Cent jours après l’entrée en fonction de la nouvelle équipe gouvernementale, le Premier ministre, Mme Victoire Sidémého Tomégah-Dogbé a présenté, vendredi dernier, le bilan partiel de l’action gouvernementale, au cours de l’émission « Au cœur de la nation » de la Télévision Togolaise (TVT).
La cheffe du gouvernement, Mme Tomégah-Dogbé est revenue sur la feuille de route gouvernementale qui se décline en 10 ambitions, 36 projets et 6 réformes. Elle a passé en revue les réformes importantes et actions sociales engagées pour renforcer l’inclusion sociale et relancer l’économie nationale. Pour Mme Tomégah-Dogbé, le travail de l’équipe gouvernementale en 100 jours a permis d’asseoir les bases nécessaires pour réaliser la vision du chef de l’Etat pour le pays.
Nommée le 28 septembre dernier, Mme Victoire Tomégah-Dogbé, première femme Premier ministre dans l’histoire du Togo, et son équipe se sont engagées à travailler d’arrache-pied, dans un contexte marqué par la pandémie de la COVID-19, pour améliorer le quotidien des Togolais, d’ici les cinq prochaines années. Ceci, à travers la mise en œuvre de sa feuille de route.
Vendredi dernier, Mme Tomégah-Dogbé, invitée spéciale de l’émission « Au cœur de la nation » sur la TVT, a livré un bilan plutôt positif des 100 jours du nouvel exécutif. Elle a rappelé la vision de la politique générale du gouvernement qui consiste à renforcer l’inclusion sociale, à consolider la paix et à promouvoir la croissance économique durable et profitable à tous.
Cette vision se définit autour de trois axes stratégiques : « le renforcement de l’inclusion et de l’harmonie sociale et la consolidation de la paix », « la création de richesse et de l’emploi en s’appuyant sur les forces du pays » et « la modernisation du pays à travers la digitalisation des procédures et services ».
Priorité aux secteurs sociaux avec une assurance maladie obligatoire pour tous
Dans son engagement pour renforcer l’inclusion sociale et consolider la paix dans le pays, le gouvernement a décidé de consacrer 53 % du budget 2021 aux secteurs sociaux et d’instaurer une assurance maladie obligatoire pour tous, selon les nouvelles dispositions du nouveau code du travail. Des réformes ont été ainsi entreprises à travers l’adoption de certaines lois innovantes et des décrets. Il s’agit, notamment de la loi de programmation militaire devant permettre au pays de se procurer les moyens d’assurer la défense du territoire et faire face aux menaces sécuritaires. Le décret sur « l’organisation et le fonctionnement de l’agence de protection des données » et la création de l’agence sur l’identification participent à cette dynamique.
La belle performance du Togo dans le recul de la pauvreté a été aussi un point fort de l’action gouvernementale.
« Aujourd’hui moins de 50 % des Togolais vivent en dessous de la pauvreté, grâce à l’inclusion financière, l’accompagnement des jeunes, le programme de développement communautaire, les programmes dans divers secteurs. Cela nous encourage à faire plus », s’est réjouie Mme Tomégah-Dogbé.
Parlant de l’éducation, qui est un point important de l’axe stratégique 1, la cheffe du gouvernement a confié que le gouvernement est à pied d’œuvre pour offrir une éducation de qualité à tous, à travers une augmentation de la capacité d’accueil des établissements (construction de sept mille salles de classe en cette année).
Une carte scolaire est en cours de réalisation pour mieux orienter les actions dans ce secteur. D’autres projets, à l’instar de la politique de recrutement des enseignants et les réformes des orientations scolaires et professionnelles, retiennent également l’attention du gouvernement.
« Sans orientation, nous continuerons de produire des chômeurs », a relevé le Premier ministre.
C’est l’objectif poursuivi à travers la création des IFAD, a déclaré Mme Tomégah-Dogbé qui a récemment visité le centre de Barkoissi pour s’assurer de l’évolution des travaux. Selon elle, le mieux-être social, c’est aussi l’accès à l’énergie de qualité et le gouvernement compte développer l’énergie, à travers une stratégie d’électrification et garantir l’accès à 35 % de la population, d’ici à 2025. Ainsi, au cours des 100 jours, le gouvernement a visité le chantier Kékéli de Blitta qui va permettre de connecter des centaines de milliers de Togolais à l’énergie et à un prix abordable.
