Le gouvernement « veillera ce que la situation contractuelle de tous les agents » de la société Mèche Amina, « soit régularisée et formalisée », a promis Gilbert Bawara (ministre de la fonction publique, du travail et du dialogue social).
L’usine Mèche Amina, spécialisée dans la fabrication de cheveux synthétiques, a été secouée ces derniers mois par une forte tension entre employeurs et employés, ponctuée de grèves à répétition, ce qui a entraîné le licenciement d’une bonne partie du personnel.
Mais les choses semblent rentrer dans l’ordre, suite à la « médiation » notamment du ministre de la fonction publique.
« C’est une entreprise au sein de laquelle le gouvernement va s’engager beaucoup plus activement. Nous allons accompagner cette entreprise pour que l’employeur comprenne qu’il a intérêt à favoriser le dialogue et la concertation avec les travailleurs y compris par l’intermédiaire des organisations syndicales », a souligné M.Bawara, affirmant que le « gouvernement s’est battu » pour empêcher le licenciement des centaines, voire plus de 1.000 agents de cette société.
« Nous allons veiller à ce que la situation contractuelle de tous les agents soit régularisée et formalisée. Même si on est payé à la tâche, il est possible d’avoir un contrat écrit », a martelé samedi soir , le ministre sur le plateau de la télévision nationale.
« Nous allons vraiment accompagner cette société à la fois pour améliorer la situation de dialogue au sein de la structure, mais en même temps, faire en sorte que les travailleurs ne soient pas vulnérables et dans la précarité, parce qu’un certain nombre d’actes n’étaient pas formalisés et ne permettaient pas aux travailleurs de se sentir à l’aise et d’être protégés », a-t-il reconnu.
M.Bawara a également dénoncé les « agissements » des délégués du personnel pendant la période de trouble, vécue par la société. Le ministre s’est aussi prononcé sur le cas d’Editogo et de Dodo Cosmetics.
La situation à Editogo
Concernant Editogo, le ministre a dénoncé le comportement notamment des délégués du personnel.
« Ils devraient s’efforcer de promouvoir le dialogue et la concertation entre l’employeur et les travailleurs, de remonter les préoccupations des travailleurs vers l’employeur et de faire en sorte que les deux parties puissent discuter et parvenir à un terrain d’entente, qui préserve à la fois l’outil de travail et en même temps veille à protéger les travailleurs et à contribuer à l’amélioration de leurs conditions », a-t-il indiqué.
« Ces délégués syndicaux ou ces délégués du personnel ferment les clés d’une entreprise, bloquent les machines, ferment les clés des véhicules qui doivent effectuer des livraisons. Quelle que soit la nature du problème qui existait, cela n’est pas acceptable », a-t-il déploré.
« Cette entreprise, pour le moment, vit presque essentiellement sur la base des subsides et des subventions de l’État. Le monopole qu’Editogo avait dans le passé, n’existe plus. Ce qui signifie que les travailleurs, y compris les délégués du personnel, doivent faire preuve de plus de retenue, doivent faire preuve de bon sens et de responsabilité. Quand il y a des problèmes, il doit être possible de discuter avec l’employeur, de se référer aux organisations syndicales, de se référer aux inspecteurs du travail. Nous-mêmes ministres, nous avons été toujours disponibles et ouverts pour recevoir les travailleurs, les délégués du personnel, les délégués syndicaux, les écouter et voir comment rechercher des solutions ».
Selon le ministre, «les agissements qui ont été constatés à Editogo ne donnaient pas d’autres choix aux inspecteurs du travail et au ministère chargé du travail, qu’à approuver la mesure du licenciement voulue par l’employeur ».
M.Bawara s’est également appesanti sur d’autres sujets : le prochain concours de recrutement dans la fonction publique, le paiement des allocations de départ à la retraite, la grève déclenchée par la Fédération des syndicats de l’éducation nationale (FESEN) et les 1192 directeurs d’établissements du préscolaire et primaire dégommés.
Le concours de recrutement dans la fonction publique
Le concours de recrutement dans l’administration générale pour le compte de l’année 2021 aura lieu, a réaffirmé le ministre.
Ce dernier a rappelé la situation sanitaire liée à la Covid-19 que traverse le pays depuis mars 2020, ce qui a contraint le gouvernement a opté d’abord pour « la protection de la sécurité de la santé des togolais ».
Il serait également difficile de contenir une forte mobilisation des candidats à certains endroits, au moment où le pays enregistrait des pics de propagation et de contamination du virus.
