Le président Alpha Condé, 82 ans, a prêté serment mardi devant la Cour constitutionnelle pour un troisième mandat controversé à la tête de la Guinée, lors d’une cérémonie en présence d’une douzaine de chefs d’Etat africains, ont constaté des journalistes de l’AFP.
« Moi, Alpha Condé, président de la République élu conformément à la Constitution, je jure devant le peuple de Guinée et sur mon honneur, de respecter scrupuleusement les dispositions de la Constitution, les lois et les décisions de justice, de défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale », a-t-il déclaré.
« En cas de parjure, que je subisse les rigueurs de la loi », a ajouté en levant la main droite M. Condé, vêtu d’un boubou blanc.
Le président de la Cour constitutionnelle, Mohamed Lamine Bangoura, a pris acte de son serment et a indiqué qu’il serait « installé dans ses fonctions » lundi 21 décembre.
Le haut magistrat a ensuite appelé M. Condé à « gouverner autrement », sans « aucune tolérance » pour « la corruption, l’incivisme, l’ethnocentrisme, le népotisme ».
Dans son allocution, M. Bangoura a également souhaité que « les leaders politiques saisissent la main tendue que vous daignerez leur tendre ». « C’est tout le sens de notre appel au dialogue… un dialogue permanent, vaccin de tout conflit », a-t-il ajouté.
La cérémonie, dans un Palais Mohammed V de Conakry placé sous haute sécurité, a débuté à la mi-journée, avec plus de trois heures de retard sur l’horaire prévu.
Les invités comprenaient les présidents de onze pays africains (Sierra Leone, Liberia, Ghana, Togo, Tchad, Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Congo, Comores et Ethiopie), ainsi que des représentants de la France, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), ou encore des Nations unies.
Un dispositif de sécurité très important, composé de policiers, gendarmes et militaires, a également été déployé dès le début de la matinée jusque dans la grande banlieue de Conakry, réputée acquise à l’opposition, selon un correspondant de l’AFP.
Ancien opposant historique élu en 2010 et réélu en 2015, Alpha Condé a fait adopter en mars, lors d’un référendum boycotté par l’opposition, une nouvelle Constitution, invoquée pour se représenter au scrutin du 18 octobre après ses deux mandats constitutionnels.
M. Condé a été définitivement proclamé vainqueur le 7 novembre par la Cour constitutionnelle.
Il entamera le « premier mandat de la 4e république », a souligné le gouvernement.
Le projet de référendum, puis la candidature d’Alpha Condé à un troisième mandat, ont donné lieu à des mois de manifestations durement réprimées et de violences qui ont fait des dizaines de morts civils d’octobre 2019 aux lendemains de l’élection.
La justice et la police ont lancé depuis une vague d’arrestations contre ceux qu’elles disent soupçonner d’être impliqués dans les violences.
Dans un communiqué, Amnesty International a dénoncé mardi les « homicides commis par des forces de défense et de sécurité dans des quartiers favorables à l’opposition après l’élection présidentielle ».
« Au moins 16 personnes ont été tuées par balle entre le 18 et le 24 octobre », indique l’ONG, qui fait également état d’un cas de torture et de nombreuses arrestations et détentions arbitraires.
Alpha Condé et le gouvernement guinéen accusent régulièrement Amnesty International ou encore Human Rights Watch (HRW) de partialité, leur reprochant de ne pas dénoncer les violences commises par les manifestants partisans de l’opposition.
SOURCE : AFP