Des dizaines de partis parmi les plus représentatifs de Guinée ont menacé mercredi d’appeler à manifester si la junte au pouvoir persiste à les tenir à l’écart et à retarder le retour des civils à la tête du pays tout en « humiliant » leurs leaders.
Ces partis sont sortis de la retenue observée jusqu’alors vis-à-vis de la junte qui a pris le pouvoir par la force en septembre 2021, en signant une déclaration accusatrice transmise à un correspondant de l’AFP.
« L’inclusivité et la justice (…) ne semblent plus être la boussole » de la junte, disent-ils, référence à la promesse de celle-ci, à sa prise de pouvoir, de faire de la justice sa « boussole ».
« Force est de constater que la junte s’écarte des règles et des principes de l’Etat de droit et traîne volontairement le pas dans l’accomplissement des diligences nécessaires au retour à l’ordre constitutionnel », disent-ils.
Le chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya, qui s’est fait investir président le 1er octobre, s’est engagé à rendre le pouvoir à des civils élus à l’issue d’une période transitoire. Mais il refuse de se laisser dicter un délai. Les partis reprochent à la junte une « vision unilatérale ».
Ils la soupçonnent de chercher à « discréditer et humilier » ses leaders en les poussant hors de chez eux au nom d’un programme de récupération de biens de l’Etat, comme elle vient de le faire avec deux éminentes personnalités nationales.
Une cour de répression des infractions économiques, instaurée par les autorités, est devenue un « instrument pour disqualifier des leaders politiques gênants », disent-ils.
Ils réclament un « cadre permanent de dialogue » pour discuter de l’échéance du retour des civils au pouvoir. Ils demandent le respect du droit et de la « dignité humaine ».
Il se réservent d’utiliser tous les moyens légaux, « y compris les manifestations pacifiques », pour obtenir satisfaction, et demande au « peuple de se tenir prêt ». La prise de pouvoir des militaires a été bien accueillie par une population exaspérée par la pauvreté, la corruption et la répression des dernières années du président Alpha Condé.
Mais six mois après, c’est la deuxième déclaration en quelques jours à agiter la menace de manifestations, après celle d’un collectif qui a orchestré des mois de contestation en 2019-2020. Cette mobilisation avait fait des dizaines de morts, dans un pays coutumier des protestations violentes.
SOURCE : AFP