Le candidat de l’opposition ghanéenne a accusé mardi son rival, le président sortant Nana Akufo Addo, d’être « anti-démocratique » et a prévenu qu’il « résisterait à toute tentative de vol du scrutin », alors que le pays attend toujours le résultat de la présidentielle.
« Il y a des choses qui se déroulent actuellement qui sont inacceptables », a déclaré John Mahama, candidat du Congrès national démocratique (NDC) lors d’une conférence de presse à Accra.
« Nana Akufo-Addo continue à faire preuve d’une attitude très anti-démocratique », a-t-il ajouté alors que la rumeur selon laquelle il avait concédé la victoire circulait sur les réseaux sociaux.
Le candidat de l’opposition a affirmé que son parti remportait la majorité des suffrages, avec 140 sièges au Parlement pour les élections législatives alors que la Commission électorale n’avait toujours pas annoncé de résultats officiels, ni donné d’heure précise quant au moment où ils seraient annoncés.
La présidence a surpris dans la matinée en publiant des estimations de résultats portant sur 91% des bureaux de votes, et donnant le chef de l’Etat sortant vainqueur avec 52,25% des voix, contre 46,44% pour M. Mahama, contrairement aux protocoles en vigueur.
Le scrutin s’annonce serré entre le président Nana Akufo-Addo, 76 ans, candidat pour le Nouveau parti patriotique (NPP) qui brigue un second mandat, et son prédécesseur John Mahama, 62 ans.
Les deux adversaires politiques de longue date, qui s’affrontent pour la troisième fois avaient signé vendredi un « pacte de paix », s’engageant à ne promouvoir aucune violence lors du vote et à reconnaître les résultats officiels.
Le Ghana est considéré comme un modèle de démocratie et de stabilité en Afrique de l’Ouest, région traversée par des crises électorales et des conflits, et au lendemain du vote, électeurs et observateurs se disaient satisfaits du déroulement du scrutin.
« Election calme et pacifique », « Le vote s’est fini dans le calme » titraient les deux principaux quotidiens mardi matin.
La veille, plus de 17 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour choisir entre douze candidats à la magistrature suprême, dont trois femmes, et élire leurs 275 députés.
Le vainqueur devra remporter plus de 50% des suffrages, mais le Ghana n’a jamais connu de second tour, les plus petits partis dépassant rarement les 1% des voix.
– Candidat à la députation arrêté –
Même si le scrutin s’est globalement déroulé dans le calme, quelques accrocs ont été rapportés par la Coalition des observateurs ghanéens des élections (CODEO) qui a surveillé 4.000 des 38.000 bureaux à travers le pays.
Environ 235 incidents, allant du non-respect du protocole sanitaire imposé à cause du coronavirus à des actes de violence, ont été observés, selon ces observateurs.
A Odododiodoo, une circonscription pauvre située dans la région d’Accra, un des candidats au poste de député, Nii Lante Vanderpuye, a été arrêté lundi soir par la police.
Suspecté d’avoir incité des partisans à une fusillade, ce membre de l’opposition a été libéré sous caution mardi matin, a affirmé à l’AFP son assistant Sammy Laryea.
Le bureau de la Commission électorale à Fomena, dans la région d’Ashanti (Sud) a également été incendié dans la nuit, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le chômage des jeunes a été l’un des principaux enjeux de la campagne, alors que plus de la moitié des électeurs a moins de 35 ans.
Depuis les années 2000, ce pays riche en or, cacao et plus récemment pétrole, a connu une des plus fortes croissances au monde.
Mais certaines régions continuent de vivre dans le plus grand dénuement et la crise provoquée par le coronavirus a durement touché le pays, dont la croissance cette année devrait tomber à 0,9%, selon le FMI (soit le taux le plus bas depuis plus de 30 ans).
En 2012, M. Mahama l’avait emporté avec 50,7% des voix, puis en 2016 ce fut M. Akufo-Addo avec 53,8%.
SOURCE : AFP