Des fourmis qui cultivent… des champignons?

On entend souvent par «agriculture», une activité exclusivement humaine, qui est à la base de l’expansion des grandes civilisations telles que l’Égypte ou l’Inde qui cultivaient déjà le blé et l’orge il y a plus de 10 000 ans.

Pourtant, c’est exactement cette activité que les fourmis du genre Atta et Acromyrmex font avec leurs nids depuis plus de 50 000 ans !

Certains scientifiques vont jusqu’à affirmer qu’elles sont les inventrices de l’agriculture.

Des agricultrices de petite taille

Ces petits insectes ne cultivent peut-être pas des céréales, mais un champignon avec lequel elles cohabitent en symbiose depuis des milliers d’années. Ainsi, leur comportement agricole leur a permis d’alimenter de forme efficace les milliers d’individus qui constituent les colonies et leur a donné la possibilité de s’étendre tout le long du continent américain, un vrai succès évolutif et adaptatif !

Les fourmis Atta et Arcromyrmex sont plus connues sous le nom de « fourmis coupeuse de feuille ». On les a déjà tous vu défiler créant une ligne de feuilles qui traversent notre jardin, une file interminable de fourmis à la queue leu-leu qui portent sur leurs dos les morceaux de feuilles récemment découpés. Où vont-elles et qu’est-ce qu’elles font avec ces feuilles ?

Ce n’est certainement pas pour les manger, car les feuilles ne font pas partie du régime alimentaire de ces insectes : elles sont en fait le substrat clé pour cultiver leur cher champignon qui pousse dans leur fourmilière et cet hôte, fait partie du menu.

Une pour tous et tous pour une !

Les fourmis sont en symbiose de type mutualiste, il s’agit d’une relation fourmis/champignon qui, non seulement favorise les deux parties, mais qui est essentielle à la survie de chacun.

Les fourmis coupeuses de feuilles ont commencé à domestiquer des champignons basidiomycètes de la famille des Lepiotaceae il y a plus de 50 000 ans.

Telles des agricultrices, les fourmis cultivent, entretiennent, nettoient et finalement se nourrissent des fruits de leurs efforts.

Le champignon quant à lui, peut se développer aisément dans la chaleur de la fourmilière, il est nourri et protégé de la sécheresse et en contrepartie, il peut nourrir en protéines la colonie par la dégradation des feuilles. En effet, le champignon possède, lui, des enzymes manquantes à la flore intestinale des fourmis.

De plus, les fourmis possèdent dans leur exosquelette, une bactérie produisant un fort antibiotique qui protège le champignon de toute infection. Une vraie coopération entre espèces !

Des agricultrices extrêmement organisées

Les colonies de fourmis présentent un niveau d’organisation impressionnant où chaque caste a un rôle particulier dans le fonctionnement de la société.

La reine, tout en haut de la pyramide sociale est le seul individu qui peut se reproduire en pondant des œufs constamment (sa seule et unique tâche).

Les jardinières quant à elles, se chargent de prendre soin des larves qui vont éclore, elles nettoient la fourmilière et le champignon qui l’habite.

Les ouvrières s’occupent du fourrage, c’est-à-dire couper et ramener les petits morceaux de plantes pour nourrir le champignon. Finalement, les fourmis dites « soldates », sont les plus grandes en taille après la reine et sont chargées de protéger le nid des termites (leur plus grand ennemi).

Un exemple pour l’humain

C’est précisément grâce à leur forte organisation que les fourmis sont les championnes des colonies. Elles ont tout un protocole de jardinage et chacune d’entre elles apporte son petit grain de sable.

Elles sont un exemple d’organisation et elles devraient l’être aussi pour la façon dont elles puisent leurs ressources.

Ce modèle de coopération entre les espèces pourrait nous servir pour remettre en question notre propre mode de culture qui semble aujourd’hui loin du respect de la Terre et ses écosystèmes.

sciencepresse.qc.ca/Savoir News