Secouée par les défis liés à la messagerie, la presse écrite togolaise se retrouve aujourd’hui confrontée à la révolution du numérique, caractérisée par un dynamisme impressionnant dans la transmission de l’information : une floraison de sites internet et plateformes accessibles et véhiculant des informations traitées sous divers angles…
La presse traditionnelle peut-elle survivre face à cette révolution ?
C’est la question qui a fait l’objet des recherches de Motchosso Kodolakina (directeur de publication du quotidien privé TogoMatin), étudiant en fin de parcours Master professionnel en journalisme et technologies numériques. Thème de recherches : « La presse écrite togolaise face aux enjeux du numérique ».
L’impétrant était vendredi dernier à l’Institut des sciences de l’information, de la communication, et des arts (ISICA), devant un jury pour l’exposé oral des travaux de ses recherches. Un travail scientifique bien apprécié par le jury, qui lui a décerné la mention Bien.
« Ce sujet nous a permis de nous interroger au regard de notre parcours professionnel, amorcé il y a deux décennies dans la presse écrite », a précisé M. Kodolakina.
« Beaucoup de professionnels de la presse écrite sont sensibles de nos jours, aux usages et à l’adoption du numérique qui semblent modifier la chaîne de transmission de l’information en ce qui concerne la collecte, le traitement et la diffusion de celle-ci. Notre idée était ainsi, de travailler à comprendre la dynamique appropriative du numérique par les professionnels de la presse écrite au Togo ».
Notre objectif, a-t-il poursuivi, était « d’expliquer les raisons des usages et d’adoptions du numérique des professionnels de la presse écrite, afin de susciter une prise de conscience de leurs effets positifs ».
Analyse et conclusions tirées des recherches
Des résultats exposés par M. Kodolakina, il ressort que la productivité du travail serait un motif important de l’appropriation du numérique par les professionnels de la presse écrite.
« Outre la productivité, l’étude montre que le travail de la presse devient maintenant plus facile et plus rapide, en raison de la présence d’outils numériques qui sont l’ordinateur, l’enregistreur, les logiciels de transcription, la visioconférence, etc. », a-t-il souligné.
De plus, la grande majorité des professionnels de la presse écrite (interrogée par M. Kodolakina dans le cadre de son enquête) pensent que « la santé économique des journaux papiers est fragilisée » par l’apparition du numérique.
« En conclusion, nous notons que les technologies numériques sont en passe de bouleverser non seulement l’économie des médias traditionnels, mais aussi leurs modes d’organisation, leurs structures et leurs contenus. Ainsi, au jour le jour, l’on assiste à la création des sites internet par les organes de presse pour faire face à cette révolution », a-t-il exposé devant le jury.
Recommandations pour la presse écrite
Selon M. Kodolakina, il est presque impossible aujourd’hui, de concevoir un format papier sans un format digital pour le renforcer. Les deux formats doivent donc être consolidés ensemble. Il propose donc une rédaction pour chaque format.
« Les rédactions qui produisent à la fois du papier et qui font du web peuvent dissocier l’une et l’autre rédaction, même dans la même enceinte », a-t-il proposé, suggérant qu’un service commercial spécifique soit dédié à chaque format.
« L’argumentaire qui permet de vendre des espaces sur le web ne saurait être le même pour vendre des espaces dans le papier ou le journal imprimé », a expliqué Motchosso Kodolakina (également directeur du site d’information Le nouveau reporter).
Notons que le jury a été présidé par Pr Kpakpo Mawussé Akué Adotévi (Directeur de l’Institut des sciences de l’information, de la communication et des arts (ISICA). Il était composé de Mme Kpakpo Pépévi (Maître de conférences), Anoumou Amekudji et Napo Gnane, maîtres-assistants. FIN
Ambroisine MEMEDE