Débout au milieu de son champ de coton à Sodjakopé (environ 90 km au nord-est de Lomé), Palakiyem Gnadjao procède à la récolte. Il est appuyé par une quarantaine de femmes et d’hommes, éparpillés dans ce champ de coton d’environ 30 hectares. Ce jeune homme emploie une méthode de production jusque-là, jamais utilisée au Togo.
« Gnadjao est un cas particulier, car il a réussi. Il a mis en pratique ce qu’il a vu à l’ITRA (Institut Togolais de Recherche Agronomique). Il a fait un plant par poquet, contrairement à ce que nous faisons d’habitude : on démarre souvent avec deux plants, trois plants, quatre plants voire six plants par poquet. En plus, il a fait un traitement rapproché », a qualifié Kouroufei Koussouwè, président du conseil d’administration de la Fédération nationale des groupements de producteurs de coton (FNGPC).
« Raison pour laquelle nous avons invité, au moins deux gros producteurs de coton par région, pour qu’ils découvrent les techniques utilisées par Palakiyem, afin de les appliquer dans leurs localités respectives et servir d’exemples aux autres », a-t-il ajouté.
Ainsi, venus des cinq régions du Togo, ces gros producteurs dont des femmes, ont parcouru le champ de coton du jeune Gnadjao, âgé d’environ 30 ans.
Ce dernier n’hésite pas à leur expliquer en détail, les techniques et les produits utilisés.
« Outre le plant par poquet, il faut bien respecter les techniques de traitement : le traitement se fait chaque semaine et non une fois toutes les deux semaines », a expliqué Palakiyem Gnadjao.
Par ailleurs, a-t-il poursuivi, « les nouveaux produits mis à notre disposition ont beaucoup contribué au rendement qu’on observe aujourd’hui. Et nous demandons aux nouvelles autorités en charge du coton, de continuer sur la même lancée ».
Le jeune cotonculteur qui a semé son coton le 1er juillet, fait sa récolte depuis le 10 novembre. Il entend récolter au moins 35 tonnes de coton pour cette campagne. La campagne écoulée, il avait produit plus de 32 tonnes.
« L’année prochaine, je vais mettre en pratique les techniques utilisées par M.Gnadjao. C’est d’ailleurs, la raison de mon déplacement sur son site. Comme nous sommes ensemble, il va encore nous expliquer en profondeur, toutes les techniques qu’il a utilisées », a confié Mme Namana Morongou, productrice de coton dans la région des Savanes (nord).
« C’est impressionnant tout ce que j’ai vu dans ce champ. Je vais rapidement changer de méthode et adopter ce système. Je n’ai jamais pratiqué les techniques utilisées par Gnadjao », a renchéri Yao Afatchao, gros producteur de coton dans la région maritime depuis 18 ans.
Meilleur rendement l’année prochaine
« Si nous appliquons correctement ces nouvelles techniques, je suis certain que le rendement sera meilleur l’année prochaine au plan national », a-t-il ajouté.
Précisons que la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT) entend fortement rebondir après la mauvaise performance enregistrée pour la campagne cotonnière 2020-2021.
Pour cette campagne, le Togo a produit, péniblement, 67.000 tonnes de coton-graine contre 116.000 tonnes la campagne 2019-2020, soit une chute de 43%. Or le pays avait tablé sur 152.000 tonnes.
Les raisons évoquées sont multiples : la baisse importante du prix de coton-graine de 265F/kg à 225 F/kg, la mauvaise qualité des semences de coton, environ 14.000 hectares frappés par des inondations dans le nord, une période de sécheresse durant la saison des semis et du développement du cotonnier.
Pour la campagne 2021-2022, la nouvelle direction de la NSCT, conduite par les responsables du Groupe singapourien Olam (actionnaire majoritaire), a décidé de redonner vie à l’or blanc togolais.
Le Togo entend produire 135.000 tonnes de coton graine pour la campagne 2021-2022 pour une superficie de 190.000 hectares (contre 100.050 hectares, la campagne écoulée).
Et pour galvaniser les cotonculteurs, la direction de la NSCT a fait le tour des six régions de la production cotonnière, afin de dresser le point de l’ensemble des engagements pris pour la nouvelle campagne, les objectifs assignés, le nouveau prix de coton-graine, ainsi que les changements déjà engagés et ceux envisagés.
L’une des décisions phares est la hausse du prix du coton amélioré, désormais fixé à 254 FCFA/kg. La société a mis à la disposition des cotoncuteurs, des intrants de qualité. FIN
Junior AUREL