Le Togo bénéficiera des premières doses de vaccins contre la COVID-19
Le Premier ministre Tomégah-Dogbé est aussi revenu sur la politique sanitaire mise en place pour gérer la lutte contre le coronavirus. A cet effet, outre la création d’une coordination nationale au plus haut niveau pour gérer la riposte, la réhabilitation du CHR Lomé-Commune pour accueillir les malades et la mise en place d’un Conseil scientifique, Mme Tomégah-Dogbé a rappelé les dispositions prises pour garantir la reprise des classes par les apprenants dans des conditions de sécurité, avec l’exonération des frais d’inscription aux différents examens de fin d’année. Au regard de tous ces efforts, elle a invité la population à plus de responsabilité dans le respect strict des règles d’hygiène édictées.
Elle a, par la même occasion, annoncé que le Togo va bénéficier très prochainement des premières doses de vaccin contre la COVID-19 pour immuniser les populations.
Moderniser l’agriculture pour dynamiser la création d’emploi et l’économie
Selon Mme le Premier ministre, les efforts pour améliorer les conditions de vie de la population se poursuivent en se consolidant. Ainsi, créer davantage d’emplois est une préoccupation non des moindres inscrites sur la feuille de route gouvernementale.
Selon Mme Tomégah-Dogbé, il est important de moderniser l’agriculture et développer l’agro-industrie pour la transformation des productions, si l’on veut créer de l’emploi et exporter vers d’autres marchés.
Le gouvernement travaille d’ailleurs dans ce sens et a pu avoir l’accord de certains investisseurs privés pour financer le développement des filières stratégiques, notamment le coton, l’anacarde et le maïs qui ont un impact sur le pays. Il a signé, à cet effet, un contrat avec le groupe singapourien OLAM qui a racheté 51 % de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT). A travers ce partenariat, OLAM s’engage à développer toute la filière du coton allant de la production à la collecte, en passant par le transport et la mise sur le marché des productions. D’ici les trois prochaines années, les résultats seront visibles, a expliqué la cheffe du gouvernement.
L’Etat compte également exploiter les Zones Agricoles Planifiées (ZAAP), les IFAD pour relever les défis dans le secteur agricole et améliorer les rendements pour que les activités puissent rémunérer les bénéficiaires. Ceci passe par une bonne fertilisation des terres cultivables.
La carte de fertilité réalisée, à cet effet, a permis de cartographier 33 % des terres cultivables sur les 55 % de la superficie nationale qui a été analysée.
Dans cette même dynamique, il est prévu le développement d’un programme de 4.000 kilomètres de pistes rurales. Ce programme a été lancé récemment dans la préfecture de Haho. Il est prévu également le désenclavement des zones de productions de café, cacao et de coton devenus prioritaires. Ce projet, a rappelé Mme Tomégah-Dogbé, va coûter 49 milliards de francs CFA.
Grâce à toutes ces innovations, les rendements se sont nettement améliorés, avec l’augmentation de la production, a-t-elle confié.
En retour, l’Etat va développer l’Agro-industrie pour transformer toutes ces productions.
Ce qui va créer des emplois sur toute la chaîne. Le Premier ministre a confié avoir visité au cours de ces trois mois des structures spécialisées dans le domaine à travers le pays.
Le gouvernement, a-t-elle souligné, compte s’appuyer sur les mécanismes de financement innovants existants, notamment le FNFI, le FAEIJ, PAIEJ… pour accompagner les jeunes entrepreneurs.
Par ailleurs, la consommation locale est un point essentiel sur lequel le gouvernement a aussi mis l’accent pour valoriser le potentiel togolais et encourager la consommation des produits « Made in Togo ».
En témoigne l’organisation en octobre dernier de la première édition du « mois du consommer local » qui a tenu toutes ses promesses.
Politique des grands travaux et développement des axes centraux
Au niveau de l’axe 2, la visite de certains chantiers a permis au gouvernement d’identifier les goulots d’étranglement qui freinent l’évolution des travaux et de trouver des mécanismes pour relancer les projets. Actuellement, le « tronçon Kanté-Tandjoaré, démarré en 2013 avec une lenteur dans l’exécution des travaux, est aujourd’hui à 80 % de réalisation, contre 40 % ».
