverons à juguler cette situation et plus vite nous amorcerons un retour à un ordre constitutionnel normal », avait-il ajouté.
Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des mouvements armés jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique qui ont fait plus de 2.000 morts et 1,8 million de déplacés.
SOURCE : AFP