Au Togo, il y a 25 ans, le sous-secteur café-cacao a été libéralisé et sa gestion confiée aux privés, contribuant à une responsabilisation plus accrue des producteurs et des différents opérateurs économiques.
Depuis lors, la gestion des deux filières a enregistré des avancées avec la création du Comité de Coordination pour les Filières Café et Cacao (CCFCC). Le 23 décembre dernier à Kpalimé, lors de la cérémonie officielle de lancement de la campagne 2021-2022 de commercialisation de ces deux produits, le secrétaire général du CCFCC, M. Enselme Gouthon est revenu largement sur ces avancées.
Selon lui, les efforts de financement déployés par le CCFCC pour la promotion de la production et de la commercialisation du café et du cacao depuis la libéralisation de ce sous-secteur ont permis de maintenir les vergers de caféiers et de cacaoyers, d’améliorer la qualité des produits, de renforcer les capacités des organisations de producteurs et d’améliorer la gestion desdites filières.
Pour rappel, il y a 25 ans le Comité de Coordination pour les Filières Café et Cacao (CCFCC) a vu le jour à l’issue de la libéralisation du sous-secteur, intervenue pour une responsabilisation plus accrue des producteurs et des différents opérateurs économiques. Dès sa création, le CCFCC a initié des tournées périodiques d’information et de sensibilisation des producteurs de café et de cacao, des acheteurs de produits et des agents de développement pour les mobiliser à s’approprier la réforme.
« Le CCFCC a également mis en place un financement de soutien pour réaliser les actions de développement des deux filières. Ce financement qui constitue une part importante des ressources mobilisées par le CCFCC, sert à appuyer la production, la formation, l’information et la sensibilisation des producteurs, l’amélioration de la qualité des produits, la recherche caféière et cacaoyère, et le renforcement des capacités des organisations de producteurs », rappelle le secrétaire général du CCFCC, M. Enselme Gouthon.
Les efforts de financement couronnés par plusieurs réalisations
De l’avis de M. Gouthon, les efforts de financement déployés par le CCFCC pour la promotion de la production et de la commercialisation du café et du cacao ont permis de maintenir les vergers de caféiers et de cacaoyers, d’améliorer la qualité des produits, de renforcer les capacités des organisations de producteurs et d’améliorer la gestion desdites filières. Ces efforts sont couronnés par plusieurs réalisations dont: « la fourniture d’intrants aux organisations de producteurs de café et de cacao », « la replantation de près de 6700 hectares de cacaoyers et de près de 300 hectares de caféiers », « le recépage de plus de 1500 hectares de caféiers », « la sensibilisation des producteurs sur la gestion des feux de végétation ».
M. Gouthon a aussi fait cas de l’entretien et de la réhabilitation de 78km de pistes, de la formation des producteurs pour une meilleure connaissance des maladies et des insectes nuisibles du cacaoyer. La formation des producteurs et leur sensibilisation sur le recépage en caféiculture, la formation de plus de 500 planteurs sur les techniques de récolte et de traitement du café Robusta Gourmet sont tant d’autres réalisations à retenir.
Des initiatives pour encourager la transformation et la consommation locale
Par ailleurs, le secrétaire général du CCFCC a fait comprendre que la contribution du Comité à la mise en œuvre des projets a aidé à la structuration et au renforcement des capacités des organisations de producteurs. Les actions dans ce sens ont abouti à la création de la Fédération des Unions de groupements de Producteurs de café et cacao FUPROCAT«COOP-CA» et à celle du Conseil Interprofessionnel des filières Café Cacao du Togo (CICC-Togo).
« Au cours des quatre dernières campagnes, des efforts particuliers ont été déployés par les acteurs pour lever certaines contraintes majeures en vue d’assurer le développement durable desdites filières », a-t-il dit.
Pour lui, ces efforts se traduisent par le renforcement de l’appui aux différents acteurs, la prise de mesures incitatives pour encourager les jeunes et les femmes à s’intéresser à la cacaoculture et à la caféiculture.
Tous ces sacrifices ont contribué à encourager les initiatives de transformation et de consommation locales du café et du cacao togolais sur la base des expériences en cours.
L’idée étant d’apporter une valeur ajoutée aux produits. Dans ce sens, le CCFCC a conduit le projet d’implantation de kiosques à café. Projet qu’il cofinance avec l’Organisation Inter Africaine du Café (OIAC), sur 5 sites à Lomé, avec possibilité d’extension à l’intérieur du pays, a-t-il renseigné.
Il a évoqué la signature, en avril dernier, d’un protocole d’accord et d’une lettre d’intention avec le « Club des Chocolatiers Engagés » de France, pour valoriser le cacao du Togo sur le marché international, à travers la mise en œuvre d’un projet « Cacao d’excellence ».
