L’Organisation pour l’Alimentation et le Développement Local (OADEL) en collaboration avec l’Association togolaise des consommateurs (ATC) ont ce mardi lors d’une conférence de presse, tiré la sonnette d’alarme sur les tomates concentrées importées au Togo.
Les deux structures ont livré à la presse les résultats d’une « Analyse de la qualité des tomates concentrées en boîte vendues et consommées au Togo », cette rencontre s’inscrit dans le cadre du mois de la consommation locale.
Au total, 16 échantillons de différentes marques ont été soumis au test de laboratoire sur les paramètres de qualité comme le pH, la teneur en matière sèche, brix, acidité titrable, et des contaminants notamment le plomb.
« En matière de plomb, les résultats obtenus dépassent largement la valeur normale à laquelle le plomb ne doit pas dépasser dans une boîte de conserve. Lorsque nous avons fait l’exposé, nous avons remarqué que le plomb peut agir sur le système nerveux, les organes reproducteurs, sur le rein et autres. Ça peut aussi entraîner des cas de décès et il faudra qu’on fasse extrêmement attention. Or chaque jour que nous vivons, nous consommons toujours des aliments qui contiennent des tomates concentrées importées », a expliqué M. Léon Koffi Agboka (membre de l’ATC).
Un métal toxique pour l’organisme
A fortes doses, a-t-il insisté, le plomb peut être responsable de pathologies comme des encéphalopathies (affection du cerveau, d’origine toxique ou liée à une dégénérescence), des neuropathies (problème relié aux nerfs, généralement les +nerfs périphériques+, par opposition au +système nerveux central+ qui comprend le cerveau et la moelle épinière, des décès chez l’adulte et chez l’enfant. Il peut également induire des effets sur la pression artérielle et entrainer des troubles digestifs tels que la colique saturnine, des douleurs abdominales…).
« Il agit d’autre part sur la fonction rénale chez l’adulte ainsi que sur la reproduction et le développement de l’enfant. Il affecte le système nerveux central (diminution de points de quotient intellectuel, troubles de l’attention) chez l’enfant, même à des faibles doses. Une fois dans l’organisme, le plomb se stocke, notamment dans les os, d’où il peut être libéré dans le sang (plombémie), des années ou même des dizaines d’années plus tard notamment lors d’une grossesse ou en cas d’ostéoporose. L’élimination du plomb dans l’organisme est lente après l’arrêt de l’exposition : sa demi-vie est de 15 à 20 ans », a-t-il ajouté.
Des analyses des échantillons de certaines marques de ces concentrés qui se retrouvent sur le marché ont été confiées au laboratoire d’analyse des denrées alimentaires de l’ITRA.
« Dans le cadre du mois de consommer local 2ème édition, on s’est intéressé aux tomates concentrées importées en boîte que nous consommons tous les jours et on a voulu voir quels sont les ingrédients et la composition de ses tomates importées. Nous avons travaillé avec les laboratoires de l’ITRA avec l’Association togolaise des consommateurs. On a été surpris de voir que, plus de 62% de ces tomates importées ont des teneurs en plomb qui dépassent la norme, ce qui est inadmissible pour un pays qui se veut moderne et qui surtout, veut rentrer dans la zone de libre-échange continentale africaine », a indiqué Tata Ametoenyenou (directeur exécutif de OADEL).
« On ne peut pas accepter qu’aujourd’hui encore, des tomates arrivent sur notre marché avec des produits chimiques pour détériorer la santé, non seulement de l’homme mais aussi des enfants même du fœtus. Si on a interdit le plomb dans l’essence et qu’aujourd’hui on a des tomates concentrées importées qui contiennent du plomb, je crois que cela doit interpeller nos autorités et les amener à interdire à la fois l’importation et la commercialisation de ces tomates-là sur nos marchés », a-t-il souligné.
OADEL et ATC recommandent
L’OADEL et l’ATC ont formulé des recommandations à l’endroit du directeur du commerce intérieur, d’exiger à tous les importateurs de concentrées de tomate en boîtes un certificat de salubrité délivré par l’ITRA, de retirer du marché toutes les concentrées de tomate en boîtes dont le taux de teneur en plomb est supérieur à la norme autorisée. Au ministre du commerce, de l’industrie et de la promotion de la consommation locale, de rendre systématique le contrôle de qualité sur toutes les denrées alimentaires importées au Togo, en mettant à disposition des agents de contrôle de l’Etat, des moyens suffisants, d’accélérer le processus de mise en œuvre d’une infrastructure de qualité au Togo notamment le système de métrologie, de normalisation, d’évaluation de la conformité, d’accélération et de surveillance du marché.
Ils demandent également aux consommateurs d’éviter au maximum possible, l’utilisation des concentrées de tomate importées ou au mieux se référer à l’ATC pour connaître celles qui respectent les normes de qualité, de privilégier le consommer local en choisissant les purées de tomates fabriquées au Togo ou à défaut, d’apprendre la conservation des tomates naturelles produites chez nous pour les réutiliser en période de soudure.
En rappel, l’OADEL est une référence en matière de promotion de la consommation locale au Togo.
Elle s’est engagée depuis 17 ans dans la promotion des produits locaux. Elle est également l’initiatrice du +Marché Alimenterre+, un événement qui vise à encourager les consommateurs à une citoyenneté alimentaire qui privilégie l’économie locale, ainsi qu’un mode de vie équilibré et durable. FIN
Bernadette AYIBE