Un colloque international sur les motocyclettes regroupant des participants venus de dix pays, s’est ouvert ce mercredi à l’Université de Kara (environ 420 km au nord de Lomé), a constaté l’Agence Savoir News.
Placée sous le thème « La motocyclette dans tous ses états en Afrique subsaharienne : entre pratique mobilitaire, enjeux socioéconomiques et représentations sociales », cette rencontre est co-organisée par le laboratoire de recherche de l’Université de Kara (PREDES) et l’École des Haute Études en Sciences Sociales (EHESS) de Marseille.
L’histoire de la motocyclette en Afrique remonte à l’époque coloniale où son usage était limité à l’élite coloniale. Mais à partir des années 1960 jusqu’à la fin des années 1980, les motos d’abord européennes puis japonaises, vont favoriser la mobilité d’une classe moyenne africaine émergente, composée de fonctionnaires, de salariés du secteur privé et d’étudiants fortunés.
« La motocyclette est devenue un élément important de la culture matérielle, surtout urbaine. Depuis les années 2000, les importations massives des motos chinoises et indiennes plus abordables à l’achat que leurs concurrentes de marque japonaises, ont inauguré une nouvelle phase dans la diffusion de ce mode de transport, qui a désormais supplanté l’usage des voitures dans tous les pays d’Afrique subsaharienne », a souligné Dr. Assogba Guezere, maître de conférence à l’Université de Kara et président du comité d’organisation dudit colloque.
Ce colloque sur les motocyclettes en Afrique, est le premier du genre sur le continent et se propose d’explorer dans une perspective multidisciplinaire et comparative, les différentes dimensions de l’essor de la motocyclette sur le continent, bien au-delà de la question de mobilités.
Les participants – notamment des géographes, historiens, anthropologues, sociologues et économistes – vont croiser leurs regards à travers des contributions dans deux grands panels : « L’essor des taxis motos, leurs pratiques et les représentations » et « Gouvernance, économie et chaine d’approvisionnement des motos ».
– Plusieurs communications et des conférences –
Il est prévu 44 communications (dont plusieurs communications en ligne) et 3 conférences débats dont la conférence inaugurale, qui a été présentée par Kengne Fodouop, professeur émérite à l’université de Yaoundé 1 (Cameroun).
Dans son discours de circonstance, la directrice de la recherche et de la coopération de l’Université de Kara, Dr Kuwèdaten Napala (maître de conférences) a fait savoir « qu’au regards des défis actuels de l’urbanisation rapide et incontrôlée de nos villes et corrélativement, de la forte demande de régulation du secteur des transports, l’essor de la motocyclette sur le continent africain revêt une dimension très importante pour la réflexion ».
« Son utilisation qui évolue dans le temps et dans l’espace, suscite aujourd’hui un certain nombre de préoccupations, notamment ses filières de commercialisation nationales et transnationales, les impacts économiques induits, les transferts technologiques », a-t-elle précisé.
Dr Napala a invité les enseignants chercheurs à « défricher de fond en comble, la question de genre liée au métier de taxi-moto ».
Pour elle, ce colloque sera l’occasion historique de déconstruire certains clichés et d’aider les femmes à s’affranchir des préjugés qui écument la gent féminine dans son épanouissement et son autonomisation.
Pour Tchede-Issa Ilyassou (représentant du ministère en charge des transports), la tenue de ce colloque « constitue un jalon important vers la réussite du programme de la politique des transports, qui a pour ambition de promouvoir la réforme de ce secteur et faciliter le renforcement des capacités de sa gestion, garantissant ainsi un système de transport sûr, fiable, sécurisé et économiquement sain ».
En ouvrant ce colloque, Dr Bakpa Minboabe (doyen de la FLESH et maître de conférences) a souligné que cette rencontre, « constitue une preuve de dialogue des laboratoires et des structures de recherches, visant à favoriser les partenariats, la mutualisation des compétences et le travail en commun des différents acteurs œuvrant sur des terrains européens et africains ».
Ce colloque rejoint selon lui, l’un des objectifs de l’université de Kara qui est celui de construire une université inscrite dans son environnement. FIN
De Kara, Peter MALOUMBA