KINSHASA, République Démocratique du Congo, Le 4 Novembre 2021 -/African Media Agency(AMA)/- Le cabinet d’affaires publiques BM Partners, basé à Kinshasa, en République Démocratique du Congo (RDC), a organisé, le 22 octobre 2021, à l’Hôtel du Fleuve Congo, une journée de réflexion, sous la règle de Chatham House, portant sur la thématique de « L’Union Africaine à l’aune de la Question du Sahara : Comment passer d’une dynamique d’échecs à une solution définitive servant l’Unité africaine ?».
Ce séminaire, qui a pris la forme d’une discussion ouverte « à bâtons rompus », a réuni une soixantaine de participants et une trentaine d’intervenants, sommités africaines, de la RDC et de cinq pays de la sous-région (Angola, Cameroun, Gabon, République du Congo et Zambie). Parmi les intervenants, des personnalités politiques, des experts et universitaires, des économistes et représentants du secteur privé, des membres de Think Tanks et d’éminents membres de la société civile, ont mené un exercice intellectuel stimulant, construit sur une approche inédite : celle du pragmatisme, de la sérénité, de la scientificité et de la recherche de solutions concrètes à un différend régional qui continue de miner la stabilité, la paix et la sécurité de l’Afrique, ainsi que son intégration économique, sous-régionale et continentale.
Ci-dessous, un résumé succinct des discussions autour des quatre axes de ce séminaire panafricain :
Axe 1 : L’admission puis le maintien d’une entité ne jouissant d’aucun des attributs d’un Etat souverain et indépendant au sein de l’institution panafricaine : une anomalie multidimensionnelle
Focus : Historique du traitement par l’OUA puis par l’UA de la Question du Sahara – considérations idéologiques et aberrations juridiques
Les échanges initiaux ont permis de démontrer, sur la base de la « sacralité des faits historiques », la souveraineté du Maroc sur son Sahara, partie intégrante de son territoire, de son histoire et de la construction de sa Nation ainsi que de son identité plurielle. A travers des exposés de professeurs, d’historiens et d’experts africains de la question, le débat a débouché sur un constat unanime : la décision prise, en 1982, par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) d’intégrer une entité non-étatique en son sein, puis son maintien par l’Union Africaine (UA).
Les intervenants ont rappelé les divers aspects juridiques, sur la base d’une démonstration construite sur les références du droit international, justifiant la nécessité de corriger l’anomalie juridique consistant à faire siéger au sein de l’OUA la « rasd », une entité « ne jouissant d’aucun des attributs d’un Etat indépendant et souverain ». Et ce, en violation par l’OUA de sa propre Charte. La « rasd » continue aujourd’hui de siéger aux côtés des 54 Etats indépendants et souverains de l’UA. Certains ont qualifié cette présence au sein de l’organisation panafricaine de « peu cohérente, peu pragmatique et en contradiction totale avec les idéaux du panafricanisme ».
Plus encore, plusieurs intervenants ont appelé l’organisation panafricaine à, non seulement corriger cette erreur, mais aussi à se faire un « mea culpa ».
Axe 2 : Le différend régional autour du Sahara : un frein à l’intégration économique régionale et continentale, aujourd’hui impérative
Etudes de cas :
· Guerguerat – Un exemple flagrant des blocages tangibles à la mise en œuvre de la ZLECAf sur le terrain
· La coopération économique et pour le développement entre le Maroc et l’Afrique Centrale : des ambitions à relever
Prenant exemple sur le blocage créé par les milices du Polisario à Guerguerat, en octobre-novembre 2020, les intervenants ont stigmatisé ce « fait de piraterie » comme une violation du cessez-le-feu de 1991 ; violation par ailleurs relevée par le Secrétaire-Général des Nations Unies dans son dernier Rapport Spécial sur le Sahara Occidental. Cet acte constitue un frein tangible à l’intégration économique, une cause de rupture des chaînes d’approvisionnement sanitaire et alimentaire dans le contexte pandémique (Covid-19), ainsi qu’une entrave à la libre-circulation des personnes et des biens dans l’ensemble de la sous-région ; ce qui constitue une menace à la mise en œuvre de la Zone de Libre-Echange Commune Africaine (ZLECAf).
