Depuis la survenue de la Covid-19, l’Université de Kara, tout comme bien d’autres établissements d’enseignement supérieur au Togo, a mis en place une approche de résilience, permettant la poursuite des activités pédagogiques.
Elle a innové, mais aussi s’est organisée pour s’adapter aux mesures barrières édictées par le gouvernement. Aussi, l’université parvient-elle aujourd’hui à gérer les flux des étudiants à divers niveaux.
Dans un entretien exclusif, son président, Pr. Komlan Sanda, renseigne sur le dispositif organisationnel mis en place pour faire face à la pandémie et pouvoir continuer les cours. Il parle de l’appui des partenaires qui a permis à l’Université de mettre en place la plate-forme «Moodle», rendant possible les cours en ligne.
Selon Prof. Sanda, cette plateforme est un acquis qui permet désormais à l’Université de mettre en place le mode d’enseignement «hybride», à distance et en présentiel.
Par ce temps où la Covid-19 progresse dangereusement dans le pays, Pr. Sanda attire l’attention, soulignant que «de toutes les approches curatives qui existent, la plus préconisée aujourd’hui, c’est la vaccination».
Il encourage donc les populations à se faire vacciner, tout en respectant les mesures barrières et sanitaires. Lisez plutôt !
Togo-Presse: La crise de la pandémie de la Covid-19 marque désormais nos modes de vie. En tant qu’institution de formation, comment l’Université de Kara se prend-elle pour faire face à cette crise sanitaire mondiale ?
Prof. Komla Sanda: Merci beaucoup. L’Université de Kara, comme toutes les autres institutions et comme tous les humains, a été surprise par la survenue de la pandémie de la Covid-19.
Après la surprise, l’Université de Kara a organisé une approche de résilience. D’abord, en adoptant et en mettant en application les mesures barrières édictées par le gouvernement, en vertu desquelles, l’Université s’est adaptée d’un point de vue organisationnel.
Ceci, pour gérer les flux des étudiants à la fois au niveau des transports et de l’occupation des salles de cours, amphis et laboratoires, pour la dispensation des enseignements. Elle s’est organisée aussi au niveau du personnel administratif et technique pour gérer les flux d’occupation des bureaux, conformément aux mesures de distanciation physique.
L’année académique 2020-2021 a commencé depuis quelques mois, alors que la crise de la Covid-19 connaît ces derniers temps une progression inquiétante de nouveaux cas positifs. Quelles dispositions pratiques avez-vous mises en place pour que les cours dans vos amphis se fassent sans inquiétude?
Sur le plan fonctionnement, un système de sensibilisation a été mis en place et qui a impliqué tout le personnel. D’abord, c’est la Faculté des Sciences de la Santé qui a joué un rôle important, en apportant, chaque fois que cela était possible, non seulement de la sensibilisation, mais aussi les connaissances sur la maladie, au fur et à mesure qu’elles devenaient disponibles.
Les enseignants ont été également impliqués dans cette sensibilisation des étudiants, de leurs collègues surtout les décanats. La sécurité universitaire a été associée pour veiller au respect des mesures barrières, à la fois par les étudiants, les enseignants et par les personnels administratif et technique.
Vous savez, ce qui était le plus formidable, c’est que le collège des délégués s’est organisé pour mettre en place, avec l’appui de quelques enseignants, une police anti-covid. Elle passe dans les salles pour veiller au respect des mesures barrières, sensibiliser les étudiants et même en dehors des amphis, elle continue la sensibilisation à la nécessité de respecter les mesures édictées par les autorités.
Je voudrais signaler aussi que les autorités ministérielles ont demandé aux universités de mettre en place un dispositif de riposte. Cela est effectif à l’Université de Kara, à travers un arrêté qui instituait le dispositif anti-covid et il est toujours opérationnel.
On nous a demandé tout dernièrement, vu la montée des cas, de le réactiver. Mais de toutes les façons, il n’a jamais été mis en veilleuse.
