« Le début du consentement c’est de pouvoir dire non ». A l’université d’Abidjan, une vingtaine de personnes s’initient à la danse comme thérapie, un des nombreux ateliers du premier « festival du consentement » organisé pour lutter contre les violences basées sur le genre.
« Vous voyez ce sentiment de plaisir, de fierté que vous avez, en dansant devant le regard de gens que vous ne connaissez même pas? C’est ça qu’on recherche », se réjouit le danseur franco-congolais Bolewa Sabourin en achevant d’animer l’atelier.
Au moment des violences, les agresseurs sont « passés par les corps des femmes, pour les contraindre, contraindre leur esprit. Elles ont été tapées, violées. Et là on va repasser par le corps pour libérer l’esprit » développe ce militant de la danse comme thérapie.
Consentement dans les médias, rapport des hommes au féminisme, question du lien entre féminisme et religion: de nombreux thèmes sont prévus au menu de ce nouveau festival qui dure jusqu’à samedi.
« Notre but dans ce festival c’est de faire comprendre que le consentement touche tout le monde, hommes comme femmes », explique à l’AFP Bénédicte Joan, la patronne de l’association Stop au chat noir qui vient en aide aux survivantes et qui co-organise l’évènement.
« Le consentement ça touche aussi tout type de violences basées sur le genre, pas seulement le viol. Ça concerne les mariages forcés, l’excision etc.… » poursuit-elle.
– « Se réveiller » –
Dans la salle, plusieurs étudiants assistent aux débats. Une centaine d’entre eux, garçons comme filles, ont rejoint des associations au sein de l’université pour sensibiliser aux violences basées sur le genre.
« Quand on voyage dans le pays, on s’aperçoit qu’il y a encore beaucoup de travail. Il y a des situations qui arrivent encore à nos soeurs, quand tu vois ça, ça te pousse à rejoindre des associations », affirme Diomande Ben Mohamed, un étudiant en génie civil.
« On doit se réveiller maintenant! C’est un combat pour toute la famille, ca ne concerne pas seulement les femmes, il faut que les jeunes en prennent conscience », poursuit-il.
« Notre génération se rend compte de l’importance de ces questions, de ne pas être violents envers les femmes. Quand on arbore des T-shirts de nos associations avec des messages, on est souvent interpellés, questionnés », ajoute Syntiche Zadi, étudiante en sociologie.
De l’autre côté du campus, les échanges fusent entre des étudiants et Bintou Mariam d’Equipop, une ONG internationale pour les droits et la santé des femmes.
Quelle place pour la galanterie? Comment concilier féminisme et traditions? Comment une femme peut-elle résister aux vélleités de polygamie de son mari?
« La tradition est souvent brandie comme un prétexte. Il y a beaucoup d’hypocrisie au sujet des droits des femmes », répond Bintou Mariam.
« La femme existe en tant que femme, pas par rapport à son mari. Dans plusieurs pays d’Afrique il existe des cultures matriarcales comme en Guinée-Bissau par exemple chez les Bijagos », renchérit-elle.
Selon un rapport récent de la Fédération internationale pour les droits humaines (FIDH), les victimes de violences sexuelles font encore face à de nombreux obstacles en Côte d’Ivoire pour obtenir justice.
Les chiffres officiels – environ 800 viols et 150 agressions sexuelles par an – sont largement sous-estimés.
SOURCE : AFP