Le monde entier a célébré mercredi dernier, la journée internationale des sages-femmes, une occasion de découvrir ce métier de « donneuse de vie » et de rendre hommage à ces femmes et aux « hommes » qui le pratiquent et de montrer leur importance au sein de la société.
Cette journée permet aussi de mettre en lumière, ces travailleurs de l’ombre ainsi que leur rôle crucial dans la réduction de la mortalité maternelle.
« Cette journée permet aux sages-femmes elles-mêmes et à tous les partenaires (tous ceux qui ont à cœur de promouvoir la vie) de s’arrêter pour réfléchir à la pratique sage-femme, identifier les problèmes, relever ce qui va et ce qui ne va pas, afin de trouver des solutions. Et chaque année, c’est autour d’un thème que cela se passe », a expliqué Mme Héloïse Adandogou-d’Almeida, présidente de l’Association des sages-femmes du Togo (ASSAFETO).
La célébration de la journée cette année a pour thème : « les chiffres parlent d’eux-mêmes : investissez dans les sages-femmes ».
Ces « chiffres » dont parle le thème, sont contenus dans le dernier rapport mondial sur les sages-femmes publié mercredi dernier par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Confédération internationale des sages-femmes.
Ces chiffres montrent qu’atteindre une couverture universelle de soins dispensés par les sages-femmes d’ici 2035 permettrait d’éviter 67 % des décès maternels, 64 % des décès néonatals, 65 % des mortinaissances, et sauverait près de 4,3 millions de vies par an.
La sage-femme, le travail souvent dans des ‘circonstances extraordinaires’
Une sage femme est le professionnel de la santé de la femme en tant que premier recours. La sage-femme surveille la grossesse, en suit l’évolution et gère l’accouchement. Elle fournit également des soins prénatals et postnatals ainsi qu’une gamme de services de santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale, la détection et le traitement des infections sexuellement transmissibles et les services de santé sexuelle et génésique pour les adolescents, tout en garantissant des soins respectueux et en faisant respecter les droits des femmes.
Ce métier autrefois réservé aux femmes est maintenant mixte, bien qu’à peine 300 hommes l’exercent. Environ 93% des sages-femmes sont des femmes. Au total, les femmes représentent plus de 70% des personnels de santé au niveau mondial.
« Les sages-femmes travaillent souvent dans des circonstances extraordinaires. Elles peuvent parcourir des kilomètres à pied pour atteindre les femmes ou ouvrir des espaces dans leur propre maison pour les aider à accoucher en toute sécurité », a relevé mercredi dernier Dr. Natalia Kanem (Directrice Exécutive de l’UNFPA), dans sa déclaration à l’occasion Journée Internationale de la sage-femme.
« Elles ont été confrontées à une pression croissante pendant la pandémie de Covid-19, et à des inégalités accrues sur leur lieu de travail. Souvent à court d’équipement de protection et ayant moins accès aux vaccins que les autres travailleurs de la santé, les sages-femmes ont mis leur propre vie en danger au service des autres », a-t-elle souligné.
Ce dévouement, a-t-elle poursuivi, « est une ressource inestimable, mais trop de systèmes de santé en dépendent sans que la profession de sage-femme ne soit soutenue de manière proportionnelle. Cela court-circuite les ambitions d’atteindre l’objectif de +zéro décès maternel évitable d’ici 2030+ ».
La nécessité d’investir dans les sages-femmes
Selon le rapport publié mercredi, si on augmente le nombre de sages-femmes et la qualité des soins qu’elles dispensent, on sauvera environ 4,3 millions de vies par an d’ici 2035. La couverture universelle des interventions réalisées par les sages-femmes d’ici 2035 permettrait d’éviter 67 % des décès maternels.
« Ces résultats dépendent de l’amélioration de l’éducation et de la formation des sages-femmes, ainsi que d’une réglementation complète et favorable du lieu de travail. Elles doivent jouer un rôle plus important dans la gouvernance et le leadership professionnels ainsi que leur domaine d’intervention, afin d’avoir la possibilité d’utiliser leur expérience unique pour faire progresser les politiques de santé et la prestation de services », a précisé Dr. Kanem.
La présidente de l’Association des sages-femmes du Togo a abondé dans le même sens, évoquant la situation dans son pays, lorsqu’on parle de soins de qualité, de la réduction de la mortalité maternelle.
« En 2010, on a mis sur pied une commission de la santé de la mère et de l’enfant. J’avoue que même avec cette structure, les besoins sont là. Au CHU Sylvanus Olympio, vous allez remarquer que les équipes qui assurent le service de garde ne sont pas en nombre suffisant. Le taux de mortalité maternelle au Togo à ce jour est encore de 401 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes, alors que les ODD à l’échéance 2030 voudraient que ce taux soit réduit à 70 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes », a-t-elle déploré.
Il n’y a donc plus de temps à perdre. Les preuves sont claires, et dans le contexte d’une pandémie mondiale où l’on a vu de nombreuses sages-femmes et femmes enceintes perdre leur vie et leurs droits, nous appelons les sages-femmes, femmes, partenaires et défenseurs des sages-femmes à se réunir partout dans le monde.
Des vies sauvées
A travers le thème de cette année, il est temps de demander aux donateurs, gouvernements et décideurs de se montrer responsables, de voir que les chiffres parlent d’eux-mêmes et d’investir dans les sages-femmes.
Selon le rapport publié mercredi, augmenter la couverture des interventions faites par des sages-femmes (interventions médicales qui peuvent être effectuées dans leur intégralité par des sages-femmes) de 25% tous les 5 ans pourrait éviter 41% des décès maternels, 39% des décès néonatals, et 26% des mortinaissances d’ici 2035. Cela représente 2,2 millions de morts évitées chaque année.
Une légère augmentation de la couverture des interventions effectuées par des sages-femmes (10% tous les 5 ans) pourrait éviter 22% des décès maternels, 23% des décès néonataux, et 14% des mortinaissances, ce qui représenterait 1,3 million de décès évités chaque année. FIN
Edem Etonam EKUE