Disposez-vous d’un système de cours en ligne pour permettre aux étudiants de suivre normalement les enseignements requis ? Si oui, comment cela fonctionne-t-il et les résultats sont-ils probants ?
D’un point de vue pédagogique, l’Université de Kara s’est aussi adaptée à travers le recours au télé-enseignement, dans une première phase, en utilisant ce qui était disponible. Puisque c’est sous l’effet de la surprise, personne n’y était préparé, donc l’infrastructure numérique qu’on pouvait utiliser était essentiellement les réseaux sociaux, notamment Watt-sapp et Telegram.
Nous avons eu la chance d’avoir un appui de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), pour une première plateforme appelée LMS «Learning Management System».
L’ensemble de ces mesures pratiques et organisationnelles nous ont permis de conduire l’année 2019-2020 à bon port, la finir et donner les résultats. L’Université de Kara, pour répondre aux exigences actuelles des pratiques numériques en pédagogie, d’une part, et pour faire face à la covid-19, d’autre part, a adopté totalement la formation hybride pour l’année académique 2020-2021.
Ce type d’apprentissage bimodal alterne des temps de formation en présentiel et d’autres en distanciel. Il est offert aux apprenants des parcours Licence et Master principalement. Ceux du parcours Doctorat pourront également s’en servir pour les différents séminaires qui leur sont programmés.
Mais au regard de leur nombre très réduit et de l’importance du tutorat rapproché, ils ont des séances directes avec leurs encadreurs.
Grâce à l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), l’UK dispose d’une plateforme numérique Moodle (https://univ-kara.drao-numerique.com/) sur laquelle se déroulent les animations pédagogiques en distanciel.
S’il y a lieu d’évoquer l’impact de cette crise sanitaire, quelles leçons peut-on tirer dans le sens d’améliorer l’approche pédagogique?
L’impact ! Il faut dire que c’est peut-être le jour où la crise sera passée qu’on verra l’impact, parce qu’il est composite. Pour le moment, vous voyez, le dispositif de lave-mains, les dispositifs d’utilisation de solution hydro-alcoolique, le port de masque… nous paraissent comme de bonnes pratiques.
Mais ce sont des choses que nous sommes en train d’analyser pour voir qu’est ce qui pourrait subsister définitivement comme approche d’amélioration des conditions d’hygiène et de travail.
C’est un premier point ! L’autre point, j’ai parlé tantôt du télé-enseignement et c’était la première phase. Dans la deuxième phase, l’Université de Kara a anticipé, en disant que l’après covid-19 sera marqué par l’inclusion de plus en plus forte du numérique dans l’approche pédagogique.
Donc, elle est allée vers des partenaires techniques et financiers. Deux ont répondu. Le premier, c’est l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) qui a permis à l’Université de Kara de former 20 enseignants pionniers.
Ceux-ci, à leur tour, ont restitué leurs compétences à la quasi-totalité des enseignants résidants de l’Université de Kara et à une bonne moitié des enseignants missionnaires venant des universités sœurs qui nous appuient.
Donc l’Université de Kara a mis les moyens pour que ces 20 pionniers restituent aux autres collègues.
Sur les 240 enseignants, aujourd’hui pratiquement 200 ont été formés et cette formation se poursuit. Parmi les missionnaires, 50% ont été aussi formés pour les cours en ligne. Le second partenaire qui nous a appuyés, c’est la coopération allemande, à travers la GIZ. Elle a permis à l’Université de Kara de former des «Pairs-formateurs »qui sont essentiellement des étudiants, aux exigences des cours en ligne.
Le tout aujourd’hui fonctionne avec la plate-forme qu’on appelle «Moodle» que l’AUF a prêté à l’Université de Kara. Cette plateforme est aux normes internationales et nous sommes passés, alors, du télé-enseignement aux cours en ligne proprement dit.
