L’Observatoire togolais des médias (OTM) a rendu public ce lundi – journée internationale de la liberté de la presse – à Lomé, son rapport sur l’état de la presse au Togo, a constaté une journaliste de l’agence Savoir News.
Le document fait état de plusieurs « améliorations » dans ses relations avec les journalistes, dénonce les dérapages et appelle à plus de professionnalisme.
L’Observatoire est l’instance d’autorégulation et le tribunal des pairs où siègent les organisations les plus représentatives, avec pour mission principale, de garantir le respect des règles d’éthique et de déontologie dans les médias.
Elle rend public son rapport sur l’état de la presse togolaise à l’occasion de la journée de la liberté de la presse commémorée chaque 03 mai.
Cette journée célèbre les principes fondamentaux de la presse et informe l’opinion publique sur les atteintes à cette liberté. Le thème de cette année est : « L’information comme bien public ».
Selon Fabrice Petchezi (président de l’OTM), le rapport couvre la période allant du 3 mai 2020 au 3 mai 2021 et fait état de l’exercice de la profession et ce qu’on peut considérer comme évolution par rapport au dernier rapport.
« On constate qu’il y a une certaine évolution. Et en termes de qualité, on a intérêt à nous améliorer. Aujourd’hui, le nombre de médias augmente et le marché est restreint. Alors l’autre recommandation est de réfléchir à des groupes de presse », a souligné le président de l’OTM.
Preuve de dynamisme
Selon le rapport de l’OTM, la presse togolaise a fait preuve de dynamisme ces derniers mois, mais le secteur médiatique ne pourra sortir des sentiers battus et relever le défi de la professionnalisation, que par une « véritable rupture avec l’amateurisme ».
L’Observatoire a fait état des dérapages qui ont conduit à la suspension et au retrait du récépissé de certains organes de presse et fait des recommandations à divers niveaux.
« Le nouveau code comporte des innovations et réorganise les structures de la presse, mais ces nouvelles innovations ne sont pas encore maitrisées par les journalistes qui insinuent des pièges. Il urge donc d’organiser des séances de sensibilisation et de formations sur ce code revisité », indique le rapport.
« En dépit d’une meilleure application des règles déontologiques et éthiques par les médias durant l’exercice 2020-2021, des violations ont été enregistrées autant sur des chaînes audiovisuelles que dans la presse écrite et en ligne. En dehors de celles qui ont donné lieu à des auditions sur plaintes ou auto-saisines, les autres ont juste fait l’objet de rappels à l’ordre verbaux par l’institution de régulation (HAAC) et l’instance d’autorégulation (OTM) », ajoute le document
Deux plaintes, trois audiences et six auto-saisies, depuis un an
L’OTM, a œuvré aux côtés de la HAAC pour la libération de Carlos Kétohou (directeur de publication du journal « L’Indépendant Express »), interpellé le 30 décembre 2020 par le SCRIC suite à son article « Scoop de fin d’année : Femmes ministres interpellées pour vol de cuillères dorées ».
Mais les démarches de l’observatoire (aux côtés des autres organisations de presse) pour obtenir l’annulation du retrait de son récépissé sont restées infructueuses.
L’Observatoire est également intervenu pour obtenir la libération d’un confrère du journal « Le Togo » interpellé à Aného pour avoir pris sans autorisation des photos des éléments des forces de l’ordre à la frontière Togo-Bénin, dans le cadre de son reportage sur la gestion de la Covid-19.
Dans une autre affaire ayant impliqué le directeur de publication du quotidien Liberté à propos d’une plainte du Directeur Général de L’UTB, l’OTM est intervenu et a réussi à faire rectifier l’erreur.
« Du 3 mai 2020 à ce jour, l’OTM a enregistré deux plaintes, tenu trois audiences et organisé six séances de conciliation sur plaintes ou auto saisines. Il s’ agit des problèmes d’éthique et de déontologie, notamment la diffamation par journaux interposés. Ainsi, des Directeurs d’organes ont été écoutés pour non-respect des règles professionnelles, d’atteinte à l’honneur, de publication de fausses informations, etc. Mais aussi l’OTM est intervenu directement dans certains cas où des confrères étaient en situations difficiles pour les sortir d’affaires. Aucune sanction n’a été prise par l’Observatoire qui a plutôt privilégié la démarche pédagogique », indique le rapport.
L’OTM a déploré la suspension du journal « L’Alternative » qui a écopé de 4 mois de suspension dans l’affaire qui l’oppose au ministre Tsolenyanu, la condamnation du même journal à une amende de 4 millions dans l’affaire dite « Petrolegate », la menace de mort dont a été sujet Yves Galley (DP La Symphonie) et dont les instigateurs sont restés inconnus.
Les recommandations
L’OTM a formulé des recommandations notamment à l’endroit du gouvernement, des journalistes, de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC).
Il recommande aux journalistes le respect des règles professionnelles notamment du code de la presse et de la communication et s’approprier les innovations du nouveau Code de la presse. Pour l’instance d’autorégulation, les journalistes et autres médias doivent encourager et soutenir la formation continue sur l’éthique et la déontologie, le regroupement des médias en groupe de presse par la mutualisation des moyens.
Aux organisations professionnelles, l’OTM recommande d’insuffler une nouvelle dynamique et vision dans les organisations professionnelles du secteur public et privé et appeler à la fusion.
A la HAAC, l’institution recommande d’améliorer ses relations avec les professionnels des médias et de se positionner comme une instance de régulation et de conseils, d’organiser régulièrement des activités entre journalistes pour des partages d’expérience (webinaire etc.)
A l’endroit du gouvernement, l’OTM recommande d’ »accélérer la mise en place du Fonds de soutien et de développement de la presse, accorder des facilitations fiscales et de réduction des charges sociales aux entreprises de presse, accélérer la transformation des médias publics en office et de créer un climat d’affaire favorable au développement d’entreprises de presse rentables ».
Rappelons que le Togo compte 200 titres de presse écrite, près de 90 stations de radios, une dizaine de chaînes de télévision et une centaine de médias en ligne dont une vingtaine enregistrés dans le fichier de la HAAC.
Dans la catégorie spécifique de la presse en ligne, on compte 3 agences de presse, dont une agence de presse publique, une centaine de sites d’information, 4 Web TV, 4 Web radio, des représentations d’agences et médias internationaux, des blogs et des médias sociaux. FIN
Ambroisine MEMEDE
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