« C’est d’ailleurs pour cette raison que d’autres concours de recrutement ont pris du retard : les concours de recrutement dans la santé, l’éducation, au ministère des finances…. Maintenant qu’il y a un certain éclairci, nous pouvons accélérer les préparatifs en vue de la tenue effective de ce concours de recrutement. Les diligences sont en train d’être accomplies par mes services, en lien avec les services compétents du ministère de l’économie et des finances. Donc, nous espérons que dans les semaines qui viennent, nous pouvons publier un communiqué, indiquant les profils et les compétences qui sont recherchées et naturellement, précisant les dates d’organisation du concours. Notre espoir, c’est de pouvoir organiser ce concours avant la fin de cette année », a-t-il précisé.
« Mais contrairement à ce que nous faisions par le passé où les concours de recrutement dans l’administration en général se faisaient avec les mêmes épreuves pour tous les candidats, cette fois-ci, les profils et les compétences, les besoins spécifiques, ministère par ministère, service par service, institution par institution, ont été bien identifiés. Donc lors du lancement du concours et lors du concours lui-même, il y aura des épreuves différentes en fonction des profils et des compétences qui sont requis pour notre administration », a expliqué M.Bawara.
Le paiement des allocations de départ à la retraite
Le ministre a d’abord fait l’historique, en rappelant les situations traversées depuis la loi de 1991, instaurant ces allocations de départ à la retraite : « Cette allocation s’inscrit dans le cadre des mesures que nous pouvons considérées comme des mesures assurantielles. Ce qui signifie qu’il faut un cotisant. Ce dernier peut être un travailleur ou l’employeur. Mais lorsque cette allocation avait été décrétée par la loi de 1991, les conditions de mobilisation des ressources et paiements, n’étaient pas indiquées ».
Donc, a poursuivi le ministre, « ce n’était pas une loi applicable, car généralement, lorsqu’une loi instaure une dépense, il faut dire la source du financement. Pour remédier aux difficultés qui se sont accumulées d’année en année – parce que la caisse de retraite du Togo n’était pas en mesure d’honorer les dispositions de cette loi, car il y a eu des retards – le gouvernement a fait des efforts pour éponger une partie des arriérés. Et maintenant pour partir sur de nouvelles bases et dans un souci de soutenir ceux qui vont à la retraite, le président de la République a voulu qu’il y ait un nouveau système d’allocations de départ à la retraite ».
« Il en a fait l’annonce le 26 avril 2019, en instruisant le gouvernement de mener les études qu’il convient afin de déterminer les paramètres notamment économique, financier, puisque ce système n’a pas vocation à s’appliquer seulement une seule année (…) Le ministère de l’économie et des finances est en train de faire diligence, les dispositions nécessaires sont en train d’être prises. Nous pouvons considérer que tous ceux qui sont partis à la retraite depuis le 1er janvier 2020, sont des bénéficiaires. Donc, l’État a une dette envers eux. Ils toucheront tous, les trois mois de salaire. Ceux qui avaient été admis à la retraite entre le moment de la suspension de la loi de 1991et le 31 décembre 2019, vont bénéficier également d’un geste exceptionnel », a précisé M.Bawara.
« Naturellement l’espoir et les efforts du gouvernement tendent vers la possibilité de paiement de ces allocations d’ici la fin de l’année, si nous parvenons à finaliser les formalités et les dispositions pratiques », a-t-il promis.
La grève de la FESEN: encore des sanctions, selon le statut général de la fonction publique.
Pour le ministre, les responsables de la FESEN, ont agi de « manière malicieuse, de manière saugrenue ». Car lors de la rencontre tenue jeudi dernier – après les événements des 3 et 4 novembre – l’organisation syndicale à l’origine de cette grève, a reconnu que les conditions d’une grève licite, n’ont pas été respectées : pas de négociations, pas de préavis.
« Si le chef d’établissement ou la responsable de l’établissement est le premier à rester à la maison, en se désintéressant de son rôle de supervision des élèves qui lui sont confiés, en se désintéressant de savoir comment les choses vont se passer dans son établissement le jour où il est censé avoir lieu une grève : Ce chef d’établissement a manqué à ses devoirs et responsabilités. Il faut en tirer les conséquences. Les dispositions et les mesures prises par le ministre des enseignements primaire et secondaire ne peuvent pas être considérées comme étant des sanctions disciplinaires au sens de la loi. Ce sont des mesures de bon sens, des mesures de gestion ordinaire », a salué M.Bawara.
En revanche, a-t-il insisté, « les sanctions d’ordre disciplinaire pour absence irrégulière, viendront. Ces sanctions viendront parce qu’elles ne relèvent pas du ministre chargé des enseignements primaire et secondaire. Ce sont des sanctions qui nécessitent des conseils de discipline et des demandes d’explication. Les règles et procédures ainsi que les formalités prévues par le statut général de la fonction publique seront respectées ».
« L’ensemble des personnels qui auraient été absents indûment et injustement les 3 et 4 novembre, ont vocation à répondre de leurs actes du point de vue du statut général de la fonction publique », a averti le ministre. FIN
Edem Etonam EKUE