La résolution du différend entre deux pays « à la porte des eaux entre le vieux continent et l’Afrique » représente un point d’entrée pour consacrer l’intégration économique du continent à travers le dépassement des tensions politiques paralysant la construction du Maghreb, « véritable pièce manquante au puzzle de l’intégration économique de l’Afrique ».
Les intervenants se sont interrogés sur la valeur ajoutée de la « rasd » depuis son admission, à la fois sur les questions d’intégration économique, mais aussi sur les autres sujets stratégiques, thématiques cruciales et réunions sectorielles de l’UA. Le débat a ensuite porté sur le rôle multidimensionnel du Maroc dans son continent, et ce, avant même sa réintégration au sein de l’UA, en 2017. Ce rôle s’aligne sur les objectifs de l’Agenda 2063 ainsi qu’avec la vision d’un panafricanisme revigoré, décomplexé et assumé, porté par l’ensemble des Etats africains.
Axe 3 : La résolution du différend régional autour du Sahara : une condition sine qua none à la pacification sous-régionale, régionale et continentale, minée par le terrorisme et le séparatisme
Focus : Le rôle de la coopération sécuritaire régionale dans la stabilisation du continent, à travers une Force Africaine en Attente (FAA) fonctionnelle, proactive et crédible
Les experts en sécurité et irénologie ont suscité une discussion sur les menaces du séparatisme et de l’extrémisme, dans un continent qui souffre d’une atomisation sécuritaire empêchant une résilience collective face au terrorisme et au sécessionnisme. Ils ont souligné la nécessité d’inviter l’UA, « expression de notre multilatéralisme », à adopter dans sa démarche le « principe de réalité », afin d’éviter toute tentative d’instrumentalisation politique ou idéologique.
Les participants ont échangé autour de la proposition marocaine d’autonomie, considérée comme la « solution politique juste, crédible, sincère et basée sur le compromis ». Cette « solution de paix » permet de négocier un statut autonome pour la Région du Sahara, basé sur l’inclusivité, sur le respect des spécificités culturelles des populations de ce territoire marocain, et sur une conception inédite de l’autonomie, partagée entre centre et régions, situés sur pied d’égalité. Cette initiative, assurant paix, stabilité et sécurité, a été présentée comme un rempart contre le terrorisme et le sécessionnisme, véritable fléau menaçant la stabilité de la région sahélo-saharienne, et au-delà, de tout le continent.
Axe 4 : La voie de l’expulsion : une percée institutionnelle au service de l’Unité Africaine
Focus : L’UA, un soutien légitime, crédible, efficace et impartial au processus onusien et à la dynamique internationale actuelle ; consacrant le Plan d’Autonomie Marocain comme solution sincère, crédible et pragmatique
Enfin, les intervenants ont examiné les solutions à disposition de l’UA pour retrouver son impartialité sur la Question du Sahara tout en insistant sur les circonstances particulières caractérisant l’admission de la « rasd » au sein de l’OUA, circonstances par ailleurs reconnues par la motion majoritaire de Kigali, signée en 2016 par 28 Etats-membres de l’UA. Cette motion a en sus corrélé la réintégration du Maroc au sein de l’Union Africaine à la suspension de la « rasd » de ses rangs.
Insistant également sur le contenu de la Décision 693, prise à l’occasion du Sommet de Nouakchott de juillet 2018, qui a consacré le rôle exclusif du Conseil de Sécurité des Nations Unies dans le traitement de la Question du Sahara, les intervenants ont invité les Etats africains et l’UA à aller au-delà de ces acquis et à faire preuve de davantage de pragmatisme. Ainsi, ils ont invité l’UA à examiner la voie de l’expulsion de la « rasd », comme étant une nécessité en vue de consolider l’unité du continent et de le prémunir des divisions liées aux menaces séparatistes grandissantes.
Ils ont également insisté sur la nécessité pour l’Institution panafricaine d’emboîter le pas à la majorité des Etats de la communauté africaine et internationale, et à l’ensemble des organisations régionales et multilatérales, dont l’ONU, en ne reconnaissant plus la « rasd » comme membre et, par conséquent, en l’expulsant de ses rangs.
Les participants ont, par ailleurs, proposé la constitution d’un groupe consultatif de suivi des recommandations de ce séminaire.
Distribué par African Media Agency pour BM Partners.
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