Il y a très peu de neige en Afrique, mais, depuis 1984, au moins un pays africain a participé à chaque édition des Jeux olympiques d’hiver. Ce qui a fait des athlètes envoyés des pionniers.
Un nombre record de huit pays africains ont participé aux Jeux olympiques d’hiver de 2018 à PyeongChang, en Corée du Sud. Aux jeux d’hiver de Pékin de 2022, actuellement en cours, l’Afrique est représentée par six athlètes issus de cinq pays : l’Érythrée, le Ghana, Madagascar, le Maroc et le Nigeria, cinq d’entre eux concourant en ski alpin (descente) et un en ski de fond.
On ne s’attend pas à ce que ces athlètes remportent des médailles en 2022. Mais, en général, le motif prédominant de la présence africaine aux Jeux olympiques d’hiver est de participer et non de gagner, comme le montre mon étude de l’histoire du continent aux jeux d’hiver.
En revanche, les pays africains ont obtenu des résultats relativement bons aux Jeux olympiques d’été, en particulier dans les épreuves de course de demi-fond et de fond. Depuis 1908, ils ont remporté plus de 400 médailles à ces jeux, alors qu’aux Jeux olympiques d’hiver, les athlètes représentant les pays africains n’ont, jusqu’à présent, pas remporté de médaille.
Compte tenu de la géographie du continent, cela n’a rien d’étonnant. La température annuelle moyenne en Afrique est de 25,7 degrés Celsius. La différence entre la moyenne du mois le plus chaud et celle du mois le plus froid en Afrique est d’à peine 1,9 degré Celsius, la neige étant une rareté. Ce continent n’a donc pas les conditions climatiques requises pour les sports d’hiver disputés en extérieur sur la neige ou sur la glace. Pourtant, les athlètes représentant les pays africains ont contribué aux objectifs d’universalité et d’inclusion du mouvement olympique.
la majorité de ces athlètes olympiques ont des liens étroits avec les pays enneigés de l’hémisphère nord. Beaucoup sont nés de parents d’origine européenne et africaine et ils ont quitté l’Afrique lorsqu’ils étaient jeunes pour vivre dans l’hémisphère nord ou alors pour poursuivre leurs études et leur formation dans des régions du monde connues pour leurs hivers enneigés. Dans de nombreux cas, ils sont revenus en Afrique pour représenter leurs pays respectifs aux jeux.
Au total, 15 pays africains ont participé aux Jeux olympiques d’hiver en 58 ans, de 1960 à 2022. Même s’ils n’ont pas remporté de médailles, certains athlètes ont individuellement connu le succès et sinon ont joué un rôle de pionniers.
Les pays les plus compétitifs
Sur les 15 pays qui ont représenté l’Afrique, seuls sept ont participé à plus d’une édition des Jeux olympiques d’hiver. L’Afrique du Sud a été le premier pays africain à y prendre part. Compte tenu des boycotts politiques contre l’apartheid en Afrique du Sud, la première participation du pays aux Jeux de 1960 à Squaw Valley aux États-Unis a aussi été la dernière jusqu’à l’instauration de la démocratie. L’Afrique du Sud a été exclue des Jeux de 1964 et suspendue du Mouvement olympique en 1970. Son retour aux Jeux olympiques d’hiver a eu lieu à Lillehammer, en Norvège, en 1994.
Le Maroc est devenu le deuxième pays africain à participer aux Jeux olympiques d’hiver lorsqu’une équipe de cinq skieurs alpins a représenté ce pays aux Jeux de 1968 à Grenoble, en France. Un peu plus d’une décennie avant, en 1956, le pays avait obtenu son indépendance de la domination coloniale française. En raison du conflit du Sahara occidental, le Maroc n’a pas pu participer aux Jeux olympiques d’hiver pendant les 16 années qui ont suivi. Lors du retour de ce pays aux Jeux de Sarajevo, en Yougoslavie, en 1984, une équipe de quatre personnes l’a représenté, une fois encore en ski alpin.
