Le maraîchage est l’un des sous-secteurs de l’agriculture, une source importante de revenus et d’autosuffisance alimentaire de certaines populations. Cette activité fait aussi partie de celles ayant subi les revers de la Covid-19, avec une baisse considérable des revenus ces deux dernières années.
Depuis l’avènement du nouveau coronavirus, ce secteur a connu d’énormes difficultés, surtout avec la fermeture des frontières terrestres, ralentissant l’écoulement des produits des jardins.
Selon Joël Godo (président de l’Union communale des maraîchers du développement durable d’Ablogamè /UCMDDA), c’est une situation très difficile.
« Nous avions plein de clients. Outre les revendeuses du grand marché de Lomé, des clients venaient du Ghana et du Nigeria. Mais avec la fermeture des frontières terrestres, plus rien ne marche et les clients ne descendent plus comme avant. Quelques rares arrivent pour acquérir les produits mais pour le maraîcher, les choses ne sont plus comme avant, tout a changé avec cette crise sanitaire », se plaint-t-il.
Vu la fragilité de leur activité, les maraîchers ne produisent plus en grande quantité pour ne pas voir pourrir leurs légumes.
« Par exemple, la culture de la laitue prend environ 2 mois. La planche peut avoir 20 mètres de long. A maturité, lorsque la laitue est rare, la planche peut être vendue à 15.000 FCFA. Avec la Covid-19 qui a conduit à la fermeture des frontières, les ghanéens qui venaient acheter nos productions ne viennent plus. Nous avons vendu la planche à 3000 FCFA et c’était même difficile de trouver des clients. Les pertes étaient énormes : beaucoup de légumes ont pourri sur les planches, faute d’acheteurs. Certains avaient laissé les légumes pourrir sur les planches. Nous avons souffert et beaucoup d’entre nous n’ont pas encore pu solder leurs dettes », ajoute-t-il.
Pour Kossi Amékouwodi (plus de 15 ans dans le métier et père de famille), beaucoup se sont endettés. Ce dernier espère que les activités reprendront avec dynamisme : « C’est grâce à ce métier que j’arrive à couvrir les besoins de ma famille. Pour moi, le maraîchage est un héritage. Vivement que les activités reprennent de plus belle. Des gens ont acquis des parcelles et construit leur maison, juste en cultivant des légumes : carotte, poivron, oignon, concombre, piment, … ».
Selon Joël Godo (président de l’UCMDDA), il est vrai que certains sont découragés, et même si le secteur se relève timidement, nous devons aussi faire face à l’envahissement de produits venus d’ailleurs.
« Aujourd’hui le poivron burkinabè (un aspect joli, bien emballé et surtout moins cher) a envahi le marché, de sorte que nous avons du mal à écouler notre production. Et l’Etat doit nous aider du côté de la douane (limiter cette importation), afin que la production locale puisse être consommée. Le produit a vraiment envahi notre marché et cela nous fait vraiment réfléchir. La production du poivron demande beaucoup de moyens et pour nous, ne pas écouler la récolte est une grosse perte », s’inquiète-t-il.
Notons que près de 70 maraîchers occupent cette aire en bordure de la plage nommée Aglogamè. Ils sont organisés et structurés en 5 coopératives et participent régulièrement à des réunions et formations organisées par l’ICAT pour une bonne organisation. FIN
Bernadette AYIBE