Dans une villa au vaste jardin luxuriant sur les rives du lac Togo, dix jeunes scénaristes africains profitent pleinement d’une rare occasion de se perfectionner et de voir le fruit de leur travail sur le petit écran.
Ces scénaristes venus de cinq pays (Bénin, Burkina Faso, République démocratique du Congo, Sénégal, Togo) participent depuis début avril à une résidence d’écriture scénaristique pour imaginer la saison 2 de la série d’animation « Junior des idées en or », du nom du héros d’une série d’animation qui retrace les aventures d’une bande d’enfants africains.
Après une saison 1 réalisée par des scénaristes français, cette fois « ce sont des scénaristes africains qui vont parler du quotidien d’enfants africains », explique Christophe Guignement, scénariste et auteur de dessins animés et cofondateur de l’association la Maison Junior.
Elle sera diffusée sur les chaînes PM SA, Gulli Africa et Gulli.
« Cette série doit être audible pour les Européens et, en même temps, identifiant pour les Africains », ajoute-t-il, affirmant qu’il s’agira de la première série française à vocation internationale entièrement écrite en Afrique francophone par des Africains.
L’association a été fondée par Page 49, société spécialisée dans le développement de contenus audiovisuels pour la jeunesse, la société de production togolaise Yobo Studios et l’Association togolaise du cinéma d’animation (ATCA).
Encadrés par trois professionnels, deux Français et un Togolais, les dix scénaristes âgés de 20 à 33 ans ont déjà suivi une formation de quatre mois en distanciel.
Après leur séjour jusqu’à fin juillet dans le village d’Alogavi, à environ 22 km à l’est de Lomé, la capitale économique, ils suivront encore une autre formation de deux mois à distance.
« L’idée de cette formation est intéressante, car elle nous permet de proposer des contenus qui sont calqués sur nos réalités, sur ce que nous vivons en Afrique, et auxquels, véritablement, les générations actuelles et à venir pourront s’identifier », se félicite le Béninois Odilon Edjedji, 25 ans.
Cette formation, à la fois théorique et pratique, vient combler un manque en Afrique francophone.
« J’apprends beaucoup. En Afrique, ce n’est pas toujours facile de se former dans le domaine du cinéma. Et quant au domaine spécifique de la scénarisation, ce n’est pas facile, car les formations sont rares », renchérit la Burkinabè Anaïs Kéré, 23 ans, journaliste et scénariste de formation, et critique de cinéma.
Deux célèbres slameurs-rappeurs togolais participent également, pour aider les élèves à concevoir la chanson de la série.
Assis autour d’une table posée au milieu du jardin de la villa, ils tentent de poser leur texte sur une musique. Tour à tour, chacun fait l’exercice, dans une ambiance détendue.
« Il y a des choses que je faisais, mais que je ne comprenais pas. Avec cette formation, je maîtrise peu à peu toutes les étapes de l’écriture », se réjouit Yoann Feteke, jeune scénariste togolais. FIN
Émile KOUTON/ AFP