Les parents de plus d’une trentaine d’étudiants enlevés jeudi soir par des hommes armés dans le nord du Nigeria, où les rapts massifs d’élèves se multiplient, étaient vendredi après-midi toujours sans nouvelles de leurs enfants.
Des hommes armés ont envahi jeudi vers 23H30 locales (22H30 GMT) un établissement scolaire à Afaka, en périphérie de Mando, ville située dans l’Etat de Kaduna.
Au moment de l’attaque, environ 200 personnes, des élèves – âgés de 17 ans et plus – et leurs professeurs, ont été enlevées, selon les autorités locales.
Mais rapidement alertées, des troupes de l’armée nigériane à proximité sont intervenues et se sont confrontées aux bandits, selon un communiqué du ministère des Affaires internes de l’Etat de Kaduna.
« Les soldats ont réussi à secourir 180 personnes, 42 étudiantes, 8 membres du personnel et 130 étudiants de sexe masculin », selon le communiqué.
« Le nombre de personnes toujours portées disparues s’élève à 39, dont 23 femmes et 16 hommes », a indiqué Samuel Aruwan, le ministre local de l’Intérieur, dans un communiqué publié dans la soirée.
Le bilan précédemment annoncé était d’environ 30 étudiants portés disparus.
Vendredi après-midi, des forces de sécurité patrouillaient dans les rues de la ville, un avion de chasse survolant la zone, ont raconté à l’AFP des journalistes locaux et des habitants, joints au téléphone.
Il n’était pour l’heure pas possible de recueillir les témoignages des 180 rescapés, toujours gardés dans un camp militaire proche de l’établissement, autour duquel se pressaient les parents des captifs, espérant obtenir plus d’informations des autorités.
Comme Helen Sunday, dont la fille âgée de 21 ans, « est entre les mains des ravisseurs », dit-elle. »J’appelle le gouvernement à aider à sauver nos enfants, j’attends des nouvelles de ma fille depuis ce matin, je n’ai pas mangé depuis », déclare cette femme.
Même inquiétude pour Denis John, dont le frère manque à l’appel: « Je ne sais pas dans quelles conditions mon frère est retenu par ses ravisseurs, cela ajoute à mon anxiété », dit-il.
Il a appelé le gouvernement à mettre fin aux enlèvements d’élèves: « Il est inacceptable que les parents envoient leurs enfants à l’école pour qu’ils soient ensuite kidnappés par des criminels », ajoute-t-il.
Il s’agit de la quatrième attaque d’école en moins de trois mois dans le nord-ouest et le centre du Nigeria, où des groupes criminels, appelés « bandits » par les autorités, attaquent des villages, volent du bétail et pratiquent des enlèvements contre rançon depuis une dizaine d’années.
– Frapper « plus fort » –
La localité de Mando est fréquemment la cible de ces groupes criminels qui multiplient les vols à main armée, en particulier le long de l’autoroute reliant la ville à l’aéroport de Kaduna.
En 2020, des groupes criminels ont tué plus de 937 personnes, enlevé 1.972 personnes et volé près de 7.195 têtes de bétail dans le seul Etat de Kaduna, selon les autorités locales.
Mais les autres Etats frontaliers sont également la cible de ces bandes, agissant par appât du gain, et a priori sans motivation idéologique.
Ces derniers mois, ces bandits ont multiplié les attaques visant des écoles, provoquant l’émoi dans le monde entier.
Le 26 février, 279 adolescentes avaient été enlevées d’un pensionnat dans l’Etat de Zamfara et libérées cinq jours plus tard.
Début décembre, 344 jeunes garçons avaient été enlevés dans un pensionnat à Kankara, dans l’Etat de Katsina, avant d’être relâchés au bout d’une semaine, après des négociations.
La multiplication de ces kidnappings fait craindre une aggravation de la déscolarisation, particulièrement des filles, dans ces régions pauvres et rurales qui comptent déjà le plus fort taux d’enfants n’allant pas à l’école du pays.
Face aux enlèvements, de nombreux Etat ont pris la décision de fermer temporairement les pensionnats, et pour certains, comme l’Etat nigérian du Niger (centre-ouest), toutes les écoles pour au moins deux semaines.
Face à l’insécurité qui mine le Nord-Ouest, le président nigérian Muhammadu Buhari est de plus en plus critiqué.
Jeudi, il a demandé aux responsables de l’armée de frapper « plus fort » pour réprimer la criminalité dans cette région.
« Quiconque porte un AK-47 (une kalachnikov) doit être abattu », a-t-il menacé.
L’armée nigériane opère dans ces régions depuis 2016, mais sa priorité reste le nord-est du pays, en proie à une rébellion jihadiste depuis 2009.
Ses opérations contre les gangs criminels n’ont pas endigué les attaques.
SOURCE : AFP