Dans un marché mondial qui pèse plus de 42 milliards d’euros, les éditeurs africains réclament leur part du gâteau. Ils allient modernisme et culture locale pour offrir des jeux vidéo qui sauront transmettre leur histoire au monde entier. Si certains s’interrogent sur le niveau en programmation des ingénieurs en Afrique subsaharienne, quelques studios commencent à créer un véritable buzz. En voici cinq qui en valent le détour.
Kunle Ogungbamila Kuluya, Nigeria
Basé à Lagos, au Nigeria, le studio développe des jeux pour les Africains. A la tête de la startup, un homme, Kunle Ogungbamila, qui sait exactement ce qu’il veut produire pour un marché qui a faim de toute forme de divertissement électronique.
«Nous savons que le jeu va exploser à travers le continent de l’Afrique, comme elle l’a dans l’Ouest, usurper d’autres formes de divertissement pour devenir une industrie de plusieurs milliards de dollars de génération», a-t-il déclaré lors d’une interview.
Ogungbamila est diplômé en informatique et en économie de l’Université Obafemi Awolowo, a de l’expérience dans les secteurs du pétrole et du gaz, bancaires et de la technologie.
Avec plus d’une centaine de titres à son actif, le studio de développement est composé d’une équipe diversifiée avec des expériences dans la publicité, dans l’animation vidéo, dans le développement de logiciels et dans le marketing. L’équipe Kuluya a récemment levé des fonds supplémentaires.
« En 6 mois, nous avons fait monté la valeur de l’entreprise à 2 millions $. Notre objectif est de devenir l’une des sociétés de médias les plus rentables en Afrique», déclare Ogungbamila.
Eyram Tawia – Leti Games, Ghana
Co-fondé par Eyram Tawia et Wesley Kirinya, le studio basé au Ghana exerce une double-fonction : la production de jeux vidéo et de bandes dessinées basés sur des personnages africains. Tawia aa étudié à l’Université Kwame Nkrumah en sciences et de la technologie. Dès son jeune âge, il a montré un vif intérêt pour les romans graphiques et les jeux informatiques, qui, à son tour, a déclenché un intérêt pour la programmation.
«Depuis que je suis enfant, la stratégie a été la même. J’ai une idée, puis je mets tout en oeuvre pour la réaliser », confie-t-il lors d’une interview. Comme pour la plupart des développeurs africains, c’est le continent qui lui donne son inspiration.
«Le fait que l’Afrique soit totalement oubliée et considérée comme incapable de faire des jeux vidéo de qualité, me passionne davantage chaque seconde. La conception de jeux est un secteur totalement lucratif qui peut marcher en Afrique ».
RW Liebenberg Thoopid, Afrique du Sud
Originaire de Cape Town en Afrique du Sud, le studio de développement de jeux mobiles a été fondé en 2013 par RW Liebenberg. Le Directeur Général, Liebenberg, est également le propriétaire de Runtime Digital, une société de développement d’applications.
Sur un ton plutôt modeste, la startup affirme qu’elle a été créée par des « joueurs avides avec une expérience primée dans la conception, le développement, le marketing numérique et les médias émergents».
Le studio est connu pour son travail approfondi sur leur opus Snailboy, qui a été acclamé de louanges sur la scène de jeu local.
«Snailboy est un jeu de puzzle avec des graphismes riches, des tueries de sons et plus de 40 niveaux de jeu enivrant», déclare le studio. Le jeu est actuellement disponible sur l’App Store d’Apple.
Daniel Okalany – Kola Studios, Ouganda
A la fois PDG et Responsable du développement, Daniel Okalany est le cofondateur des studios Kola. La startup développe des jeux mobiles pour les systèmes d’exploitation Android et iOS.
«Au départ, nous avons commencé l’entreprise dans ma maison. Il est très fréquent en Afrique pour les gens de jouer à des jeux de cartes traditionnels. Nous, nous rendons ces jeux disponibles sur mobile », explique-t-il dans une interview à CNN.
Le jeu auquel Okalany se réfère se nomme Matatu, un jeu de cartes à deux joueurs sur la base du jeu populaire local du même nom. Okalany a obtenu un diplôme en informatique. Mais c’est dès l’école secondaire qu’il a appris à programmer puis à acheter son premier PC à l’âge de 21 ans.
Olivier Madiba – Kiro’o Games, Cameroun
Fondée par Olivier Madiba, la startup Kiro’o Games travaille depuis 10 ans à mettre en place le premier studio de jeu vidéo en Afrique centrale, au coeur du Cameroun. Madiba a réalisé à un très jeune âge qu’il voulait être impliqué dans la programmation, mais l’idée n’a pas pris racine que lorsqu’il était à l’université.
«Quand j’avais 18 ans, je suis allé à l’université et j’ai commencé à lire en ligne sur la conception de jeux. Je pensais que c’était impossible et j’ai commencé à créer AURION, étape par étape, de version en version, puis j’ai été rejoint par deux grands amis», confie-t-il.
Aurion, c’est un jeu d’étape dans lequel «le joueur va incarner Enzo Kori-Odan et Erine Evou sa femme. Enzo est le prince de la citée de Zama et il subit un coup d’Etat le jour de son couronnement et de son mariage. Le coup d’Etat est mené par le frère d’Erine (Ngarba Evou) pour des raisons au-delà de la simple envie de pouvoir. Enzo et Erine sont exilés, et ils vont parcourir le monde pour qu’Enzo rassemble tout son Héritage guerrier et tente de reprendre son trône». Kiro’o Games a été nommé cohorte de VC4Africa en septembre 2013. Selon Madiba, le financement est un obstacle majeur, «la partie la plus difficile était d’avoir les premiers investisseurs ; vous le savez, il y a toujours la crainte que nous soyons une arnaque ».
«Maintenant que nous avons commencé à obtenir de l’argent de partout dans le monde, et que nous avons cette large couverture médiatique, les gens sont plus confiants ».
Kader Diakité