La protection et le bien-être des enfants en République centrafricaine (RCA) se sont gravement détériorés ces derniers mois et particulièrement depuis la fin de l’année 2020 avec un pic pour la plupart des six violations graves, selon le dernier rapport sur le pays du Secrétaire général portant sur les enfants et les conflits armés paru lundi.
NEW YORK, USA, le 16 Novembre 2021,-/African Media Agency (AMA)/-« La situation sécuritaire en République centrafricaine s’est rapidement dégradée ces derniers mois et les enfants paient un prix élevé pour cette reprise des hostilités », a expliqué la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba.
La Représentante spéciale précise que la vulnérabilité des enfants centrafricains aux violations graves a été largement exacerbée par une recrudescence des hostilités à travers le pays, notamment les attaques des groupes armés et les opérations militaires contre-offensives des forces gouvernementales et pro-gouvernementales pendant les processus électoraux de 2020 qui se poursuivent à ce jour.
Le rapport de son Bureau souligne que 1.280 enfants ont subi une ou plusieurs violations graves entre le 1er juillet 2019 et le 30 juin 2021, les filles représentant plus de 40 % de toutes les victimes. La plupart des violations graves ont été commises par des groupes armés ; néanmoins 5% ont été attribuées aux Forces armées centrafricaines (FACA) et au personnel de sécurité déployé de manière bilatérale et autre.
« J’appelle les signataires de l’Accord politique à respecter leurs engagements, y compris ceux qui concernent les enfants, et à mettre en place de toute urgence des mesures concrètes pour protéger les enfants contre le danger et empêcher de nouvelles violations », a déclaré Mme Gamba.
Recrutement, utilisation d’enfants et violences sexuelles sont les violations les plus importantes
Le recrutement et l’utilisation d’enfants ont été la violation la plus importante avec 845 garçons et filles affectés.
Viennent ensuite les incidents de viol et d’autres formes de violence sexuelle, dont le nombre vérifié est inquiétant, bien que la violation soit largement sous-déclarée, généralement par crainte de représailles, de stigmatisation, d’absence de responsabilité et de soutien aux victimes et aux survivants. Au moins 249 filles ont été victimes de viols ou d’autres formes de violence sexuelle, mais l’ampleur réelle de ces violations est probablement bien pire.
Le refus d’accès humanitaire a été la troisième violation la plus vérifiée avec 226 incidents.
« La situation devient de plus en plus difficile pour les acteurs humanitaires, qui luttent et font face à des dangers croissants pour atteindre les plus vulnérables, notamment les enfants, qui ont un besoin urgent d’une assistance vitale », a déclaré Virginia Gamba.
Au 30 juin 2021, 2,8 millions de personnes avaient besoin d’une aide humanitaire et plus de 717.000 personnes avaient été déplacées à l’intérieur du pays, selon les chiffres de l’OCHA.
Par ailleurs la fréquence des attaques contre les écoles et les hôpitaux est également préoccupante, car les systèmes d’éducation et de santé sont restés profondément affectés par le conflit et ont été encore plus touchés par la pandémie de COVID-19. Aussi, le nombre élevé de cas d’utilisation militaire d’écoles est de plus en plus préoccupant.
La violence dans le pays a fait payer un lourd tribut aux enfants :
- Recrutement et utilisation : 845 enfants
- Meurtre et mutilation : 155 enfants
- Viols et autres formes de violences sexuelles : 249 filles.
- Attaques contre les écoles et hôpitaux : 41 attaques contre des écoles, 31 attaques contre des hôpitaux
- Enlèvements : 116 enfants
- Refus d’accès humanitaire : 226 incidents
« Ces incidents ont privé les enfants d’aller en classe ou les ont obligés à s’inscrire dans d’autres écoles » a fustige Mme Gamba exhortant toutes les parties « à libérer toutes les écoles et tous les hôpitaux qui continuent d’être utilisés, à respecter le caractère civil de ces installations et à mettre en place des mesures rapides et efficaces pour prévenir cette pratique, conformément à l’engagement pris dans le cadre de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles que le pays a approuvée ».
Des progrès pour les enfants malgré les défis
La Représentante spéciale s’est néanmoins félicitée du renforcement du cadre juridique national par la promulgation du Code de protection de l’enfant en juin 2020 dont des dispositions criminalisent les six violations graves contre les enfants.
Mme Gamba a exhorté le gouvernement à mettre rapidement en œuvre la nouvelle loi.
Elle a également signalé que le plaidoyer des Nations Unies sur le terrain auprès des groupes armés a conduit à la séparation de 653 enfants des groupes armés, qui ont tous bénéficié d’un soutien à la réintégration, avec 130 enfants de plus séparés depuis juin 2021.
La Représentante spéciale souligne l’importance d’un soutien complet à la réintégration pour tous les enfants libérés, y compris le dépistage médical, la recherche et la réunification des familles, l’assistance psychosociale et la formation éducative ou professionnelle.
À ce titre, elle rappelle à la communauté internationale l’importance de continuer à soutenir les efforts de réintégration tant sur le plan politique que financier, notamment la Coalition mondiale pour la réintégration des enfants soldats.
L’impunité reste élevée
Malgré certains progrès dans la responsabilisation des auteurs de crimes contre les enfants, l’impunité reste élevée et la Représentante spéciale exhorte les autorités à « traduire les auteurs en justice et à utiliser pleinement le Code de protection de l’enfant récemment promulgué ».
Aussi la Représentante spéciale signale qu’en raison de la pandémie de Covid-19, en RCA, les mécanismes de protection ont été affaiblis et les écoles ont été fermées pour empêcher la propagation du virus, ce qui a suscité des inquiétudes quant à une augmentation potentielle de la vulnérabilité des enfants à davantage de violations, notamment le recrutement et l’utilisation, et la violence sexuelle.
« Alors que les pays du monde entier continuent à se concentrer sur leur réponse à la pandémie et à déployer des programmes de vaccination, nous devons nous tenir prêts à répondre aux besoins urgents des enfants, en particulier dans les régions où la situation est la plus critique », a affirmé Virginia Gamba.
Elle appelle en outre le gouvernement et les parties au conflit à développer une stratégie nationale pour prévenir les violations graves contre les enfants et ajoute que les Nations Unies sont prêtes à soutenir tous les efforts pour mieux protéger les enfants centrafricains.
Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.
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