Le procureur général de la Cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright, a été suspendu mardi après avoir menacé de poursuites un colonel de gendarmerie proche de la junte au pouvoir en Guinée depuis septembre 2021.
Le magistrat est « suspendu de ses fonctions avec effet immédiat pour faute disciplinaire », selon un arrêté du ministère de la Justice publié mardi soir. L’arrêté précise que le « Conseil Supérieur de la Magistrature sera saisi des faits qui lui sont reprochés ».
Lors d’une conférence de presse lundi, M. Wright avait menacé de poursuites le colonel Balla Samoura, haut commandant de la Gendarmerie nationale et directeur de la justice militaire, qu’il accuse d’ingérence dans les affaires des Officiers de la police judiciaire (OPJ).
M. Wright reprochait au colonel, membre influent du Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD), l’organe dirigeant de la junte, d’avoir procédé à des arrestations et séquestrations d’anciens hauts responsables en place sous la présidence d’Alpha Condé, déposé par la junte le 5 septembre 2021.
Le magistrat a réitéré ses propos mardi matin lors d’une émission à la radio locale.
« On ne s’attribue pas des prérogatives, c’est la loi qui le fait. J’ai beaucoup de respect pour le colonel Balla Samoura. On peut tout négocier, sauf la loi », a-t-il déclaré avant d’ajouter « Je ne peux pas être procureur pour être celui-là qui va se taire sur les dysfonctionnements », a-t-il dit.
M. Wright est un procureur connu en Guinée pour son audace. Sous la présidence d’Alpha Condé, il s’était opposé à la condamnation d’Oumar Sylla alias Foniké Mangué, un opposant au président Condé et cadre du Front national de défense de la Constitution (FNDC), affirmant que le dossier était vide. Avant la suspension du magistrat, la junte avait limogé en janvier la ministre de la Justice et des Droits de l’homme Fatoumata Yarie Soumah.
Selon la presse guinéenne, elle était en désaccord avec le secrétaire général de la présidence, le colonel Amara Camara, pour n’avoir pas été consultée pour discuter de la politique pénale du gouvernement.
Les militaires ont dit faire de la lutte contre la corruption, réputée endémique, l’un de leurs grands combats. Le colonel Mamady Doumbouya, chef de la junte qui s’est fait investir président, a assuré qu’il n’y aurait pas de « chasse aux sorcières » mais que la justice serait la « boussole » du pays.
La junte a cependant procédé à l’éviction de nombreux cadres des services de l’Etat.
SOURCE : AFP