« Sauver le Sahel, c’est sauver la région du golfe de Guinée et de l’Afrique de l’Ouest », a lancé ce mardi Robert Dussey (ministre togolais des affaires étrangères) lors de la rentrée diplomatique 2021/2022.
Face à un auditoire composé notamment de diplomates, le ministre a étalé la stratégie du Togo pour le Sahel, une stratégie assise sur quatre axes.
Le Sahel, région qui s’étend sur la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso, est vaste – près de trois millions de kilomètres carrés – et les attaques djihadistes débordent sur le Nigeria voisin. Elle est peu peuplée, largement appauvrie et mal contrôlée, avec des frontières poreuses exploitées par les trafiquants de drogue, les passeurs de migrants et les groupes terroristes transnationaux.
Cette situation qui menace dangereusement la stabilité des pays de la région et, au-delà, toute l’Afrique de l’ouest et la région du golfe de Guinée, a amené le Togo a intensifié sa présence et son implication au Sahel.
Selon le chef de la diplomatie togolaise, « les valeurs fondatrices de la stratégie du Togo pour le Sahel sont le patriotisme régional et le panafricanisme, la solidarité, la paix, l’action, l’engagement, le sens de responsabilité et de communauté de destins ».
« La diplomatie togolaise œuvre à donner toutes les chances à la paix et à la stabilité au Sahel par l’effort de médiation. La diplomatie togolaise s’est toujours inscrite dans une recherche perpétuelle de la paix. Cette vision est l’arme de la diplomatie togolaise », a-t-il précisé.
M.Dussey a étalé le contenu des quatre principaux axes de la stratégie togolaise : (i) la coopération régionale et interrégionale au service de la paix et de la stabilité, (ii) l’exportation de la vision togolaise de la paix : la paix positive, (iii) le soutien aux processus de normalisation politique, de transition démocratique et efforts de réconciliation par la médiation et (iv) appuyer une gouvernance responsable pour plus d’inclusion sociale et politique.
« Et c’est l’axe quatre de la stratégie togolaise qui consiste essentiellement à lutter contre le terrorisme en essayant de trouver des solutions aux problèmes réels des populations », a précisé le ministre.
‘Des solutions africaines, aux problèmes africains’
A en croire le chef de la diplomatie togolaise, « tant que les questions de pauvreté dans nos villes, régions et villages persistent, nous ne pouvons pas régler définitivement la question de terrorisme. Nous pensons qu’il faut travailler à la base pour changer les conditions de vie des populations. C’est l’une des solutions pour lutter efficacement contre le terrorisme ».
Les efforts multinationaux déployés pour empêcher les extrémistes de prendre le pouvoir dans le Sahel sont confrontés à de graves difficultés.
« L’Afrique ne peut plus attendre les solutions à ses problèmes de l’extérieur. Elle doit prendre en main les problèmes africains et assumer pleinement ses responsabilités. Le continent est à la croisée des chemins et face aux défis régionaux et transnationaux la proactivité de l’action importe », a martelé M.Dussey.
« Personne ne peut venir résoudre les problèmes africains à la place des africains. Ici, c’est à la fois la responsabilité des élites, la responsabilité des gouvernants et la responsabilité collective de toutes les populations. Les problèmes réels que nous vivons ne peuvent être réglés que par nous-mêmes », a-t-il insisté.
« Tant que vous n’êtes pas d’une communauté donnée, vous n’êtes pas d’un pays, vous ne saurez jamais comment résoudre tous les problèmes », a affirmé M.Dussey, s’adressant directement aux diplomates.
« C’est important et c’est ça le sens de la responsabilité que nous voulons partager ici en insistant : pour des solutions africaines, aux problèmes africains. Il faut forcément que les Africains se mobilisent et prennent en charge leur propre destinée. Nos problèmes sont parfois complexes que c’est à nous de les résoudre », a-t-il précisé. FIN
Junior AUREL