Sur 400 échantillons de médicaments antipaludiques récoltés auprès des ménages de la préfecture de Yoto en octobre 2017 pour une analyse de qualité, la plupart ne contenaient aucun principe actif ou contenaient des principes actifs à une dose très basse.
Un autre groupe de médicaments contenaient des principes actifs à des doses supérieures à la dose normale. D’autres échantillons contenaient des principes actifs contraires à ce qui est inscrit sur les boîtes.
Tels sont les résultats alarmants d’une étude réalisée dans le Yoto, fin 2017 par l’Organisation Panafricaine de Lutte pour la Santé (OPALS) et ses partenaires locaux, et présentés aux médias jeudi à Tabligbo (environ 90 km au nord de Lomé).
Ces échantillons ont été analysés en France, dans le centre humanitaire des métiers de la pharmacie (CHMP), un laboratoire de contrôle et publié en septembre 2019.
Chaque année, on estime à 200 milliards de dollars, la valeur du marché illégal des médicaments non conformes aux normes et falsifiés, soit environ 10 à 15% du marché pharmaceutique mondial, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Environ 42% de tous les médicaments falsifiés découverts depuis 2013, l’ont été en Afrique. Dans certains pays africains, on estime que les médicaments falsifiés représentent 30 à 60% de tous les produits médicaux.
Ces faux médicaments existent et circulent dans nos communautés
« Cette étude de l’OPALS, rendue publique aujourd’hui, nous montre que les faux médicaments existent et circulent dans nos communautés. Ils sont accessibles à nos concitoyens qui les achètent et les consomment sans se douter un seul instant, des dégâts que ces +tueurs silencieux+ vont causer, sur leur santé individuellement et sur la santé de toute la communauté », a indiqué Dr Innocent Kpéto (président du Conseil national de l’ordre des pharmaciens du Togo).
Ce dernier a invité l’ensemble des pharmaciens (professionnels du médicament) à « s’engager avec vigilance, pour servir de barrière entre ce trafic criminel et nos populations ».
« De manière globale, aucun parmi les échantillons analysés ou les 90% des médicaments ne présentent aucun réactif attendu du principe de dosage espéré. Ce qui veut dire tout simplement que les médicaments pris dans le cadre d’une crise de paludisme dans la préfecture de Yoto ou l’étude a été faite, ne sont pas vraiment des médicaments antipaludiques », a déploré Mawuéna Samboé (représentant légal de l’OPALS au Togo).
« Nous sommes prêts aujourd’hui, à accompagner les autorités sanitaires du Togo pour la ratification de la convention médi-crime du conseil de l’Europe. Cette convention est aujourd’hui, le seul texte international qui puni les trafiquants de ces faux médicaments », a-t-il précisé.
Il a invité les acteurs de la santé et toutes les parties concernées à unir leurs efforts pour renforcer la sécurité des circuits de distribution des médicaments.
En janvier dernier, les chefs d’Etat de sept pays africains dont Faure Gnassingbé du Togo ont affiché leur fermeté de venir à bout du fléau, en criminalisant le trafic, lors d’un sommet à Lomé.
Un « accord-cadre légalement contraignant » visant à lutter efficacement contre le trafic des faux médicaments ou produits médicaux de qualité inférieurs et falsifiés, sera signé à un prochain sommet. FIN
Bernadette AYIBE/Rédaction