Des journalistes et acteurs de la société civile ont été mieux informés vendredi à Lomé, sur l’ampleur et les causes des avortements clandestins, lors d’un forum national sur la thématique et les droits de la santé sexuelle et reproductive (DSSR), a constaté une journaliste de l’Agence Savoir News.
Axé sur la thématique « Avortements clandestins : Ampleur, causes et approches de solutions », ce forum a été organisé par la section togolaise du Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN-TOGO) en partenariat avec IPAS qui contribue à la réduction de la mortalité maternelle et la morbidité liées aux avortements pratiqués dans des conditions dangereuses.
La rencontre a permis aux journalistes d’appréhender les enjeux de l’avortement non sécurisé au Togo, afin de mieux informer et sensibiliser les populations sur les DSSR et pousser les décideurs à l’action.
« Au cours de ce forum, nous avons partagé des informations relatives au cadre légal avec un accent particulier sur le protocole de Maputo. Nous avons des experts qui nous ont instruits sur plusieurs thématiques liées au thème principal du forum », a indiqué M. Thibaut Adjibodin (coordonnateur pays du REMAPSEN).
A l’ouverture des travaux, Yao Olivier Abarim (directeur de cabinet du président de la HAAC), a remercié le REMAPSEN pour ses actions en faveur de la lutte contre les avortements clandestins : c’est un forum important. Les avortements clandestins constituent un fléau et « les médias devraient en faire une préoccupation majeure en crevant l’abcès douloureux à travers le débat public ».
« En réalité, l’avortement devait être le dernier recours. La pratique n’est donc pas catégoriquement prohibée. D’ailleurs, le protocole de Maputo ratifié en 2003 par le Togo autorise exceptionnellement le recours à l’avortement, afin de protéger la vie et la santé de la femme, lorsque la grossesse résulte d’un viol, d’un inceste et dans le cas d’une malformation grave du fœtus. Cette disposition est reprise par la loi togolaise de 2007 sur la santé de la reproduction. Il en résulte que toute interruption volontaire de grossesse réalisée en dehors de ce cadre légal sans assistance d’un médecin, est clandestine et périlleuse », a-t-il expliqué.
L’avortement non sécurisé représente un défi de santé mondiale qui entraîne chaque année le décès d’approximativement 47.000 femmes et des séquelles graves chez 5 millions d’autres. C’est la région de l’Afrique de l’Ouest qui est la plus touchée par ce problème.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 1,8 millions d’avortements non sécurisés sont pratiqués chaque année en Afrique de l’Ouest, avec un taux de décès de 540 pour 100.000 avortements, ce qui représente de loin le taux le plus élevé au monde.
« L’avortement provoqué est souvent secondaire à une grossesse qui surprend la fille ou la femme et la plus importante conséquence est l’hémorragie, première cause de décès chez la femme ou la mère au Togo. On peut citer également les infections et la stérilité », a expliqué Dr Abram Amétépé Agossou (directeur de la santé, de la mère et de l’enfant au ministère de la santé et de l’hygiène publique).
Les communicants ont fait l’état des lieux, énuméré des causes et évalué l’ampleur, notamment en milieu scolaire. Les débats ont abouti à des recommandations, surtout la contribution des médias. Et selon Line Ayivor (présidente de l’Association des professionnelles africaines de la communication/APAC), il faut lever le tabou et appeler à l’action à divers niveaux.
« Nous venons d’être outillés sur divers aspects des avortements à risques et les droits de la santé sexuelle et de la reproduction. Nous pouvons donc, à travers nos productions, sensibiliser les populations sur la gravité des avortements clandestins et la nécessité d’opter pour le planning, car les conséquences sont ruineuses », a expliqué Mme Ayivor
« Au Togo, en 2018 il y a eu 1700 avortements provoqués. C’est un véritable problème de santé publique responsable de décès maternels évitables… Il faut assouplir les barrières légales, soutenir les services de Planification Familial… », a recommandé Dr Koffivi Toovi (Médecin en DSSR à l’ATBEF).
Les participants ont également écouté d’édifiants témoignages et conseils des chefs traditionnels.
Rappelons que le REMAPSEN est une organisation africaine de médias véritablement partenaires de tous les programmes de santé et de l’environnement. Il est présent dans 22 pays. FIN
Bernadette AYIBE
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