LOME, 27 oct/2021 (Savoir News) – Le premier indice d’interférence de l’industrie du tabac en Afrique a été officiellement lancé ce mercredi, par Dr Adriana Blanco Marquizo (Chef du secrétariat de la Convention cadre de l’OMS), a constaté l’agence Savoir News. Ce lancement s’inscrit dans le cadre de la première conférence africaine de la lutte antitabac démarré mardi à Kampala (Kenya).
Au total 14 pays ont participé à l’enquête ayant abouti au lancement de cette indice 2021 dont la pérennisation et l’implémentation des bons résultats permettront à l’Afrique, de tracer son chemin vers un « avenir durable et puissant ». La cérémonie, entièrement virtuelle, a été suivie d’un panel de discussion qui a regroupé les points focaux de la lutte antitabac de plusieurs pays.
L’indice d’interférence de l’industrie du tabac a pour objectif de mesurer le niveau d’ingérence de l’industrie, ainsi que les réponses ou les mesures mises en œuvre par les pouvoirs publics pour mettre en œuvre de l’article 5.3 de la Convention cadre pour la lutte antitabac (CCLAT)
Le document rendu public ce mercredi révèle que l’Ouganda, le Kenya et le Gabon se sont distingués dans l’indice. La Zambie, la Tanzanie, le Mozambique et l’Afrique du Sud doivent consentir plus d’efforts et d’engagement pour limiter les ingérences de l’industrie dans leurs politiques de santé. Le document signale que certains gouvernements africains demeurent sous influence de l’industrie du tabac notamment, quand il s’agit d’élaborer les politiques de contrôle du tabac, c’est le cas de l’Ethiopie, du Nigéria et du Burkina Faso.
L’indice révèle que l’Uganda est le pays le plus performant dans la lutte contre l’ingérence de l’industrie du tabac, « bonne nouvelle » selon Dr Lukwata.
Nous avons mis au point une loi très solide avec une approche multisectorielle, qui stipule que c’est le devoir du gouvernement de protéger la population. Nous avons également une société civile très active, ainsi que des mécanismes d’action assez forts, s’est réjoui Dr Hasfa Lukwata (ministre de la santé de l’Uganda).
Pour Dr Mweene Nseluke (point focal ministère de la santé de la Zambie), l’indice aidera la Zambie à développer des ressources pour la mise en œuvre de politiques en vue d’une lutte efficace contre cette ingérence de l’industrie du tabac.
« Il faut identifier les points faibles et les attaquer, appliquer à l’industrie du tabac des mesures claires car elle passera par tous les moyens pour ne pas voir ses activités affectées. Il faut mettre un accent sur l’article 5.3 de la CCLAT », a conseillé Dr Mary Assunta (responsable de la recherche mondiale et du plaidoyer/CGCT), lors du panel de discussion.
L’industrie du tabac, une fausse solution
Selon Dr Adriana Blanco Marquizo, lors de l’actuelle pandémie de la Covid-19, l’industrie du tabac a créé un récit dans lequel elle s’est positionnée comme faisant partie de la solution, grâce à des initiatives dites de responsabilité sociale des entreprises, en fournissant des ressources aux pays dans le cadre du soutien pour la riposte à la Covid-19, prétendant ainsi faire partie de la solution alors qu’elles sont le problème.
« Il est prouvé que les fumeurs ont jusqu’à 50% plus de risque de développer une maladie grave, de mourir du Covid-19 que les non-fumeurs », a souligné Dr Marquizo.
« La CCLAT en son article 1(g) souligne que de telles contributions relèvent du parrainage du tabac et devraient être totalement interdites, car le but, l’effet ou l’effet probable d’une telle contribution est de promouvoir un produit du tabac ou le tabagisme, directement ou indirectement », précise dans sa déclaration, Léonce Sessou (Secrétaire Exécutif de l’Alliance pour le Contrôle du Tabac en Afrique /ACTA).
La responsabilité sociale des entreprises dans l’industrie du tabac est une antinomie en soi, car les fonctions fondamentales de l’industrie sont en contradiction avec les buts visés par les politiques de santé publique concernant la lutte antitabac.
OMS
Des solutions simples et pratiques
Notons que l’étude rappelle les modalités concrètes à mettre en œuvre pour parvenir à la protection des politiques publiques. Les gouvernements peuvent protéger leurs politiques de santé de l’ingérence de l’industrie du tabac, en établissant un code de conduite guidant les interactions entre les fonctionnaires et l’industrie, et en veillant à la stricte application de ces codes s’ils sont déjà disponibles.
Une fois des codes de conduite établis, il convient d’organiser régulièrement des formations et des actions de sensibilisation sur l’ingérence de l’industrie du tabac, afin de tenir les agents de l’Etat informés et susciter leur engagement.
Rappelons que l’Alliance pour Contrôle du Tabac en Afrique (ACTA) est un réseau panafricain d’organisations de la société civile à but non lucratif et apolitique dont le siège est à Lomé (Togo). Avec des membres dans 39 pays, l’ACTA se consacre à la promotion de la santé publique et la prévention de l’épidémie du tabagisme sur le continent. FIN
Ambroisine MEMEDE
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