Élie, 13 ans, a élu domicile dans la rue depuis 3 ans. Cet orphelin de père et de mère fréquemment battu par sa tante, a décidé de se livrer à lui-même.
« Je ne pouvais plus supporter cette souffrance. Un jour, j’ai décidé de quitter la maison et je me suis retrouvé dans la rue. Depuis lors, je me débrouille », a raconté ce petit, rencontré non loin de la plage de Lomé, au milieu d’un groupe d’enfants de rue.
Portefaix des grands marchés de Lomé ou nettoyeurs de pare-brise aux grands carrefours et aux feux tricolores, ils sont nombreux ces enfants sans domicile, communément appelés « enfants de rue ». D’autres ne mènent aucune activité et mendient à longueur de journée dans la rue. Certains parcourent des dépotoirs d’ordures à la recherche de ferraille.
Depuis l’avènement du nouveau coronavirus, plusieurs mesures sont prises, allant jusqu’à des restrictions sévères : situation qui rend plus difficile, la vie de ces enfants de rues.
Halsa international, une association humanitaire qui travaille depuis 2014 avec ces enfants, suit la situation et veille au grain.
Depuis le début de la pandémie au Togo, la période du couvre-feu fut la période la plus difficile des enfants de rue, a souligné Kevin Fiashinou (Directeur exécutif de Hälsa International-Togo).
Début avril, le gouvernement avait pris une série de mesures dont le couvre-feu, la fermeture des frontières et des lieux de cultes, pour freiner la propagation du virus.
– Plus de 7.000 enfants de rues au Togo –
On compte plus de 7.000 enfants de rues (dont 1800 filles ) — âgés pour la plupart de 8 à 14 ans — au Togo, selon les statistiques de Hälsa International-Togo.
« Beaucoup n’ont pas de parents, pas de famille, pas de maison, pas de centre d’accueil : ils n’ont que la rue. Chaque année, la rue accueille entre 100 à 150 enfants en plus de ceux qui y vivaient déjà ».
« Les premières mesures prises par l’autorité ont été fatales pour nous, notamment le couvre-feu. Nous avons enregistré au moins 126 cas d’enfants victimes de violences policières pendant cette période. Il fallait donc les soigner, les accompagner », a expliqué M. Fiashinou, soulignant que cette situation a bouleversé les repères, car les enfants étaient obligés de changer de lieux.
Dans de telles conditions, il est difficile de respecter la distanciation physique, car ils ne partagent que de petits endroits qui leur servent de dortoir.
Et pour les soutenir dans le respect des gestes barrières, l’Ong met à leur disposition, des habits de rechange, afin qu’ils puissent régulièrement se changer puis laver leurs habits, ce qui réduit le risque.
« De plus, nous avons un mécanisme de veille sanitaire : des infirmiers qui, chaque jour, prennent les températures, vérifient, posent des questions, … pour voir si les enfants ont mené des activités à risque par rapport au covid19. Et si nous suspectons des cas, les autorités sont rapidement informées pour une prise en charge. Outre ces mesures, nous avons également des systèmes d’isolation. Si on soupçonne un enfant, nous avons la capacité de l’isoler jusqu’à ce que les services publics n’arrivent », a rassuré le Directeur exécutif de Hälsa International-Togo.
Notons que cette ONG a pu, grâce à ses efforts, réinsérer d’urgence une centaine d’enfants. La structure est en collaboration avec l’UNICEF pour la mise en place d’un espace d’accueil temporaire pour les enfants de rues.
« Ce centre sera équipé d’éducateurs spécialisés (y compris de psychologues), pour la riposte contre la Covid19. Il y aura des tentes pour ceux qui d’entre eux voudront y dormir. Nous avons également commencé la formation des pairs éducateurs car, les enfants ont leur propre langage et il va falloir les former afin qu’ils trouvent des mots et éléments de langage pour s’exprimer sur les mesures barrières en langage de rue », a précisé M. Fiashinou. FIN
Ambroisine MEMEDE
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