La campagne 2021-2022 de commercialisation du café et du cacao a démarré officiellement jeudi Kpalimé (environ 120 km au nord de Lomé), au cours d’une cérémonie ayant regroupée divers acteurs autour des émissaires du gouvernement, conduits par le ministre Kodjo Adédzé du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation locale, représentant le Premier ministre.
L’occasion a été offerte aux transformateurs de présenter les différents produits issus de la transformation et aux autres acteurs de faire le bilan de la campagne précédente mais aussi de donner des directives sur les procédures à respecter à chaque niveau de la chaîne de commercialisation.
La cérémonie officielle de lancement de cette campagne de commercialisation du café et du cacao s’est déroulée au centre diocésain Mgr Seshide Kpalimé, devant diverses personnalités, dont les émissaires du gouvernement, des chefs traditionnels, les représentants des producteurs et transformateurs, ainsi que des acteurs de la chaîne du commerce et autres. Il s’agissait de remobiliser les acteurs du domaine, pour la remontée périodique d’informations statistiques fiables permettant la prise de décision pour valoriser les activités de ces deux filières au Togo.
Lançant cette nouvelle campagne de commercialisation, le ministre Kodjo Adédzé, a félicité particulièrement les braves producteurs, transformateurs et commerçants du café et du cacao, pour les sacrifices sans cesse consentis en ces temps difficiles de crise sanitaire liée à la covid-19. Il s’est dit par la suite réconforté de constater qu’au-delà du Togo, la promotion de la transformation, de la commercialisation et de la consommation locale du café et du cacao demeurent une préoccupation qui suscite des actions concrètes, citant les formations des torréfacteurs de café et des baristas, et celle relative à la transformation et la torréfaction du café.
«Dans un contexte de prix non rémunérateur dû à des facteurs non maîtrisés par nos pays et de mévente provenant des effets pervers de la covid-19, la transformation et la consommation locale apparaissent plus que jamais comme des alternatives pouvant garantir une grande partie de revenus aux producteurs», a lancé le ministre. Pour lui, l’un des défis qui reste à relever dans les filières café et cacao, demeure l’augmentation durable de la production au moyen de l’amélioration de la productivité et de la préservation de la qualité. Dans le sens des mesures pour faire face à ce défi, il a salué les résolutions de la 9e Assemblée Générale de l’Agence des Cafés Robusta d’Afrique et de Madagascar (ACRAM), tenue à Lomé du 26 au 30 avril 2021, de manière couplée avec la Réunion Régionale sur les Cafés Robusta Africains. Ces résolutions concernent la mise en place d’une Académie de café de l’ACRAM, la création d’un Forum Economique des Robustas Africains et Malgache et la mise en place d’un groupe de travail bipartite ACRAM-CIRAD, pour élaborer un programme de recherche sur la base du Programme Régional de Café.
Transformer sur place nos matières premières en leur apportant plus de valeur ajoutée
Le ministre Adédzé a tenu à rappeler les objectifs de la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA), inaugurée par le chef de l’Etat le dimanche 06 juin 2021, et qui est pour le Togo, la matérialisation d’une nouvelle vision de développement à savoir : «Transformer sur place nos matières premières en leur apportant plus de valeur ajoutée et être plus compétitif sur les marchés internationaux».
Il a invité les acteurs à « faire de la campagne de commercialisation 2021-2022, une campagne réussie, une campagne au cours de laquelle chaque acteur respecte les procédures que vous avez définies de manière consensuelle et fournir en temps réel, les données statistiques fiables sur ses activités ». Au passage, il a, au nom du gouvernement, invité toute la population au strict respect des mesures barrières et à se faire vacciner pour une immunité collective contre la covid-19. Au nom de son ministre, le directeur de cabinet du ministère en charge de l’Agriculture, Konlani Dindiogue, a, pour sa part, indiqué la place du café et du cacao au Togo.
A ses dires, «le café et le cacao constituent, après le coton, les 2 e et 3 e cultures traditionnelles d’exportation du Togo qui procurent des devises importantes dans le secteur agricole, principale source de revenu de plus de quarante mille (40 000) familles. Ces deux produits contribuent à hauteur de 1,4% à la formation du PIB».
Il a relevé que le café et le cacao ont bénéficié et continuent de bénéficier de l’attention particulière du gouvernement, à travers divers programmes, dont le plan stratégique Togo 2020-2025 et les actions en cours pour augmenter les niveaux des productions agricoles.
«Ces actions s’inscrivent dans la mise en œuvre de la feuille de route du ministère de l’Agriculture de l’Elevage et du Développement rural, avec pour objectif l’amélioration de la productivité des spéculations de 10% chaque année», a-t-il rappelé, invitant tous les acteurs des chaînes de valeur du café et cacao à travailler à la sauvegarde du cadre de production de ces deux cultures, en vue d’une production plus abondante et de meilleure qualité.
Des avancées appréciables, même si du chemin reste à parcourir
Dans ce sens, le secrétaire général du Comité de Coordination pour les Filières Café et Cacao (CCFCC), M. Enselme Gouthon, a fait comprendre qu’au cours des quatre dernières campagnes, des efforts particuliers ont été déployés par les acteurs pour lever certaines contraintes majeures, en vue d’assurer le développement durable desdites filières.