Aujourd’hui, si on doit déjà tirer les leçons, c’est l’acquis principal de la crise sanitaire, pour améliorer les pratiques. Puisque avec cet acquis, désormais l’Université de Kara s’est mise en mode hybride. Hybride, en ce sens qu’il y a des enseignements qui vont se faire exclusivement à distance, lorsque c’est possible et d’autres qui vont se faire exclusivement en présentiel, parce que certains cours exigent nécessairement la présence des étudiants. Par exemple, quand vous prenez les étudiants en médecine, ils ne peuvent pas être totalement à distance, il faut qu’ils soient, par moment, présents pour gérer les malades. Même si la pratique à distance est en train de venir.
Donc, il y a des enseignements qui nécessitent des travaux pratiques et donc la présence des apprenants. Entre les deux extrêmes (l’enseignement exclusif à distance ou en présentiel), il y aura des cours qui vont se faire pour partie à distance et pour partie en présentiel.
Voilà le dispositif hybride qui fonctionne à l’Université de Kara que je peux considérer comme l’acquis majeur et positif que la covid-19 aura apporté et cela rejoint ce qui se passe actuellement dans le monde entier, où le télétravail est en train de prendre de l’ampleur.
Votre message de fin à l’endroit des apprenants, des enseignants et du personnel d’encadrement.
Un mot de fin ! Il reste toujours le même. C’est cette exhortation à ne pas baisser la garde, parce que c’est vrai, tout le monde commence à se lasser, mais la crise est toujours là. Donc, le respect des mesures est de mise, toujours de mise et de plus en plus de mise. Ensuite, de toutes les approches «curatives» qui existent, parce qu’elles sont diverses et variées, la plus préconisée aujourd’hui, c’est la vaccination.
Les autorités de notre pays, à commencer par le chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé, ont pris le taureau par les cornes, pour mettre le vaccin à la disposition de la population.
Nous exhortons tout le monde à la vaccination. Nous l’avons déjà commencé à l’Université de Kara depuis le 2 avril dernier, en respectant bien sûr, les catégorisations prioritaires édictées par les pouvoirs publics. Ce qui est intéressant, au 1er jour de cette vaccination, on pouvait estimer à plus de 50% le personnel ciblé qui devait être vacciné.
Actuellement, nous sommes en congé et à la rentrée, nous allons poursuivre l’opération. Je reste persuadé qu’après le personnel soignant, les populations de plus de 50 ans et celles porteuses de comorbidités, j’ai espoir qu’un jour les enseignants dans leur totalité, sans distinction, passeront aussi parmi les prioritaires, parce qu’ils font face à un grand public.
Nous allons continuer à encourager les populations à se faire vacciner, à côté de tout ce qui se fait depuis la survenue de la maladie l’année dernière, notamment le respect des mesures barrières et sanitaires édictées par le gouvernement.
Au-delà de tous les collaborateurs qui agissent directement sur le terrain, j’ai parlé d la Faculté des Sciences de la Santé, qui joue un rôle important, il y a des remerciements à l’endroit de la direction des œuvres universitaires de l’Université de Kara qui participe énormément à la sensibilisation, le collège des délégués, la police universitaire…
Tout ceci se fait, parce que le président de la République s’est engagé. Nos différentes gratitudes à lui pour son leadership, à son gouvernement.
Je joins à ces remerciements les autorités du ministère de tutelle, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui appuie et facilite les choses tout comme celui en charge de la Santé. Tous nos remerciements, au nom de la communauté universitaire et en mon nom propre à tous ces acteurs qui font de leur mieux pour que, non seulement la population togolaise et en particulier la communauté universitaire de Kara renforce sa résilience vis-à-vis de la pandémie à coronavirus.
Merci aussi à vous d’être venus à nous pour vous s’enquérir de comment nous sommes organisés, pour montrer que l’Université de Kara n’est pas en reste de tous les acteurs qui luttent pour que le Togo s’en sorte de la meilleure manière possible, vis-à-vis de cette crise sanitaire.
Propos recueillis par Yves T. AWI (Togo Presse)