Trois Casques bleus ivoiriens de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) ont été tués mercredi dans une attaque contre leur convoi, ont annoncé le gouvernement et l’armée ivoiriens, confirmant les informations données plus tôt par des sources onusiennes et malienne.
« Aux environs de 12h30 GMT, un détachement de Casques bleus ivoiriens de Minusma a été l’objet d’une attaque de groupe armé terroriste à 95 km environ, au sud de Tombouctou. Celle-ci a consisté en l’emploi d’un engin explosif improvisé (IED), au contact duquel un des véhicules blindés a explosé, et de tirs directs », a déclaré le chef d’état-major général ivoirien Lassina Doumbia dans un communiqué.
« Pour l’heure, le bilan fait état de trois Casques bleus ivoiriens tués et de quatre autres blessés », selon le général Doumbia.
« Des renforts aériens constitués d’hélicoptères d’attaque et d’aéronefs médicalisés ont été immédiatement déployés sur le terrain » pour ratisser la zone et « évacuer les blessés », précise-t-il.
Le Premier ministre et ministre de la Défense ivoirien Hamed Bakayoko »s’incline devant la mémoire de ces soldats tombés au champ d’honneur » et »réaffirme la détermination du gouvernement ivoirien à oeuvrer dans le cadre de la Minusma à la restauration de la paix et de la stabilité au Mali », a déclaré M. Bakayoko dans un communiqué séparé, confirmant le bilan de trois morts.
Un responsable de la Minusma avait auparavant fait part à l’AFP, sous couvert d’anonymat, de l’attaque avec un IED et des tirs menée par des « hommes armés non-identifiés », et du bilan de trois morts.
L’attaque est survenue au nord de Bambara Maoudé, sur l’axe entre Douentza (centre) et Tombouctou (nord-ouest), dans une région qui est l’un des foyers de la violence polymorphe qui ensanglante le Sahel.
– Nombreuses pertes –
La Minusma, établie en 2013, a perdu plus de 230 de ses membres, dont plus de 130 dans des actes hostiles, selon des statistiques chiffres de l’ONU.
C’est la mission la plus meurtrière pour les Casques bleus dans le monde.
Forte de 15.000 hommes et femmes dont environ 12.000 militaires selon l’ONU, elle est régulièrement la cible d’attaques contre ses convois ou ses positions.
Nombre de ses pertes ont été causées par des mines improvisées frappant les véhicules ou les immobilisant dans des guet-apens.
Entre fin décembre et début janvier, cinq soldats de la force antijihadiste française au Sahel, Barkhane, ont été tués au Mali par l’explosion d’engins explosifs artisanaux. Les deux attaques ont été revendiquées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, Jnim en arabe), affilié à Al-Qaïda.
Le secteur de Douentza-Tombouctou est aussi le champ d’action du GSIM, et non de l’organisation Etat islamique (EI), également active au Mali.
L’attaque contre le convoi de la Minusma est survenue le jour d’une réunion trimestrielle du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Mali et sur l’effort de paix dans ce pays pris dans la tourmente depuis des années.
Dans son dernier rapport, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, se disait préoccupé par la dégradation de la situation sécuritaire.
Au cours des trois derniers mois, « la situation en matière de sécurité a continué de se détériorer (…) en particulier dans le centre » du pays,relevait-il.
Son représentant spécial et chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, a condamné « avec fermeté cette nouvelle attaque contre les Casques bleus qui mettent quotidiennement leur vie en danger au service de la paix et de la stabilité au Mali ».
« Au moment où tous les efforts sont mobilisés pour que le Mali sorte de l’ornière, je déplore vivement la recrudescence de ces attaques contre les Forces nationales, internationales, ainsi que les populations civiles », a-t-il dit dans le communiqué de la mission.
SOURCE : AFP