Ceci, dans l’optique de procurer aux producteurs une rémunération substantielle. Dans le sillage, il y a eu la formation de trois (3) torréfacteurs togolais à Libreville au Gabon. Ces derniers sont formés pour devenir des formateurs qualifiés pouvant assurer le recyclage des autres acteurs du domaine au Togo…
La production se maintient à un niveau acceptable en dépit des défis
Du point de vue de M. Gouthon, « ses réalisations représentent quelques avancées appréciables, même si du chemin reste à parcourir».
Il a fait remarquer, par ailleurs, que «la production se maintient à un niveau acceptable en dépit des défis environnementaux et sanitaires ».
Ainsi, au cours de la campagne 2020/2021, la production de café s’est établie à 2 400 tonnes contre 2 500 tonnes la campagne précédente. Sur la même période celle du cacao est de 6 100 tonnes contre 107600 en 2019/2020. Au niveau de la commercialisation, dix-huit (18) opérateurs économiques ont assuré l’exportation de 2 000 tonnes de café et 5 400 tonnes de cacao en 2020/2021, soit respectivement 84% et 89% de la production, a-t-il indiqué, précisant que ces chiffres ne concernent que les produits exportés.
Il fait comprendre que le CCFCC, en collaboration avec les autres acteurs, a pris soin, au cours du mois de septembre dernier, de sélectionner une équipe de consultants expérimentés pour l’élaboration d’un Plan national de développement des filières café et cacao.
Ceci, afin de capitaliser les acquis, de s’engager à surmonter les points faibles des deux filières, et de s’inscrire définitivement dans le plan stratégique Togo 2025.
« Il s’agira de réaliser, à travers une étude diagnostique, l’état des lieux des filières café et cacao au Togo, en prenant en compte tous les maillons de la chaîne de valeur de chaque filière, et d’élaborer pour chacune de ces filières, un plan national de développement intégrant les aspects production, transformation, commercialisation et consommation locale. Après élaboration, ces deux plans de développement seront validés par les acteurs et guideront nos actions futures », a-t-il expliqué.
Le Togo jouit d’une grande crédibilité dans les Organisations de café et de cacao
Sur d’autres points, M. Gouthon a renseigné que malgré le niveau relativement bas de la production nationale, le Togo jouit d’une grande crédibilité dans les Organisations Internationales de café et de cacao, à travers le monde, notamment l’Organisation Internationale du Café (OIC), l’Organisation Internationale du Cacao (ICCO), l’Organisation Interafricaine du Café (OIAC), et l’Agence des Cafés Robusta d’Afrique et de Madagascar (ACRAM) dont nous assumons depuis 2011 la présidence jusqu’à ce jour.
« Il est clair que ce qui nous crédibilise à l’international n’est pas le volume de production, mais la qualité de nos produits, notre sérieux au travail et la réputation que les autorités de notre pays ont su asseoir à travers le monde. C’est pourquoi, je voudrais vous prier Messieurs les ministres de bien vouloir transmettre au chef de l’Etat, son Excellence Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé, président de la République, la reconnaissance des grandes familles des filières café et cacao, pour la bonne image qu’il a su donner de notre pays à l’étranger et l’importance qu’il accorde personnellement à nos deux filières », a-t-il plaidé.
M. Gouthon a saisi l’occasion pour renouveler ses remerciements aux ministères de tutelle des deux filières et à tous les partenaires qui accompagnent et orientent le CCFCC.
Parmi ces partenaires, il a cité l’Agence Française de Développement (AFD), le Fonds Commun des Produits de Base (FCPB), la Banque Mondiale, et la GIZ, sans oublier les médias.
Appel à observer davantage de la rigueur dans le respect des procédures
Aux acteurs des filières café et cacao, M. Gouthon les invite « à tout mettre en œuvre pour continuer par mériter la confiance dont nous jouissons de la par des autorités de notre pays et à l’international. Pour y parvenir, je voudrais compter sur la mobilisation de nous tous pour resserrer nos rangs, évoluer de manière concertée et déterminée et ne viser que le meilleur de nos deux filières, ceci dans l’intérêt majeur de nos producteurs. Nous devons davantage observer de la rigueur dans le respect des procédures au niveau de chaque maillon de la chaîne de valeur. Nous devons également œuvrer à consolider notre interprofession et que les quatre familles (CECC, FUPROCAT, SIACCTO et ATCC) qui la composent soient solidaires, y accomplissent aisément leurs devoirs et jouissent de leurs droits. Il est aussi impérieux que nous nous valorisions davantage à travers des statistiques crédibles qui soient communiquées dans les délais. Dans ce contexte, nous avons le devoir de contribuer ensemble à la lutte contre la sortie illicite des produits qui nuit à l’économie de notre pays.
C’est dans ce cadre que je vous invite à plus de vigilance et de transparence dans nos transactions ».
Du reste, il a conclu sur une note d’optimisme pour les deux filières avant de lancer un appel aux acteurs pour se faire vacciner contre la COVID-19 et à poursuivre sereinement les activités dans le respect des mesures barrières, « tout en nous déterminant à atteindre nos objectifs ».
Bernardin ADJOSSE (Togo Presse)