« Légalement le Syndicat des Enseignants du Togo (SET) existe et je porte à la connaissance de tout le monde que cette légalité est déjà établie et prouvée », avait clamé haut et fort Mawouégna Kokou, secrétaire général dudit syndicat la semaine dernière sur une radio privée.
« On a déjà respecté toutes les étapes de formalisation de notre syndicat et nous ne saurons souffrir d’aucune illégalité », avait-il martelé.
Visiblement aguerris malgré les dernières sanctions infligées à certains enseignants-grévistes et l’arrestation de trois de leurs camarades, les responsables ont lancé une nouvelle grève de trois jours à compter de mardi.
146 enseignants ont été « exclus » de la fonction publique enseignante pour « agissements et comportements répétitifs incompatibles avec les aptitudes et exigences attachées au métier d’enseignant » et « mis à la disposition du ministère chargé de la fonction publique ».
« Une fois de plus, faute d’ouverture d’un cadre de discussion avec le syndicat qui porte les aspirations profondes des enseignants à la base, nous nous trouvons dans l’obligation de reconduire notre mouvement de grève dès la première semaine de la rentrée du 3ème trimestre », a averti Ouyinnakou Talan, le secrétaire du Conseil syndical du SET.
Les enseignants grévistes exigent notamment une prime mensuelle de logement (50.000 F.CFA au moins) pour tout enseignant sans distinction en référence à la réforme de l’enseignement de 1975 et une prime annuelle d’éloignement (minimum 300 F.CFA/kilomètre).
Ils réclament également une allocation de mutation (100.000 F minimum pour les interrégionales et 60.000 F pour les intra-régionales).
Le gouvernement ne reconnaît pas ce syndicat, jugeant « illégales » la série de grèves déclenchées par ses responsables.
Pour les autorités togolaises, « aucun syndicat professionnel légalement constitué n’est enregistré auprès des services compétents de l’État sous la dénomination du SET, conformément aux lois et règlements en vigueur au Togo ».
Un bras de fer qui inquiète
Selon Édith Boukeu (journaliste camerounaise), « le dialogue est le médicament de la crise. Le dialogue permanent est le vaccin du conflit ».
« Une de nos armes les plus puissantes est le dialogue », appuie un proverbe africain.
Ce bras de fer entre le gouvernement et les responsables du SET inquiète beaucoup de togolais. Car ayant toujours à l’esprit les événements du 15 avril 2013.
« C’est un passé très douloureux. Évitons à tout prix ces genres de situation qui plongent des familles dans le deuil et tout un peuple dans la tristesse. Privilégions le dialogue, afin de trouver des solutions à nos problèmes. Cette brouille dans le secteur de l’éducation m’inquiète », a confié dame Adjoua, la soixantaine rencontrée au marché de Hedzranawoé.
« Les vrais perdants dans ces bras de fer entre les syndicats des enseignants et le gouvernement sont toujours nos enfants. J’ai été enseignant et je sais de quoi je parle. Que les deux parties pensent à l’avenir des élèves et mettent un peu d’eau dans leur vin », préconise Komi Fiogban, enseignant des cours privés à la retraite.
Les enseignants grévistes entendent corser leur mouvement en annonçant de nouvelles grèves les lundi, mardi et mercredi de toutes les semaines suivantes (après la grève des 19, 20 et 21 avril), « jusqu’à satisfaction de leurs revendications ».
Notons que des appels à la grève du SET interviennent au lendemain d’un « mémorandum d’entente » signé par le gouvernement et des acteurs du secteur de l’éducation, document en six points dont la « gratification exceptionnelle » d’un montant de 5 milliards de F.CFA à allouer aux enseignants sur une période de 5 ans.
Le document prévoit également une trêve sociale correspondant aux années de mise en œuvre de la gratification et un fonds national de soutien à l’éducation. FIN
Junior AUREL