Le Niger a de nouveau été la cible lundi d’attaques de jihadistes présumés qui ont fait 58 morts dans l’Ouest du pays, près du Mali, les premières violences depuis l’élection du président Mohamed Bazoum le 21 février.
Lundi « dans l’apres-midi, des groupes d’individus armés non encore identifiés ont intercepté quatre véhicules transportant des passagers de retour du marché hebdomadaire de Banibangou en partance respectivement aux villages de Chinégodar et Darey-Daye », indique un communiqué du gouvernement lu mardi soir à la télévision publique.
« Ces individus ont lâchement et cruellement procédé à l’exécution ciblée des passagers. Au village de Darey-daye, ils ont tué des personnes et incendié des greniers » à céréales, ajoute-t-il.
« Le bilan de ces actes barbares » est de « 58 personnes tuées, une personne blessée, plusieurs greniers (à céréales) et deux véhicules incendiés, deux véhicules emportés », selon le gouvernement.
Banibangou abrite un des plus importants marchés hebdomadaires de la région de Tillabéri, près de la frontière malienne.
Située dans la zone dite des « trois frontières » entre Niger, Burkina Faso et Mali, la région de Tillabéri est depuis des années le théâtre d’actions sanglantes de groupes jihadistes liés à Al Qaïda et à l’Etat islamique (EI).
Le gouvernement a décrété un « deuil national de trois jours » à partir de mercredi et appelé « la population à plus de vigilance », réaffirmant « sa détermination à poursuivre sans relâche la lute contre la criminalité sous toutes ses formes ».
Elu chef de l’Etat le 21 février au second tour de la présidentielle, Mohamed Bazoum s’est engagé à lutter contre l’insécurité, un des plus grands défis du Niger, pays sahélien parmi les plus pauvres du monde, qui doit lutter aussi contre les islamistes du groupe nigérian Boko Haram dans sa partie Sud-Est.
« Nous sommes sur la bonne voie », avait estimé son prédécesseur et mentor Mahamadou Issoufou à l’issue de ses deux mandats, en dépit de la poursuite des attaques.
Déploiement tchadien
La région de Tillabéri a été la cible des pires attaques jihadistes qu’a connu le Niger.
Le 2 janvier, , entre les deux tours de l’élection présidentielle, 100 personnes avaient été tuées dans les attaques de deux villages de la commune de Mangaïzé, un des pires massacres de civils au Niger.
Un an auparavant, le 9 janvier 2020, 89 soldats nigériens étaient morts dans l’attaque du camp militaire de Chinégodar. Et un mois plus tôt, le 10 décembre 2019, ce sont 71 soldats nigériens qui avaient péri dans une attaque à Inates, une autre localité de la région de Tillabéri. Ces deux attaques contre l’armée qui avaient traumatisé le pays, avaient été revendiquées par les jihadistes de l’EI.
La région de Tillabéri demeure instable malgré d’importants efforts pour tenter de la sécuriser.
Un contingent de 1.200 soldats de l’armée tchadienne, réputée la plus aguerrie de la région, doit se déployer dans la zone des trois frontières, dans le cadre du « G5 Sahel » regroupant cinq pays (Mauritanie, Mali, Burkina, Niger, Tchad) qui s’efforcent de coopérer dans la lutte antijihadiste depuis 2015.
Comme ses voisins le Mali et le Burkina, également très touchés par les exactions des groupes jihadistes, le Niger bénéficie du soutien de l’opération française antijihadiste Barkhane, qui compte 5.100 hommes déployés au Sahel.
La France dispose d’une base sur l’aéroport de Niamey, d’où opèrent des avions de chasse et des drones armés.
Le président français Emmanuel Macron s’était engagé en février, en marge du dernier sommet du G5 Sahel à N’Djamena, à maintenir les effectifs de cette force.
Les Etats-Unis disposent aussi d’une importante base de drones à Agadez, donnant aux Etats-Unis une plateforme de surveillance pour l’ensemble du Sahel. En octobre 2017, quatre soldats américains et cinq militaires nigériens avaient été tués dans une embuscade à Tongo Tongo, un village de la zone des trois frontières.
SOURCE : AFP