Trois Casques bleus burundais ont été tués par des « combattants armés non identifiés » en Centrafrique, où la coalition de rebelles – à l’offensive depuis une semaine contre le gouvernement – a rompu son cessez-le-feu peu avant les élections présidentielle et législatives prévues dimanche.
« Trois casques bleus du Burundi ont été tués et deux autres blessés à Dékoa » (centre), a annoncé l’ONU vendredi, en condamnant des attaques menées par « des combattants armés non identifiés ».
Les attaques se sont produites à Dékoa et Bakouma (sud), a précisé l’ONU dans un communiqué.
La tenue des élections en Centrafrique, un pays ravagé par la guerre civile et au territoire encore contrôlé aux deux tiers par des groupes armés est un enjeu majeur pour le président sortant Faustin Archange Touadéra, grand favori, et la communauté internationale.
La coalition rebelle avait décrété mercredi un « cessez-le-feu unilatéral » de trois jours arrivant à échéance avant le vote, tout en demandant au président Touadéra de « suspendre les élections dont les conditions de bon déroulement n’ont jamais été réunies ».
Mais M. Touadéra s’est montré déterminé dans son refus de tout report.En outre, Ange-Maxime Kazagui, porte-parole du gouvernement, avait réagi jeudi en dénonçant « un non-événement », disant à l’AFP n’avoir pas constaté de volonté des rebelles de « s’arrêter dans leurs actions ».
Le gouvernement a « rejeté de façon cavalière » cette « chance à la paix », a affirmé la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). »Il s’en est suivi plusieurs attaques sur les positions occupées par les patriotes de la CPC », selon un communiqué confirmé à l’AFP par deux importants groupes rebelles.
Face à « l’entêtement irresponsable du gouvernement », la coalition « décide de rompre la trêve de 72H qu’elle s’était jusque là imposée et de reprendre sa marche implacable jusqu’à son objectif final », selon le texte.
Après une légère accalmie jeudi matin, des combats ont repris à Bakouma, à environ 800 km au nord-est de Bangui, selon Vladimir Monteiro, porte-parole de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca).
« Désormais, soit le gouvernement nous disperse, soit nous marchons sur Bangui, qui est notre objectif final », a déclaré à l’AFP le général Bobo, commandant au sein du mouvement 3R (Retour, réclamation, réhabilitation), l’un des piliers de la coalition.
La progression des rebelles a été enrayée depuis mercredi, avec notamment la reprise de la quatrième ville du pays, Bambari, par les Casques bleus, l’armée, et des centaines de renforts dépêchés par le Rwanda et la Russie dans le cadre d’accords de coopération bilatérale.
Jeudi soir, la Minusca a également reçu le soutien de 300 Casques bleus rwandais « dans le cadre du plan intégré de sécurisation des élections ».
– Dernier jour de campagne –
La semaine dernière, les principaux groupes armés se sont coalisés et ont lancé une offensive.Le camp Touadéra y a vu une tentative de « coup d’Etat » à l’instigation de l’ancien président François Bozizé, renversé en 2013 et dont la candidature a été invalidée, qui dément.
La menace persistante des groupes armés rend illusoire une participation conséquente dimanche, ou du moins libre et sereine.Et l’opposition exige un report, dénonçant par avance des fraudes massives pour faire réélire M. Touadéra dès le premier tour.
Dans les rues de Bangui, l’ambiance vendredi était davantage aux fêtes de Noël qu’aux élections.Mais le gouvernement exhorte encore des inscrits à aller retirer leur carte d’électeur. »Je n’ai pas peur.Je vais voter dimanche et je pense que la paix reviendra après les élections », estime Wallace, 27 ans.
Vendredi était le dernier jour de la campagne officielle mais la plupart des quelque 1.500 candidats à l’Assemblée nationale n’ont pu la mener pour des raisons de sécurité.
La Centrafrique est ravagée par une guerre civile qui a fait des milliers de morts entre 2013 et 2014 avant de baisser d’intensité depuis 2018.
Le 20 décembre, le G5+, qui comprend notamment la France, la Russie, l’ONU, l’Union européenne et la Banque mondiale, a martelé que les élections, dans l’organisation desquelles la communauté internationale a investi plus de 30 millions d’euros, devaient « se tenir dans le respect du délai constitutionnel ».
Mais mercredi, l’ONU s’est déclarée « profondément alarmée » par les violences qui « présentent de sérieux risques pour la sécurité des civils et l’exercice du droit de vote ».
SOURCE : AFP