Ces efforts se traduisent, entre autres par: le renforcement de l’appui aux différents acteurs, la prise des mesures incitatives pour encourager les jeunes et femmes à s’intéresser à la cacao-culture et à la caféiculture, l’encouragement de la transformation et de la consommation locales du café et du cacao togolais sur la base des expériences en cour, pour apporter une valeur ajoutée aux produits.
Ils se sont traduits aussi par la signature, en avril 2021, d’un protocole d’accord et d’une lettre d’intention avec le «Club des Chocolatiers Engagés» de France, pour valoriser le cacao du Togo sur le marché international, à travers la mise en œuvre d’un projet «Cacao d’excellence», dans l’optique de procurer aux producteurs une rémunération substantielle.
«Ces réalisations représentent quelques avancées appréciables, même si du chemin reste à parcourir», a-t-il dit, avant de faire noter que la production se maintient à un niveau acceptable en dépit des défis environnementaux et sanitaires.
«Au cours de la campagne 2020/2021, la production de café s’est établie à 2 400 tonnes, contre 2 500 tonnes la campagne précédente. Sur la même période, celle du cacao est de 6 100 tonnes contre 10 600 en 2019/2020. Au niveau de la commercialisation, dix-huit (18) opérateurs économiques ont assuré l’exportation de 2 000 tonnes de café et 5 400 tonnes de cacao en 2020/2021, soit respectivement 84% et 89% de la production», a-t-il indiqué, précisant que ces chiffres concernent seulement ce qui est réellement exporté.
M. Gouthon a fait comprendre qu’afin de capitaliser les acquis, de s’engager à surmonter les points faibles des deux filières et de s’inscrire définitivement dans le plan stratégique Togo 2025, le CCFCC, en collaboration avec les autres acteurs, a pris soin, en septembre dernier, de sélectionner une équipe de consultants expérimentés pour l’élaboration d’un Plan National de Développement des filières café et cacao. Il s’agira de réaliser, à travers une étude diagnostique, l’état des lieux des deux filières, en prenant en compte tous les maillons de la chaîne de valeur de chaque filière, et d’élaborer pour chacune de ces filières, un plan national de développement intégrant les aspects production, transformation, commercialisation et consommation locale. Après élaboration, ces deux plans de développement seront validés par les acteurs et
guideront les actions futures.
La production du Togo jouit d’une grande crédibilité dans le monde
«Malgré le niveau relativement bas de notre production, notre pays jouit d’une grande crédibilité dans les Organisations Internationales de café et de cacao à travers le monde, notamment l’Organisation Internationale du Café (OIC), l’Organisation Internationale du Cacao(ICCO), l’Organisation Interafricaine du Café (OIAC), et l’Agence des Cafés Robusta d’Afrique et de Madagascar (ACRAM). Il est clair que ce qui nous crédibilise à l’international n’est pas le volume de production, mais la qualité de nos produits, notre sérieux au travail et la réputation que les autorités de notre pays ont su asseoir à travers le monde», a-t-il précisé, remerciant, dans la lignée, le chef de l’Etat, pour la bonne image qu’il a su donner au Togo à l’étranger et l’importance qu’il accorde personnellement aux deux filières.
Il a invité tous les acteurs à tout mettre en œuvre pour «continuer par mériter la confiance dont nous jouissons de la part des autorités de notre pays et à l’international. Pour y parvenir, je voudrais compter sur la mobilisation de nous tous pour resserrer nos rangs, évoluer de manière concertée et déterminée et ne viser que le meilleur de nos deux filières, ceci dans l’intérêt majeur de nos producteurs».
Le CCFCC a vu le jour il y a 25 ans, à l’issue de la libéralisation du sous-secteur, intervenue pour une responsabilisation plus accrue des producteurs et des différents opérateurs économiques. Depuis sa création, le CCFCC a initié des tournées périodiques d’information et de sensibilisation des producteurs, acheteurs de produits et agents de développement, pour les mobiliser à s’approprier la réforme.
Le CCFCC a également mis en place un financement de soutien pour réaliser des actions de développement des deux filières. Ces efforts ont permis de maintenir les vergers de caféiers et de cacaoyers, d’améliorer la qualité des produits, de renforcer les capacités des organisations de producteurs et d’améliorer la gestion desdites filières.
Les réalisations marquant ces efforts du CCFCC sont, entre autres : la fourniture d’intrants aux organisations de producteurs de café et de cacao, la replantation de près de 6700 hectares de cacaoyers et de près de 300 hectares de caféiers, le recépage de plus de 1500 hectares de caféiers, l’entretien et la réhabilitation de 78 km de pistes.
La contribution du CCFCC à la mise en œuvre des projets a aussi aidé à la structuration et au renforcement des capacités des organisations de producteurs, aboutissant à la création de la Fédération des Unions de groupements de Producteurs de Café et Cacao (FUPRO-CAT) «COOP-CA» et à celle du Conseil Interprofessionnel des filières Café Cacao du Togo (CICC-Togo).
Bernardin ADJOSSE (Togo Presse)