En dehors de « l’axe Pya-Sarakawa qui est aujourd’hui à 43 % de réalisation, du tronçon Avépozo-Aného long de 29 km avec un taux de réalisation estimé à peu près à 29 % », de « l’axe Lomé-Vogan-Anfoin long de 61 km avec un taux d’exécution de 90 % », la ministre Tomégah-Dogbé a visité «le tronçon Lomé-Kpalimé, qui est à un taux de réalisation de 20% ».
Et si tout va bien, la plupart de ces ouvrages seront livrés d’ici à fin du mois de juin prochain, a assuré Mme Tomégah-Dogbé.
Avec le système de suivi mis en place, toutes les voies, a-t-elle confié, seront dotées de la fibre optique, permettant de rationaliser les ressources et le travail qui se fait. L’ambition du nouvel exécutif, c’est de travailler à faire en sorte que le Togo soit ce pays de paix, une nation moderne et à asseoir une croissance économique durable qui profite à tous, a-t-elle fait valoir.
Impulser une nouvelle méthode de gouvernance axée sur les résultats
Les réformes engagées au niveau de l’Axe 3 entend moderniser le pays et renforcer ses structures à l’horizon 2025. Pour ce faire, le gouvernement veut mettre le digital au cœur des services de l’administration.
L’informatisation du casier judiciaire, la mise en place de l’Agence nationale pour l’identification biométrique, ainsi que le prochain recensement général de l’habitat ont été décrits comme des signaux de modernisation appréciables.
L’installation de la fibre optique pour généraliser l’accès de l’internet à très haut débit à la population et le renforcement des structures de régulation, notamment l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et Postes (ARCEP) pour réglementer le secteur du numérique sont autant d’initiatives prises pour garantir la qualité des services des réseaux mobiles à des prix abordables. Il s’agit, en effet, de « faire du Togo le pays le plus fibré de l’Afrique de l’Ouest et le plus digitalisé à l’horizon 2025 et c’est possible », a-t-elle lancé Mme Tomégah-Dogbé.
L’une des grandes réalisations du gouvernement en 100 jours est l’adoption d’un nouveau Code de travail moderne, dont les dispositions garantissent l’équilibre judicieux entre les aspirations et les attentes des travailleurs et des employeurs au niveau des entreprises, en proposant aussi le télétravail.
Ce qui rendra le Togo beaucoup plus attractif. Dans le même temps, l’augmentation de 20 % des frais de mission des agents de l’administration et la revalorisation des traitements des chefs traditionnels sont de belles innovations, a indiqué Mme Tomégah-Dogbé.
L’adoption de la loi organique sur le médiateur de la République pour moderniser l’institution, afin de l’adapter à ses nouvelles fonctions et la loi sur l’aménagement et la protection de la mise en valeur du littoral vont aussi permettre de mieux orienter la modernisation du pays.
Pour atteindre ses objectifs, le gouvernement compte développer le partenariat avec le secteur privé local.
Pour concrétiser cette vision, des jalons ont été posés à travers l’instauration d’une nouvelle méthode de travail qui consiste à gouverner autrement, en se basant sur une « gouvernance concertée » axée sur les résultats.
« Il faut se focaliser sur les résultats. Vous pouvez tout faire, si vous n’avez pas de résultats, vous aurez perdu du temps », a déclaré Mme Tomégah- Dogbé. Selon elle, la périodicité du Conseil des ministres et l’innovation du compte rendu pour mieux communiquer les actions du gouvernement, ainsi que la création de nouveaux ministères pour la promotion de l’économie maritime, de l’investissement et l’amélioration du climat des affaires, constituent des pré-requis sur lesquels se fonde la modernisation du Togo.
De l’avis de la cheffe du gouvernement, la nouvelle méthode de travail permet d’être au contact de la population pour mieux comprendre ses aspirations et répondre à ses attentes. Cette gouvernance est axée sur les résultats et met l’accent sur la redevabilité.
« Tout ce que vous faites, vous devez rendre compte et cela vous permet de vous améliorer », a-t-elle souligné.
Pour conclure, elle a promis que son équipe va travailler davantage pour poursuivre les réformes dans le sens de l’amélioration du quotidien des Togolais et du renforcement de l’inclusion sociale et de l’éducation.
Des initiatives qui contribueront forcément à relancer l’économie. Elle a remercié les différents acteurs qui œuvrent aux côtés du gouvernement pour la réussite de cette noble mission qui mise sur le bien-être de la population.
Patouani BATCHAMLA (Source : Togo Presse)