Le Togo, petit pays de l’Afrique de l’ouest a « compris l’impérieuse nécessité de mettre en place des politiques sociales visant à promouvoir une relance plus inclusive et plus durable », a souligné Mme Victoire Tomégah-Dogbé (Premier ministre), lors du 20ème forum économique international sur l’Afrique, rencontre virtuelle de haut niveau tenu lundi.
Ce Forum a été conjointement organisé par la Commission de l’Union africaine et le Centre de développement de l’OCDE, sous la présidence du chef de l’État sénégalais Macky Sall, avec la participation du Président de Madagascar Andry Rajoelina, du ministre des affaires étrangères du Japon, du secrétaire général de l’OCDE et du Président de la Commission de l’Union africaine.
Thème de ce forum: « Investir pour une relance durable en Afrique ».
La pandémie de coronavirus a mis en berne et détruit des pans entiers des économies des pays du continent. Face à l’impact de cette crise sanitaire, les pays africains préparent la relance économique et booster la croissance.
En 2020, 41 économies africaines ont connu une baisse de leur produit intérieur brut (PIB). Le moment est venu de prendre des mesures audacieuses et coordonnées.
Ce 20è forum est un véritable cadre d’échanges entre les dirigeants du continent qui recherchent des solutions sur les thématiques de développement.
Au nom du Président de la République Togolaise, Mme Victoire Tomégah-Dogbé, a présenté la vision de développement du Togo pour une relance économique durable.
« Cette rencontre virtuelle autour du thème investir pour une relance durable en Afrique, constitue une véritable plateforme de l’espoir. Nous devons investir dans notre futur, ce qui signifie, investir dans le développement du capital humain. Nous devons placer l’être humain au centre de toute action », a martelé Mme Tomégah-Dogbé.
Ceci, passe selon la cheffe du gouvernement, par la préservation de la santé des populations.
»Nous avons compris l’impérieuse nécessité de mettre en place des politiques sociales visant à promouvoir une relance plus inclusive et plus durable », a-t-elle ajouté.
Pour la cheffe du gouvernement, le capital humain demeure donc au cœur des projets de développement du Togo avec des investissements ciblés dans les secteurs sociaux avec en première ligne, la mise en place de l’assurance maladie universelle, l’identification biométrique des populations pour un meilleur ciblage des interventions.
Au Togo, le gouvernement a soutenu dans cette optique plus de 600.000 personnes fortement impactées par la crise à travers un système de transferts monétaires dénommé »Novissi ».
Grandes lignes des principales conclusions et recommandations du Forum
Au-delà de la diversité des situations nationales, cette crise a indéniablement pointé deux obstacles majeurs auxquels les stratégies post-COVID doivent s’attaquer pour enclencher en Afrique un nouveau cycle de croissance durable : la dépendance à l’égard des marchés extérieurs et l’incapacité des secteurs économiques formels à créer suffisamment d’emplois de qualité.
Au terme des débats qui ont suivi la cérémonie d’ouverture, des conclusions ont été dégagées :
Pour assurer une reprise économique mondiale durable, la priorité est de gagner rapidement la bataille contre le virus partout dans le monde
-Les vaccins doivent être considérés comme biens publics mondiaux : La communauté internationale doit s’efforcer de garantir une distribution équitable et, en temps opportun, des vaccins anti-COVID-19 afin de permettre à 60% de la population du continent africain d’être vaccinée.
-Il est urgent de faire face aux défis économiques et sociaux en Afrique, considérablement aggravés par la crise mondiale. Malgré une propagation du virus relativement limitée en 2020, pas moins de 41 économies africaines ont subi une récession, contre seulement 11 pays lors de la crise financière mondiale de 2009. Ce choc risque de fragiliser durablement beaucoup de ménages précaires, majoritairement dépendants de l’économie informelle.
À un après le début de la pandémie, plus de 30 millions de personnes en Afrique sont à risque de s’ajouter au nombre de personnes déjà en situation d’extrême pauvreté.
Le temps est venu d’un « New deal for Development »: face à cet immense choc mondial, seule une action coordonnée au niveau continental et global nous permettra de réduire les vulnérabilités de nos économies
–Au-delà de la réponse à l’urgence, le forum réaffirme la nécessité impérieuse d’adopter des politiques publiques à même d’investir dans la transformation des économies, de créer des emplois de qualité et de permettre aux pays africains de bénéficier de leur dividende démographique. Les succès retentissants de jeunes entrepreneurs talentueux et des pôles d’innovations technologiques à travers le continent montrent que la jeunesse de la population peut être moteur de changement pour nombre de pays dans les décennies à venir.
–Les questions liées à l’économie et à la transformation numériques devront faire partie intégrante de ce «New Deal for Development». L’élan actuel d’innovation peut contribuer à la résilience face à la COVID-19 et faciliter la relance économique mondiale, si les politiques publiques œuvrent dans l’intérêt de tous.
–La mise en œuvre effective et rapide de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et des projets prioritaires du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) peuvent renforcer les chaînes de valeur régionales et réduire la vulnérabilité aux chocs extérieurs.
Pour rappel, entre 2000 et 2018, le continent africain a affiché le deuxième taux de croissance économique le plus élevé au monde, à 4,6 % en moyenne, derrière l’Asie (7.2 %). Cette croissance économique africaine antérieure à la COVID-19 était largement tirée par la demande intérieure.
-L’appel a été lancé aux institutions panafricaines et aux communautés économiques régionales à mettre en place des espaces de concertation et des mécanismes formels pour identifier et renforcer les complémentarités régionales dans les chaînes de valeur à fort potentiel, afin d’appuyer la mise en œuvre de la ZLECAf.
-Le forum a exhorté les partenaires et la communauté internationale à amplifier le soutien au programme de transformation que l’Afrique s’est choisie pour elle-même. À cet effet, les participants ont salué et encouragé la coopération fructueuse de l’Union africaine (UA) avec l’OCDE, par le biais de son Centre de développement, dont naissent chaque année les rapports phares Dynamiques du développement en Afrique et Statistiques des recettes publiques en Afrique ainsi que ce Forum économique international sur l’Afrique.
-Les gouvernements d’Afrique font face à la pandémie de COVID‑19 avec de plus faibles ressources financières par habitant que lors de la crise financière mondiale de 2008. Il est donc impératif d’agir rapidement sur tous les leviers pour assurer une mobilisation adéquate des ressources extérieures et domestiques pour le financement du développement. Il est nécessaire de renforcer la coopération internationale sur les pratiques fiscales, afin de mieux combattre les flux financiers illicites, et sur le traitement de la dette. FIN
Chrystelle MensaH/Rédaction