Les membres du Réseau des médias pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) étaient le 30 mars à un webinaire sur le thème « Quelle place des femmes dans le financement de l’adaptation au changement climatique en Afrique de l’ouest« .
La rencontre a été organisée par l’IPAO (une organisation non gouvernementale africaine indépendante d’appui aux médias, à la communication) en partenariat vous Women in Environmental Prgramme (WEP) Burkina, la Fondation Heinrich Böll Dakar, le REMAPSEN et Women In Mining Sénégal. Elle s’inscrit dans le cadre de la célébration de la célébration de la Journée mondiale de la Femme, édition 2022.
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Il s’agissait de débattre sur la contribution des femmes dans la lutte contre le changement climatique : les femmes, sont-elles bien prises en compte dans les programmes d’adaptation et de résilience face au changement climatique en Afrique de l’Ouest ? Existe-il en Afrique de l’ouest, une réponse féminine au réchauffement climatique ? Les programmes d’adaptation nationaux et régionaux au changement climatique en Afrique de l’Ouest sont-ils sensibles aux femmes ? Sont-elles ignorées par le financement de l’adaptation ? Quid du Plan d’action régional de la CEDEAO ?
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Selon Mme Zenabou Segda (Coordonnatrice de WEP Burkina, Coordonnatrice Afrique Francophone du GCF Gender Monitor), « les fonds dédiés à la fois au climat et aux questions de genre sont quasi inexistants et l’accès à des fonds d’urgence est discriminatoire par rapport au genre ». Elle a énuméré quelques impacts liés aux changements climatiques sur les femmes et déclaré qu’il est important que les femmes aient accès aux connaissances et informations générées par les systèmes d’informations climatiques et d’alerte précoce, destinés à la préparation, afin qu’elles puissent mieux s’adapter. Seuls 0,01% des fonds mondiaux pour le climat sont dédiés à des projets soutenant à la fois le changement climatique et les droits des femmes. Il convient donc d’élaborer des instruments financiers et d’allouer des fonds respectueux des différences entre les sexes.
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Quant au représentant de l’IPAO, il estime que la prise en compte du genre est une exigence de l’heure pour inscrire la femme au cœur des processus de réformes et de mise en œuvre de politiques de développement durable. Pour Birame Faye, il est indispensable de renforcer les capacités des femmes et de lutter contre les inégalités.
De son côté, Mme Sokhna Ramatoulaye Cisse souligne qu’en Afrique de l’ouest, on n’arrive pas à capitaliser sur les projets parce que les femmes ne sont pas impliquées : « Aujourd’hui, point n’est besoin de démontrer que les femmes ont une grande capacité organisationnelle sur laquelle on devrait s’appuyer pour faire passer des messages, pour faire passer la prise en charge des changements climatiques ».
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Des fonds très élevés et difficiles d’accès
Pour Fatma Sylla (Fondation Heinric), Les femmes participent énormément à l’atténuation des effets liés aux changements climatiques et leurs efforts ont été reconnus par la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique qui reconnaît que les risques liés aux changements climatiques exacerbent les inégalités des sexes.
« Pour que les femmes puissent bénéficier des profits générés au niveau mondial dans la lutte contre les changements climatiques, il faudrait déjà s’adapter au concept culturel liés au genre en matière de mobilité, mais surtout d’accès à l’information, afin de permettre à ces femmes de participer (surtout les organisations de femmes) à la conception, à la conceptualisation, la planification au niveau national, mais également au niveau communautaire. S’attaquer aux violences liées au sexe et à la reproduction, est tout aussi important. Il faut également une adaptation axée sur la gestion des ressources grâce à une approche participative qui prend en compte cette dimension genre et examine les responsabilités de chacun dans la chaîne de décision ».
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Le recours aux entités accréditées
La rencontre, riche en informations, a permis aux participants, de comprendre qu’il est indispensable de mettre en place des politiques égalitaires en matière de théorie du genre, pour rendre à la femme la place qui devrait être la sienne dans la lutte contre les changements climatiques. Mais il est à noter que l’accès aux fonds liés à cette lutte n’est pas du tout aisé, car « se sont de lourdes sommes que même une organisation nationale aurait du mal à gérer », a avertit Mme Segda,
« Une organisation individuelle ne pourrait donc pas demander ces fonds, car elle n’est pas accréditée et n’a pas la capacité pour les gérer. Nous conseillons aux organisations, de se mettre ensemble et de présenter leur projet aux entités accréditées qui peuvent les monter en leur nom. Dès qu’elles ont l’argent, elles peuvent mettre le projet sous la gestion de cette entité-là. Les OSC peuvent donc s’adresser à des entités accréditées dans leur pays (entités directes ou multinationales, le PNUD, la Banque mondiale, la BAD, la BOAD, …) qui sont des entités accréditées par qui il faut passer pour porter leurs projets) ».
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Il faut noter qu’il y a un travail de mobilisation des organisations de femmes, de sensibilisation, de renforcement des capacités, et également de plaidoyer, afin que le financement puisse davantage être orienté vers la cible Femme (des organisations féminines de la société civile), a expliqué Mme Aida Diop (présidente de Women in mining, spécialiste genre et gouvernance).
« La vulnérabilité des femmes d’une façon générale face aux changements climatiques n’est plus à démontrer. L’acquis est qu’au niveau stratégique, la question genre y figure. Le problème est qu’au-delà de l’accès à l’information, il n’y a pas encore assez de visibilité sur ces financements, car les acteurs ne sont pas très informés, ainsi que les organisations féminines qui n’ont pas la capacité d’accès au fonds. de plus, il y a un besoin de partenariat entre organisations féminines. Il faut donc que les femmes se lèvent, se mobiliser pour saisir les opportunités qui se présentent », a longuement expliqué M. Faye. Il a promis maintenir la collaboration avec le REMAPSEN pour plus d’impact et de visibilité afin que les femmes puissent êtes mieux informées et valablement saisir les opportunités.
Pour Bamba Youssouf (président du REMAPSEN), l’information est le pont entre les stratégies que nous construisons et la population destinataire.
« Il est important que la femme soit informée et dispose de la bonne information afin d’opérer des choix éclairés : où trouver ces financements et comment procéder pour y arriver », a ajouté Line Batongué (chargée des questions environnementales /REMAPSEN). FIN
Ambroisine MEMEDE