Le roi d’Abomey, royaume ancestral dans le sud du Bénin, Dadah Kêfa Sagbadjou Glèlè est décédé la semaine dernière, a déclaré jeudi à l’AFP un haut-dignitaire de la royauté du petit pays d’Afrique de l’Ouest.
« La royauté est en deuil. Le roi d’Abomey, le souverain Kêfa Sagbadjou Glèlè a rejoint ses ancêtres, vendredi 17 décembre », a déclaré à l’AFP Dako Kpogbémambou Vovoweyenonsin, haut-dignitaire de la royauté dans le département du Zou (sud).
« Nous nous sommes rendus au palais ce matin pour nous faire annoncer la mauvaise nouvelle », a-t-il expliqué, avant de poursuivre d’une voix très émue: « Je suis dans une totale consternation ».
Selon les us et coutumes locales, il est interdit de dire que le roi « est mort » par respect pour son caractère sacré. Il faut utiliser des expressions plus nuancées comme « la nuit est tombée sur Abomey », la capitale de ce royaume vieux de quatre siècles, autrefois connu sous le nom de royaume du Dahomey (ancien nom du Bénin).
Intronisé en janvier 2019 à l’âge de 90 ans, Dadah Sagbadjou Glèlè, prêtre de formation, a succédé à l’ancien roi Dadah Dédjalagni Agoli-Agbo, décédé en juillet 2018 après près de trente ans de règne.
La mort du souverain survient un mois après sa dernière apparition publique à l’occasion du retour à Cotonou, la capitale économique, de 26 trésors royaux d’Abomey pillés par les troupes coloniales françaises au XIXe siècle.
Après la cérémonie, il avait fait part de sa vive émotion à l’AFP : « Je ne peux expliquer la joie qui m’étreint. Ces objets étaient destinés dès leur départ à un retour. Tôt ou tard, ils devaient rentrer pour que s’accomplissent les paroles dites par nos ancêtres. »
Pour l’heure, aucune date n’a été communiquée pour l’organisation des hommages publics, cérémonies et rituels relatifs à ce décès qui précèdent traditionnellement la désignation d’un nouveau roi.
Héritier d’une longue lignée de monarques, Dadah Sagbadjou Glèlè était le dernier petit-fils direct du roi Glèlè, père du roi Béhanzin qui avait été déporté lors de la lutte coloniale contre la France, mettant fin au pouvoir politique du royaume.
De nos jours, la Constitution béninoise ne reconnaît pas de pouvoir politique aux rois et autres chefs traditionnels.
Mais ils conservent une grande influence sur la vie de la cité. En août 2018, quelque 30.000 personnes, dont de nombreux membres du gouvernement et députés étaient venus se recueillir à Abomey pour un dernier hommage à Dadah Dédjalagni Agoli-Agbo.
Après son accession au trône en 1989, ce roi populaire avait travaillé à la rénovation de plusieurs palais, dont certains sont devenus une priorité touristique.
SOURCE : AFP