Le Sénégal a fait sa première apparition sur cinq aux Jeux olympiques d’hiver en 1984 à Sarajevo. La participation du Sénégal à cinq différents Jeux olympiques d’hiver se résume à trois athlètes au total, sur une période de 26 ans. Deux des trois athlètes sénégalais avaient des liens étroits avec des pays de l’hémisphère nord, pour avoir grandi dans les Alpes. Cette opportunité a facilité leur capacité à s’entrainer et à se préparer pour les jeux.
Bien que l’Algérie n’ait pas obtenu de résultats probants aux jeux d’hiver de 1992, 2006 et 2010, le pays a au moins dépassé l’étape de la participation « unique », un exploit que de nombreux autres pays africains n’ont pas encore réalisé.
Les exploits individuels
L’une des caractéristiques de la participation de nombreux pays africains est que leurs équipes ne comptaient qu’un seul athlète. Le Kenya a été représenté par un seul athlète lors des quatre jeux d’hiver auxquels le pays a participé entre 1998 et 2018. Le skieur de fond Philip Boit a, pour sa part, représenté le Kenya en 1998, 2002 et 2006, tandis que la skieuse alpine Sabrina Simader était la seule représentante kényane aux Jeux de 2018 en Corée du Sud.
Madagascar a participé à trois jeux d’hiver, en 2006, 2018 et 2022. La skieuse alpine Mialitiana Clerc, leur seule représentante, sera la seule Africaine en compétition en 2022.
Aux Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver, ainsi qu’à PyeongChang en 2018, le Ghana était représenté par un seul athlète. En 2010, il s’agissait du skieur alpin Kwame Nkrumah-Acheampong, né en Écosse de parents ghanéens exilés. C’était la première fois que des concurrents africains se mesuraient à d’autres athlètes d’Afrique, créant ainsi une course dans la course. En 2018, Akwasi Frimpong était le deuxième Ghanéen à participer aux Jeux olympiques d’hiver en skeleton. Il est né et a grandi au Ghana mais a déménagé aux Pays-Pas lorsqu’il était jeune.
La première participation du Togo a eu lieu aux Jeux olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi, en Russie, où le pays était représenté par deux athlètes féminines : la skieuse de fond Mathilde-Amivi Petitjean et la skieuse alpine Alessia Afi Dipol. Robel Teklemaria a été le seul athlète qui a representé l’Éthiopie aux deux participations du pays au Jeux jusqu’à présent: il a pris part aux Jeux de Turin en 2006 et de Vancouver en 2010 en ski de fond.
Compte tenu de facteurs géographiques, politiques, sociaux et économiques, l’Égypte, le Swaziland, le Cameroun et le Zimbabwe n’ont chacun participé qu’une seule fois aux Jeux olympiques d’hiver, néanmoins ils ont contribué à une représentation africaine constante aux jeux d’hiver.
Une présence constante
Un moment fort pour l’Afrique a eu lieu aux Jeux olympiques d’hiver en 2018, lorsqu’un nombre record de huit pays se sont alignés pour la cérémonie d’ouverture en Corée du Sud. Des athlètes du Nigeria, de l’Érythrée, du Ghana, du Kenya, de Madagascar, de l’Afrique du Sud, du Maroc et du Togo ont représenté ce continent. Après le tapage autour de ce que beaucoup considèrent comme les « Jeux olympiques d’hiver les plus africains » jamais organisés en Corée du Sud en 2018, seuls cinq pays africains seront présents aux Jeux d’hiver de Pékin en 2022.
En conclusion, depuis 1984, une nation africaine au moins a pris part aux différents Jeux olympiques d’hiver successifs.
Le climat africain peu propice aux sports d’hiver, comme le bobsleigh, le ski et le snowboard, limite le niveau de participation du continent africain. Toutefois, la mondialisation et l’accès relativement limité aux établissements d’enseignement supérieur en Afrique ont permis aux jeunes athlètes africains d’être en contact avec de nombreuses formes de sports d’hiver, lorsqu’ils font des études ou travaillent à l’étranger, principalement dans l’hémisphère nord.
Cobus Rademeyer, Maître de conférences, Sol Plaatje University
Le Journal de l’Afrique