Art oratoire caractérisé par une liberté d’expression, le Slam est une poésie orale déclamée dans divers espaces. Un art qui se dit, se scande, s’épanouit dans l’univers sonore… Elle oscille entre poésie et performance théâtrale. Au Togo, le Slam a évolué et a encore de l’avenir. Et pour parler de cet art très convoité par la jeune génération, Savoir News a rencontré Kabirou Adédokun (alias Elkib, fils du baobab), l’un des architectes du Slam togolais et de la « Tribu Tabou ». Lisez plutôt.
Savoir News : Le slam sert à quoi ?
Le slam, c’est d’abord un art oratoire, une liberté d’expression. Les gens pensent que c’est seulement des rimes, des figures de style, tout ce qui a trait à la poésie. Mais ça va au-delà. C’est une liberté d’expression. S’exprimer, passer un message, toucher un fait social, dénoncer, ça n’a pas de limite…
Depuis quand est-ce que vous avez commencé à faire du Slam ?
Elkib : j’ai commencé d’abord avec la poésie (l’écriture) sur les bancs de l’école. Ma première sortie en audio remonte à 2006. Le titre, c’était « Dis-moi pourquoi ».
Vous faites donc partie des précurseurs du slam au Togo
Oui, je suis le premier slameur à sortir un clip et à être médiatisé au Togo. C’était en 2006. Le clip est sorti deux ans après l’audio (en 2008) et diffusé sur tous les médias, au Togo et hors du pays (Bénin, 3A Télé sud, Télé sahel, télé mali, etc.).
Avez-vous fait des scènes au Togo ?
J’ai fait beaucoup de scènes au Togo. Mes premières scènes, c’est à l’ex Centre culturel français, Palais des congrès, le terrain…
Faire du slam, c’est aussi de l’audace, n’est-ce pas ? Comment définissez-vous les slameurs ?
Les slameurs sont des poètes, des poètes des temps modernes. Il faut oser monter sur scène, prendre la parole en public et délivrer son message et forcément des émotions à vos auditeurs. Le slameur coupe les phrases à des endroits étonnants, il accélère parfois le rythme, joue avec les mots.
Quels sont les thématiques que vous abordez dans vos textes ?
J’ai sorti pas mal de sons qui parlent du vécu quotidien. Le premier était une tragédie d’amour intitulé, le second titré +Mes efforts+. Et c’est une invite au travail, à lutter contre la paresse. Au total 6 morceaux. Nous avions un groupe d’amis de la plume (au total 5 personnes) appelé +La tribu tabou+ connue de presque tous. Nous avions fait quelques scènes et sorti deux clips : « La poésie m’a choisi » et « #OFA », juste les initiaux de « On Fait Avec », qui signifie qu’on se bat et on avance, malgré tout. OFA a été nominé aux All Music Awards en 2017 dans la catégorie artiste parolier.
Que devient aujourd’hui la Tribu tabou ?
Les membres évoluent en solo. Au besoin, le groupe se reconstitue pour des prestations. C’est ce que nous avons toujours fait. Le 22 janvier, j’étais sur scène avec Papyrus, un membre du groupe dans le cadre de l’événement dénommé « Calebasse Challenge ».
Que dire du slam togolais ?
Le slam togolais a beaucoup d’avenir. J’ai commencé, d’autres m’ont suivi et on a commencé par grandir en 2009. Mais dans la rue, le mot slam a pris place vers les années 2010-2011. Aujourd’hui quand je vois des jeunes slamer, je me dis non, on n’a rien à se reprocher car cet art a de l’avenir… Il y a beaucoup de phénomènes sociaux et chacun aborde une thématique donnée à chaque fois. FIN
Ambroisine Mêmèdé